Akro, un parfum de dépendance

par Laure Pivot, le 30 septembre 2018

Le parfumeur Olivier Cresp lance sa propre marque de parfums, Akro, avec six créations qui revendiquent la dépendance et l’addiction.

Parfumeur chez Firmenich, Olivier Cresp est connu pour ses parfums Angel de Mugler, Noa de Cacharel, Light Blue de Dolce & Gabanna ou encore Champs-Elysées de Guerlain. Il s’est entouré de sa fille Anaïs, architecte et londonienne d’adoption, et du britannique Jack Miskelly, ambassadeur et porte-parole de la marque, pour créer Akro, à la croisée de l’« élégance désinvolte » et savoir-faire parisiens avec la ville de la provocation - Londres - « sans complexe ni limites ».

Akro revendique une « parfumerie obsessionnelle » et des « jus transgressifs qui rendent dépendants », à travers des ingrédients « envoûtants et addictifs ». Les six parfums déclinent ainsi olfactivement les addictions les plus courantes et... les plus odorantes :

Haze, décrit comme une « volute épaisse », est un parfum inspiré du cannabis, composé de notes d’absinthe, d’armoise, d’eucalyptus, de menthe verte et de sauge sclarée.

Awake, qui revisite l’odeur du grain de café, « trouve sa puissance dans les senteurs amères » pour se concentrer sur l’odeur addictive d’un expresso, composée de café Santos, de cardamome verte, de citron d’Italie et de vétiver d’Haïti.

Smoke traduit le plaisir de la première bouffée de cigarette, « celui qui se consume aussi vite qu’il naît ». Aux feuilles de tabac des Balkans et d’un accord nicotine sont mêlés le bois de cade, le benjoin et la fève Tonka pour reconstituer ce moment de plaisir éphémère.

Dark est une addiction gustative, qui « emprunte au chocolat ses facettes les plus séduisantes pour jouer avec les émotions ». Il se compose de cacao, de chocolat noir, de cannelle, de noisette et de vanille.

Malt, ou la tentation des « vapeurs de l’alcool », et de l’ivresse causée par une liqueur délicate, composée de whisky, rhum, cuir, algue et patchouli.

Night, enfin, illustre les plaisirs de la chair, la satisfaction de « sentir le corps frémir, la sueur perler », retranscrite par des notes de rose bulgare, de cumin, de safran et d’agaroud.

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Eau de parfum, 140 euros/100 ml, discovery kit 25 euros/6 x 2,5ml

Premières impressions

Autant le concept peut laisser dubitatif (depuis quand l’addiction, c’est cool ?), autant les parfums prouvent qu’un parfumeur de talent emmené dans une stimulation créative sans trop contraintes de formatage (vas-y, fais-toi plaisir !), ça fonctionne plutôt bien.
Les transcriptions des « substances » en parfum, loin d’être de simples reconstitutions littérales, aboutissent à des créations certes parfois un peu déjà vues, mais avec une profondeur, une qualité olfactive et une complexité qui prouvent le potentiel d’Olvier Cresp pour produire autre chose que des blockbusters calibrés.
Coup de cœur pour Haze, un cannabis réaliste, aromatique, vert, étrange et intrigant mais suffisamment construit et réinterprété pour constituer un vrai boisé facetté et évolutif. Malt et Smoke, déclinaisons de whisky et de tabac, sont pas mal non plus, même si plus attendus, et Night, le plus classique et féminin de tous, évoque des draps blancs avec des aldéhydes poudrés à la White Linen, dans une version très revisitée.