Auparfum

Parfums masculins : changement d’axe

par Jeanne Doré, le 26 septembre 2013

D’après les nombreuses réactions à la publication de la critique d’Invictus cet été, ainsi que les "nouveaux visiteurs" venus faire entendre leur voix (enfin, leur "bruit"...), on peut dire que cette nouveauté n’a pas laissé indifférents les passionnés (de parfum, comme de drague...)
Il s’est vraiment passé quelque chose dans la parfumerie masculine avec ce lancement et ce changement n’est pas uniquement lié à sa communication ni à sa publicité, même si elles sont primordiales.

Le virage a bien sûr été amorcé avec le désormais leader mondial 1 Million, qui bien qu’olfactivement situé dans une relative continuité avec des piliers du marché, avait bâti son triomphe grâce à une campagne de pub en rupture totale, dont le bling bling n’avait jamais été autant décomplexé, surtout en période de crise.

Pour comprendre le chemin suivi par Paco Rabanne, il faut revenir sur ce qu’il s’est passé sur la scène internationale parfumée depuis une dizaine d’années, et pas uniquement dans les rayons des Sephoras mais aussi ceux des hypermarchés... En particulier LA marque dont le succès ne cesse de croître dans tous les recoins du monde : Axe.

Retour aux sources

Revenons aux sources de ce fleuron du groupe Unilever (qui, rappelons-le, a cédé toutes ses marques de parfumerie “de luxe” il y a maintenant quelques années, notamment au groupe Coty).

Lancé au début des années 80, avec des campagnes dont tout le monde se souvient, même quand on n’était pas né : « Axe, laissez le charme agir... » à base de lunettes qui tombent, et de femmes hypnotisées par des hommes diffusant leur virilité à l’aide de puissantes fougères chargées en testostérone (Axe Musk, le seul à avoir survécu à cette époque, est une copie de Brut ; Axe Marine, un Azzaro revisité).

Au fil des années, Axe a continué de puiser dans les succès de la parfumerie de luxe ses inspirations, rarement déguisées, souvent assumées, et sans grand risque d’accusation de plagiat puisque confiné dans le cercle de la grande distribution, travaillé à des prix inférieurs à la plupart des parfums d’origine (enfin, en théorie...) et surtout à un dosage quasiment 10 fois inférieur (mais cependant compensé par le gaz propulseur faisant office de "booster" à l’application.)

Au début des années 2000, Axe semble s’essouffler un peu avec son image "cheap" de parfum de supermarché, et peine à s’exporter dans les pays à forte croissance. Survient alors le miracle Dark Temptation, sa fameuse note chocolat, et sa pub inoubliable. carton interplanétaire, la cible est rajeunie et l’image modernisée instantanément.
Ce succès a ensuite été relayé par Provoke (et sa note gourmande coco), Anarchy (inspiré par 1 Million), amplifié par une stratégie marketing implacable et des campagnes de plus en plus grandiloquentes, jusqu’à vous envoyer dans l’espace avec le dernier Appollo (clone de Fierce ).

Les nouveaux codes

Depuis cette conquête fulgurante des plus jeunes consommateurs dans quasiment tous les pays du monde, (on achète son premier Axe vers 12 ans...) les marques de parfums ont peu à peu daigné lorgner sur cette "marque de déo "qui leur volait leurs parts de marché, afin de comprendre les codes de cette nouvelle parfumerie.
C’est quoi un parfum Axe ? C’est déjà un lancement mondial chaque année, concocté entre les équipes marketing d’Unilever, la consultante Ann Gottlieb (parfois auto-proclamée parfumeur, elle officie aussi pour Calvin Klein et Marc Jacobs...) et les parfumeurs de quelques grandes maisons de parfum, les mêmes qui travaillent pour toutes les marques de parfumerie de luxe, entre Paris et New York.

Tirant généralement son inspiration d’un des derniers grands succès masculins du moment, le parfum sélectionné est trituré, déformé, étiré dans tous les sens par les parfumeurs de manière à ce qu’il procure un maximum de puissance et d’impact, à un dosage et un prix bien moindres qu’une eau de toilette...

Résultat quasi généralisé : des notes de tête toujours ultra fraîches, poussées à l’extrême, aromatiques, aqueuses, fruitées, vertes, voire un peu hespéridées (parce que Axe c’est un déo, il faut que ça sente frais) puis immédiatement, un fond principalement très boisé, notamment ces fameuses notes synthétiques "qui piquent", enrobé de notes orientales, ambrées, vanillées, qui donne un maximum de ténacité sur la peau (parce que pour beaucoup, Axe c’est aussi un parfum, il faut que ça tienne). Parfum immédiat, linéaire, surpuissant.

Ça vous rappelle quelque chose ?...

