Le Journal d’un parfumeur

Dans son Journal d’un Parfumeur Jean-Claude Ellena offre une approche intimiste de son travail et de son art. En tant qu’artiste et passionné, il a voulu écrire sur la composition (l’écriture) des parfums afin de faire comprendre un peu mieux ce qu’est réellement le métier de parfumeur, estimant son art mal compris et méconnu.

Dans ce journal de bord, le parfumeur nous livre une année de sa vie (du 29 octobre 2009 au 13 octobre 2010), s’attachant aussi bien à décrire ses activités créatrices, que ses sources d’inspirations, ses rencontres, ses voyages et toutes les idées qui traversent furtivement ou plus durablement son esprit.

Nous pénétrons ainsi dans son atelier de Cabris ou bien nous l’accompagnons en Italie auprès d’un producteur d’essence de bergamote. Nous suivons, curieux, l’évolution de cette idée de « poire » qui semble lui donner tant de fil à retordre et nous apprenons comment fut baptisé l’hermessence Iris Ukiyo-e.

L’écriture du parfumeur est limpide, concise, tout comme ses parfums qu’il préfère « simples ». Sa spontanéité témoigne également d’instants réflexifs, par exemple sur la nature de la création d’un parfum et sa propre conception du métier : « Si, traditionnellement, le parfumeur est comparé à un compositeur de musique, je me suis toujours senti écrivain d’odeurs. [...] L’odeur est un mot. Le parfum est la littérature ».

La lecture de ce journal révèle un homme non seulement passionné, mais également sensible à la beauté de la nature et à l’art en général. Il se révèle cultivé et intéressé par toutes les formes de la création, de la peinture à la littérature. On retient notamment son attachement à Jean Giono avec lequel il partage l’amour de la Provence. « Ses pages sur La Littérature sont en résonance avec ma façon d’« écrire » les parfums » dit-il aussi à son sujet.

Le journal de Jean-Claude Ellena se termine sur un Abrégé d’odeurs comportant dix-huit esquisses de recettes d’illusions olfactives : il y explique comment reproduire l’odeur du chocolat, de la cerise, de la barbe à papa ou de la pomme en associant quelques matières naturelles et synthétique. Cette annexe complète les bribes de réflexions esquissées dans le journal à propos de la création d’odeurs artificielles et l’utilisation de produits de synthèse. Cela permet en outre de mieux comprendre la complexité de la création à laquelle s’adonnent les parfumeurs et, tout comme l’ensemble du livre, de sensibiliser le lecteur à ce qui est un art à part entière, d’une difficulté rare du fait de l’aspect évanescent et intangible de la matière première de création : l’odeur.

Un livre tout en sensibilité et en nuances, d’une pédagogie indéniablement efficace, à lire à l’ombre d’un poirier...

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Le Journal d’un Parfumeur, Jean-Claude Ellena
Editions Le Livre de Poche
Parution le 9 mai 2012.
Prix : 6,10 €

Journal d’un parfumeur : Suivi d’un abrégé d’odeurs, 17,25 €