Auparfum

"J’ai ce mot sur le bout du nez", ou pourquoi il est si compliqué de parler des odeurs

par Thomas Dominguès (Opium), le 22 novembre 2014

"Ça sent bon !", "C’est frais !", sont souvent les seuls qualificatifs qu’on se croit capable d’exprimer pour montrer notre satisfaction face à une odeur, surtout lorsque l’on est encore débutant, mais pas que. D’ailleurs, on constatera, dans le deuxième exemple, que "frais" signifie en réalité "bon" et non quelque chose ayant à voir avec une température, son sens commun.
De même, "Ça sent fort !" reflète la plupart du temps, non la puissance d’un parfum, mais plutôt qu’il n’est pas apprécié par celle ou celui qui le déclare.

Dans un article datant de mardi dernier intitulé « Des Odeurs, mais pas les Mots », le quotidien Direct Matin a rapporté des expériences menées par des chercheurs afin d’essayer de mieux décrypter certaines des raisons qui pourraient expliquer pourquoi il est si difficile de parler des odeurs.

Ainsi, selon un article du magazine Wired intitulé « What’s Up With That : Why Are Smells So Difficult to Describe in Words ? », des chercheurs ont amorcé une réponse à cette épineuse question.

Nous sommes heureux de partager leur tentative de réponses ici. En effet, si Auparfum ne s’intéresse pas spécifiquement aux raisons pour lesquelles il est si difficile de mettre des mots sur des odeurs (foi de rédacteur !), notre magazine tâche toutefois, entre autres choses, d’apporter quelques éléments qui permettent de sortir de ce simple "J’aime/Je n’aime pas" qui caractérise souvent les mots qui viennent à l’esprit dès lors que l’on entreprend de décrire des parfums.

Nous laissons aux lecteurs curieux le soin d’aller scruter l’article concerné.
Bonne lecture !

Image : WIRED

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Neo

par Neo, le 23 novembre 2014 à 10:40

Bonjour, j’aurais tendance à dire que le terme "frais" représente beaucoup l’évocation hespéridée, florale ou marine d’un parfum chez les gens, en passant derrière eux en boutique sentir le même on peut souvent le constater et lorsque "ça sent pas bon ou trop fort" pour ne pas dire "entêtant" employé la plupart du temps, les mêmes côtés reviennent souvent, notes animales, épices soutenues, bois ambrés et sucres overdosés, assez drôle comme expérience mais selon moi ça reflète bien la réalité. Lorsque que l’on tombe sur un parfum bien équilibré de la tête au fond, là ça devient beaucoup plus compliquer d’exprimer son ressenti, on reste souvent bouche bée à sentir et ressentir le parfum le nez collé dessus, à essayer de décrypter le message caché, à imager plutôt qu’à formuler ses sentiments. Dans ce cas les nez aguerris peuvent plus facilement faire référence à quelque chose que le commun des mortels, c’est bien là toute notre frustration...

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par Opium, le 23 novembre 2014 à 21:11

Bonsoir Neo.

Les hespéridés, peut-être car il s’agit de fruits, d’agrumes que tout le monde connaît et avec une perception positive (énergie, éveil du matin...) ne se sont pas laissés (dé)passer de mode en dehors de quelques jeunes hommes pour qui, car cela n’est pas fonctionnel avec une odeur habituelle quotidienne de déodorant, trouvent quand même parfois que cela "sent le vieux".
Donc, en dehors de cet exception, il n’est pas vraiment étonnant que les agrumes / hespéridés soient considérés comme "frais" au sens de "bons". Il n’y a qu’en Asie où les notes vives dérangent et agressent. D’où, en partie, un Bleu et un Chance au démarrage en lenteur, presque éteint, pour ne pas incommoder.

Les notes que vous décrivez comme "fortes", le sont effectivement, et donc clivent, d’où leur rejet par ce "ça sent fort" qui exprime davantage un commentaire lié à la non-appréciation qu’à la puissance ressentie en tant que telle ; ce qui gêne est la puissance en quantité, qui rend possible la détection et le rejet de la qualité.

Rarement, mais cela arrive, on peut entendre un "C’est frais !" à propos d’Angel ! ;-)

Marquer l’adhésion ou le rejet est bien la réaction la plus facile pour qui n’a pas les mots adéquats et le vocabulaire ou les connaissances. Mais, cela arrive aussi très souvent aux plus aguerris, le moindre coup de fatigue diminue les ressentis et les impressions, leurs retranscriptions deviennent alors aussi confuses que leurs perceptions.