Calibrer pour gagner

Et bien oui, comme certains l’avaient intuitivement relevé, Invictus est bien un parfum calibré comme un Axe, une parfumerie qui matraque, abusant d’une structure caricaturale poussée aux deux extrémités, où le surdosage en certains éléments synthétiques est devenu la règle d’or, et qui est en train de devenir malheureusement un nouvel archétype de la parfumerie masculine.

Cependant, de la même manière que les fougères ancrées dans les années 70 et 80, sont peu à peu devenues complètement ringardes après les années 90, quand apparaissaient des nouveaux types d’orientaux, une nouvelle transparence abstraite ou plus tard, les boisés néo-classiques, la “parfumerie à la Axe” constituant un des gros marqueurs des années 2010, elle sera forcément à son tour un beau jour démodée et ringardisée. Parions que notre descendance sentira Invictus dans quelques décennies en gloussant " rooo... C’est so 2013 !"

Pour conclure sur un parallèle pileux, disons que la fougère est devenue en quelque sorte la moustache des années 70 : après avoir incarné le beauf dans toute sa splendeur dans les années 90, elle jouit désormais d’une image hype et décalée auprès des jeunes branchés. Porter une fougère poudrée, florale, ou orientale qui sent le papi constitue un vrai snobisme de perfumista.

En revanche, le “parfum à la Axe” pourrait, lui, être aujourd’hui assimilé au bouc : ceux qui le portent sont persuadés que c’est cool et jeune, alors qu’en réalité c’est le comble de la plouc-itude. Désolée pour nos lecteurs qui arborent avec fierté cet ornement pileux, mais soyons honnêtes, ce n’est plus possible, rasez-vous ou laissez-vous pousser la barbe ! (cela compte aussi pour toi, Brad Pitt)

Et si en plus vous aimez Invictus, alors là je ne sais plus quoi vous dire...

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par Tevic, le 9 avril 2017 à 07:40

Bonjour, au sujet de la marque Axe, je pense qu’il n’y a pas que du mauvais. L’after-shave "Marine", qui nous vient tout droit des années 80, est de bon goût (bon c’est dans la lignée d’Aqua Velva, mais ça j’aime bien aussi).

Et surtout, deux eaux de toilettes récentes de Axe m’ont beaucoup étonné par leur qualité et leur naturel :

Tobacco & Amber et Oud Wood & Dark Vanilla. J’aime surtout le premier. Si vous testez ça en supermarché, portez attention sur la qualité de la vanille, tout à fait étonnante. Cette vanille est très naturelle et sent délicieusement bon.

Je pense que c’est une tentative de Axe de faire un succédané de "niche" à 10 € et ça me semble réussi.

(pour info j’ai lu que les parfums Zara étaient aussi intéressants et orientés "comme ceux de niche" mais je n’ai pas encore eu l’occasion de les tester).

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par tiffy, le 6 décembre 2013 à 12:17

Tout a été dit sur les "qualités" d’Axe, je ne m’étendrai donc pas là-dessus. Néanmoins, il me semble que ce produit ont au moins deux excuses.

La première, c’est que tout le monde ne peut pas acheter des parfums dits "de luxe". Beaucoup de gens ont mieux à faire avec 50 euros que d’acheter un flacon de 50ml de parfum. Et sans compter les moyens financiers, il y a aussi l’obstacle de l’appréciation du parfum. Beaucoup de parfums hauts de gamme ne peuvent être appréciés que si l’on est déjà habitués à ce type de créations, ce qui requiert - on en revient au point de départ - un certain investissement en temps et en argent. On ne passe pas d’un coup de baguette magique du rap à Beethoven, du manga à Proust ou du chat sur le calendrier des postes à Kandinsky. Il y a donc une large clientèle qui recherche des parfums accessibles dans tous les sens du terme. Et plutôt que de critiquer cette clientèle, il me semblerait préférable de l’éduquer. Dans nos écoles on donne - ou tente de donner - quelques bases de connaissance de l’art à tous les élèves (musique, peinture, sculpture, ...) pourquoi ne pas rajouter quelques bases sur le parfum ? Les cuisiniers ont lancé la semaine du goût, pourquoi les parfumeurs n’en feraient-ils pas autant ?

