Aura by Swarovski

Cela faisait au moins deux ans qu’ils en parlaient, le voici enfin, le premier parfum du joaillier Swarovski, qui nous promet un «  floral fruité incandescent » évoquant la « pureté du cristal en fusion ». A la lecture des principales notes : litchi, tubéreuse, baie rose, ambre, benjoin, musc, etc... on peut s’attendre à tout et n’importe quoi, mais sans trop de risque, à un truc dans la lignée des récents succès commerciaux.
La note de litchi en ouverture est plutôt réussie, dans le genre évocation de cocktail au saké (le fameux apéritif maison offert dans tout chinois de quartier qui se respecte), avec une dimension métallique et soufrée à vous en faire grincer les dents, et accompagnée d’un poivre rose assez piquant à la Pleasures, qui tente d’équilibrer le côté sirupeux.
Mais très vite se profile le trop attendu schéma gagnant de la parfumerie mainstream, l’équivalent des mensurations de rêve d’un succès commercial, ce typique accord floral boisé, enrobé de muscs, de vanille, de notes balsamiques et même d’une pointe de praline. Avec le litchi qui traîne encore dans les parages, on n’est pas loin du patchoufruit, et cette tournure est à la fois si décevante, et tellement prévisible, qu’on n’en attend plus grand chose à ce stade là.
Il faut encore patienter quelques heures avant que les éléments désagréables ne se dispersent pour laisser sur la peau un fond chypré musqué plus classique, qui deviendrait presque agréable, s’il n’était pas autant aseptisé, javellisé, maniéré, tellement enrobé par des artifices aguicheurs et inutiles qu’il en est gâché. On en devinerait presque que l’idée de départ a dû être jolie, mais après deux années de liftings, de liposuccion et de remodelage, hélas, il n’en reste plus grand chose...
Un peu comme une jolie jeune fille qui, manquant de confiance en elle, s’enlaidirait involontairement à coup de chirurgie plastique, de maquillage criard, de bijoux clinquants et de décolleté trop plongeant... alors qu’elle pourrait être juste belle au naturel.
Et en parlant d’habillage, encore un flacon qui, même s’il a beau vouloir évoquer « la grâce de la lumière », ressemble juste à un rouge à lèvres géant qui aurait été dessiné par le même designer que les parfums Mugler.