Auparfum

La Commission européenne laisse respirer les parfums (et nous aussi...)

par Thomas Dominguès (Opium), le 29 mai 2014

Si l’Union Européenne a connu quelques vibrations ce dimanche 25 mai au soir, ses représentants en charge du dossier des allergènes dans les parfums ont proposé des mesures modérées évitant à la parfumerie de tanguer aussi violemment qu’on pouvait le craindre.

Selon des sources de Reuters dont diverses publications dans la presse se sont fait l’écho depuis quelques jours, les mesures prises, si elles sont fermes, ne sont en effet pas aussi catastrophiques que redouté depuis quelques mois.

Les propositions de la Commission devraient être adoptées, sous forme d’un amendement au règlement cosmétique, d’ici la fin 2014.

Neuf ingrédients qui étaient menacés (et qui composaient la plupart des naturels essentiels à la parfumerie, depuis la fève tonka, la rose et l’ylang jusqu’à la mandarine ou au citron) ont été sauvés et il est probable que la méthodologie des tests à l’avenir soit revue, afin de pratiquer les évaluations sur des personnes non-allergiques (alors que, jusqu’à maintenant, étaient testées des personnes déjà allergiques).

Ainsi, Boursorama, Capital et La Tribune précisent tous trois : « En préconisant d’interdire deux molécules présentes dans les extraits de mousse de chêne [atranol et chloratranol] ainsi que l’extrait synthétique de muguet (HICC) [également connu sous le nom de "Lyral"], elle est allée beaucoup moins loin que ce que prônait le comité scientifique, à savoir l’interdiction pure et simple de ces mousses qui apportent aux jus leurs notes boisées et permettent de les fixer dans le temps. » Les mousses, si les molécules incriminées sont supprimées, pourront donc encore être utilisées. (Le ton des titres publiés est souvent plus alarmiste que le contenu qui se révèle, au final, plutôt rassurant.)

Si chez Hermès, Dior et Guerlain, on s’est refusé à tout commentaire, « le groupe LVMH s’est quant à lui félicité d’une approche qui "garantit la sécurité des consommateurs et préserve l’héritage olfactif européen" ».

[A titre d’information : Depuis quelques mois, circulaient des rumeurs allant dans le sens de la suppression presque certaine des trois molécules finalement interdites. D’où des mesures déjà prises par la plupart des grands groupes allant dans ce sens. De ce fait, les changements, anticipés, pourraient ne plus être aussi importants à propos de ces mesures.
Le scénario qui a été choisi correspond à l’hypothèse dont les bruits de couloir circulaient qui était la moins impactante. On peut donc être plutôt soulagés.]

Le risque olfactif, c’est à dire les modifications de formules trop flagrantes qui auraient pu être perçues et avoir un impact sur les ventes, est un argument qui semble avoir joué.
En effet, dans un marché « estimé à environ 36 milliards de dollars en 2013, dont 19,3 milliards pour les jus haut de gamme et 16,8 milliards pour les parfums de grande diffusion, selon les chiffres d’Euromonitor », on comprend que l’impact économique ait pu jouer un certain rôle.

Dans le cadre de l’information du consommateur, différentes hypothèses sont encore en cours d’élaboration.
« La future réglementation entend aussi davantage alerter les consommateurs des risques d’allergies potentielles en portant de 26 à 82 le nombre d’ingrédients devant faire l’objet d’une information du public.
La forme que prendra cette information n’a pas encore été tranchée et a fait l’objet de nombreux avis lors d’une consultation publique qui s’est achevée le 14 mai et dont les résultats devraient être publiés d’ici le mois de juillet.
Plusieurs pistes sont à l’étude, comme le renvoi vers des sites internet pour éviter d’illisibles et pléthoriques listes sur les boites et les étiquettes des produits.
 »

Il apparaît que les membres de la Commission Européenne en charge de ce dossier ont, semble-t-il, été réceptifs aux arguments responsables et mesurés de certains interlocuteurs. Je crois que nous pouvons être assez satisfaits.

Si tout n’est pas idéal, au moins, la mise à mort de la parfumerie aura été évitée cette fois.

Merci à toutes les personnes qui ont signé la pétition qui avait été mise à disposition. Peut-être cela a-t-il eu quelque utilité.

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zab63

par zab63, le 29 mai 2014 à 20:15

Vive l’odorat !

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par Opium, le 2 juin 2014 à 14:21

Salut Zab63.
Oui, "Vive l’odorat !" et qu’on lui permette de vivre longtemps au travers de ces jolis objets (tant qu’ils ne sont, bien entendu, pas dangereux pour soi et pour autrui... ^^) que sont les parfums !
Ce message, globalement, semble avoir été bien perçu.
C’est la première fois, soyons-en assez contents.
"Touchons de l’œillet" pour que la situation reste stable au mieux. ;-)
Vive l’odorat !
Opium

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