La deuxième excuse à l’existence de ce parfum, c’est qu’il ne fait que grossir le trait de beaucoup de parfums mainstream (voire niche). Il reprend, en les exagérant, les senteurs à la mode présentes dans beaucoup de parfums mainstream, et ils utilisent les mêmes ressorts marketing.
Les mêmes ressorts marketing : un parfum d’homme, c’est soit un parfum de sportif/aventurier, soit un parfum pour faire tomber les gonzesses. Parfois les deux. Car entre une parfumerie dite "de luxe" qui vend son parfum en filmant un homme en costume, dans un environnement luxueux, qui séduit une magnifique créature habillée par un grand couturier et une parfumerie de supermarché qui vend son parfum en faisant littéralement pleuvoir des filles en bikini, laquelle est la plus vulgaire ?
Les mêmes senteurs : là aussi, qui est le moins imaginatif ? Axe en reprenant les notes gourmandes de certains parfums de luxe ou le parfumeur mainstream (ou même niche) qui nous sort le millième oud ou iris de l’année ?

Invictus est presque dans le même cas, à la différence qu’il est au prix d’un haut de gamme. Il faut s’appeler Paco Rabanne pour oser ça !

Le succès de cette parfumerie masculine bas de gamme repose donc en partie sur l’inanité du marketing de la parfumerie dite "haut de gamme" et sur son absence trop fréquente de réelle créativité. Le manque de culture olfactive d’une large partie de la population fait le reste.

Ceci dit, heureusement, certains parfumeurs sont encore capables de nous offrir de belles surprises de temps en temps. Enfin, offrir n’est peut-être pas le terme approprié :).

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AdRem

par AdRem, le 9 octobre 2013 à 16:32

"Pour que la composition ait une valeur artistique il faut et il suffit que ses constituants soient délibérément choisis et proportionnés de telle manière qu’ils se conjuguent significativement pour donner une forme spécifique, donc, reconnaissable, intéressante et harmonieuse. Ce sont toutes ces exigences qui satisfaites feront d’un mélange un parfum et du parfum une oeuvre d’art."

Edmond Roudnitska, Le Parfum
C.Q.F.D :) (toujours mieux d’écouter Dieu que ses Saints....Sa Voix a plus de Vérité que tout nos longs discours ^^ )


 