Merci pour votre commentaire.
Opium

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par Neo, le 24 novembre 2014 à 00:35

Bonsoir Opium, c’est intéressant que vous souligniez le fait que certains jeunes sont incommodés par les hespéridés, car même s’ils sont employés la majorité du temps dans les notes de tête pour souligner une ouverture fraîche, ils peuvent effectivement évoquer suivant comment les agrumes sont travaillés un ton plus classique avec l’ajout de différentes matières, je pense par exemple à l’orange douce qui donne un côté classique et même un peu sombre une fois mélangée à de la bergamote, du citron et de la lavande par exemple. Dans les déo je pense que c’est l’utilisation massive de coumarine qui plait aux ados, ce côté frais qui reste looongtemps, mais certaines matières synthétiques employées doivent apporter un liant dans la fabrication pour perdurer cet effet, vous devriez en savoir plus sur le sujet que moi... Pour Bleu, je ne sais pas si vos propos s’adressent qu’au marché asiatique, mais chaque fois que je l’ai porté à mon nez, j’ai eu du mal à trouver l’ouverture fraiche que j’attendais les premiers instants et ce sans quitter l’hexagone... Pour moi il reste quelconque et sans surprise. Par contre vous m’étonnez pour Angel ! On peut lui trouver un côté "frais" au sens propre mais pour moi la scène se passerait lors d’une journée d’automne ou hivernale bien froide, là ou il prend toute son ampleur et se dévoile comme les meilleurs orientaux d’ailleurs... Angel est le premier parfum dont je suis tombé amoureux, celui auquel je fais référence sans cesse lorsque j’évoque mon adolescence, mon premier amour qui le portait majestueusement malgré ses 16 ans, je le connais depuis plus de 15 ans et l’admire toujours autant malgré les années qui passent, il reste toujours aussi magnétique, puissant et emblématique. Enfin, vous terminez sur quelque chose de très intéressant, le ressenti d’un nez suivant la biologie de son corps, s’imaginer qu’en réalité d’un jour à l’autre le même nez peut trouver des différences à un parfum suivant l’état physiologique dans lequel il se trouve, c’est stupéfiant ! Les plus grands parfums peuvent donc avoir été créés sans vraiment le vouloir à la base, juste parce-que ce jour là sur un coup de fatigue, il fallait rajouter une matière parce-qu’on sentait moins l’essence que la veille, et l’exceptionnel est né...! Chanel n°5 en est peut-être un des tous premiers exemples...

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par Neo, le 27 novembre 2014 à 12:49

Bonjour Opium, j’ai pensé à vous hier car j’ai lu une anecdote sur le site internet de l’Express assez marrante sur la création de l’accord amaretto dans L’Homme Idéal. Il a en effet été créé un peu "par hasard" par Thierry Wasser, je m’explique : Thierry Wasser recherchait le défaut de la qualité de l’amande : son franc-parler. Voici ce qu’il en dit : "Elle est pénible à vivre, car elle a besoin d’être calmée par la fleur d’oranger. Mais je n’ai rien inventé, j’ai piqué l’amande qui se trouve dans Jicky, créé en 1889. Elle m’a sauté au nez un mercredi où j’assistais à sa distillation. Pourquoi ai-je eu ce jour-là un tel choc olfactif, alors que je la sens par centaines de kilos chaque semaine ? Je ne le sais pas moi-même !" Comme quoi, vous avez bien raison, parfois même chez les nez les plus aguerris, une odeur particulière, un jour comme les autres, peut venir tout boulverser dans une création ! Bonne journée !

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par Opium, le 28 novembre 2014 à 12:36

Bonjour Neo.

Merci pour cette anecdote.
Vous devriez, dans les prochaines semaines, comme une sorte de cadeau de Noël, retrouver certains protagonistes pour le tour final de la Saga (de cet été, en hiver, oui oui ! ^^) pour un rendez-vous à trois, dont Thierry Wasser qui nous avait à peu près rapporté les propos que vous relatez. #teasing

Bonne journée.
Opium

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par Neo, le 28 novembre 2014 à 17:35

Bonjour Opium,

Super nouvelle il me tarde de voir l’interview ! J’espère y découvrir comment il appréhende le futur chez Guerlain et s’il prévoit d’autres sorties masculines ces prochaines années, les tendances etc... J’ai hâte ! Merci :-)

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par Opium, le 2 décembre 2014 à 20:12

Bonsoir Neo.

L’entretien est passionnant.
Mais, nous avons davantage parlé du passé que du futur, domaine auquel nous n’aurions eu que peu accès probablement de toutes façons, ce genre de développements étant plutôt secrets. Toutefois, quelques aspects seront développés à propos de ce qu’a été Guerlain, ce que c’est aujourd’hui et ce que cela pourrait être.
Toutefois, l’entretien est inclus dans la Saga de l’été, il en conserve donc logiquement l’esprit. ;-)

Bonne soirée.
Opium

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par Neo, le 2 décembre 2014 à 20:20

Bonsoir Opium, c’est noté pour l’info merci ! :-)

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