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Le Nez Bavard

par Le Nez Bavard, le 8 octobre 2013 à 11:36

Bonjour Tubéreuse et AdRem,

Je vais tenter de vous répondre ici, par rapport à ma position sur le travail du parfumeur, suite à la discussion sur les droits d’auteurs notamment.
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Je me suis faite prendre au piège je pense, ça m’apprendra. Toujours nuancer et rappeler le contexte lorsque l’on veut se faire comprendre : mon propos, quand il s’agit de qualifier le travail des parfumeurs, n’est pas de rabaisser la faculté de ceux-ci à rêver, à imaginer, à créer tout simplement. Vous avez tout à fait raison lorsque vous parler des grands peintres qui réalisaient des commandes pour le compte de clients prestigieux. C’est le cas aussi en musique, en architecture ou en sculpture depuis bien longtemps. Le problème pour moi, vient encore du fait que l’art du parfum n’en est pas au même stade que les autres aujourd’hui. Lorsque Picasso recevait une commande, le client avait conscience de faire appel à un artiste, et je pense que très rares ont été les fois où il lui a été demandé de recommencer son tableau (probablement y avait-il plusieurs croquis auparavant pour valider l’idée générale, mais je ne sais pas combien) Cela dit, je n’en sais trop rien car je ne suis malheureusement pas assez connaisseuse en peinture. Cela dit, je ne crois pas raconter trop d’inepties en disant que de façon générale, le rapport de force entre commanditaire / exécutant (et artiste !) dans les cas évoqués plus haut, était beaucoup plus équilibré qu’il ne l’est en parfumerie de nos jours. Qu’en est-il pour le parfumeur donc ?
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Je ne pense pas me tromper en disant qu’un client qui se présente avec un brief (ou pas en effet ;-) ) chez Givaudan ou Firmenich ou autres, n’a pas toujours conscience de faire appel à des artistes qui, rappelons-le, ne se considèrent pas tous eux-mêmes de cette manière. Les parfumeurs, une ressource fondamentale pour leurs employeurs, nous sommes parfaitement d’accord là-dessus, restent cependant des salariés subordonnés à une direction managériale qui leur demande de faire ce pour quoi ils sont très bien payés en effet : des parfums. Certes, mais faits en fonction de ce que le client demande, quelles que soient leurs aspirations personnelles et leur recherche du beau. Rappelons-nous bien, la parfumerie aujourd’hui, c’est du business ! Ce n’est pas un art, et la recherche du beau… c’est pour plus tard, ou alors c’est hors-sujet, hors des réalités très concrètes de cette industrie aujourd’hui. Dans ce cadre-là, je reste donc sur mon idée première : le parfumeur propose, le client dispose. Il exécute une demande. (Et vous pourriez me rétorquer que le cinéma ou la musique sont des arts et produisent pourtant aussi des produits hautement commerciaux ! Je réponds certes, mais le status de beaucoup d’intervenants est mieux reconnu et protégé, car la structure de ces milieux est plus adaptée. De plus, ceux qui aiment faire de l’art, arrivent quand même à en faire, car on leur fait un peu plus confiance lorsqu’ils proposent quelque chose !)
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C’est là où je veux rester claire : je n’ai jamais dit que les parfumeurs étaient des machines ! Ni qu’ils ne faisaient pas appel à des compétences critiques qu’ils sont les seuls à détenir ! Je dis simplement que dans l’état actuel des choses, ce métier n’est pas valorisé à sa juste valeur dans les sociétés de compositions et que ceux qui l’exercent ne sont pas entendu comme ils le devraient, par leurs directions et par leurs clients. Jeanne le disait très justement dans son commentaire, mais l’équation en revient à savoir si on veut défendre une vision du parfum autre que celle que nous renvoient les tests consommateurs, au risque de se voir écarté des projets (comme ce fut le cas pour Bertrand Duchaufour chez Symrise), ou si l’on souhaite continuer à avancer dans sa carrière.
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Alors oui, bien sûr, entendons-nous bien, tous les clients ne sont pas les mêmes, et tous les projets ne sont pas bons à jeter à la poubelle. Non ! Heureusement, sinon la parfumerie serait vraiment morte ! Je reste convaincue que la parfumerie a encore de belles choses à offrir, et continue de le faire tous les ans, pour qui sait chercher et sentir. Pour prendre un exemple concret : Christine Nagel (dont on aime ou pas le style, personnellement, j’aime bien) a sorti cette année deux parfums arrivés sur le marché le mois dernier : Si d’Armani et Elle L’Aime de Lolita Lempicka. J’ai eu l’occasion de discuter avec elle de ces 2 lancements. Avant même de vous donner son avis, il est clair qu’elle s’est probablement un peu plus éclatée à faire le dernier Lempicka que l’autre. Et cela se sent d’ailleurs assez bien lorsque l’on met les deux mouillettes côte à côte. On a d’un côté, un brief plutôt inspirant : donner une odeur à une imaginaire fleur de coco et de l’autre… honnêtement, je ne sais pas ;-) (elle ne m’en a pas parlé d’ailleurs, preuve qu’il ne devait pas être très folichon). Mais le résultat est là, chez L’Oréal (qui a une TRÈS fâcheuse tendance à multiplier ses recettes dans toutes les marques qu’elle possède), on se retrouve avec certes un départ très joli (qu’elle a bien défendu et que je lui concède) de cassis noir très réaliste, mais qui sombre ensuite sur une soupe fleurie assez indistincte et se termine sur de la vanille et du sucre. En gros : on s’ennuie. Chez Lempicka, on a une vraie idée directrice qui dirige le parfum et lui donne une vraie présence ! Après, on n’est pas obligé d’aimer, mais il y a un vrai gap entre les deux.
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Alors oui, tout dépend du client et de sa volonté. Il y a ceux qui voudront un succès immédiat, une adhésion du plus grand nombre, quitte pour cela à proposer une fragrance simpliste, sombrant dans la facilité et le primaire, dépourvue de toute émotion, mais qui sera si bien emballée et promotionnée à coups de millions avec de beaux mots/concepts/images/égérie qu’elle sera sûre de fonctionner. Il y a ceux qui ne savent ce qu’ils veulent aussi, qui sont un peu paumé, et qui sont partagé entre l’idée de faire un parfum qui a un peu de caractère, mais qui en même temps veulent s’inspirer des grands succès que l’on nous martèle en grande surface (Nocipharionaud), et dont les projets aboutissent à des hybrides sans colonne vertébrale et sans propos. Il y a enfin ceux qui ont envie d’une vraie création, d’un travail abouti, qui se tient et qui saura séduire celles et ceux qu’ils doivent séduire, sans se préoccuper de plaire à la terre entière et en se donnant le temps d’y arriver. Les derniers clients sont ceux, il me semble, qui se font les plus rares aujourd’hui. Ils étaient bien plus nombreux à l’époque de nos parents (j’ai 27 ans, disons les années 80 :)).
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On a laissé les choses aller, probablement parce qu’on ne pouvait pas prévoir ce qui se passerait, cédant à la facilité et à la vision au court-terme proprement dévastatrice et qui aujourd’hui gangrène ce domaine. Qu’est-ce la parfumerie de nos jours, si ce n’est un tout affaibli par ses enjeux contradictoires, entretenus et voulus par les grands groupes de luxe, qui ne veulent pas que la profession se fédère assez pour rééquilibrer les rapports de forces, où chacun voit midi à sa porte, et où le dogme de l’individualisme est comme partout ailleurs érigé en accomplissement suprême ? Qu’est-ce que la parfumerie si ce n’est une vieille puissance muette et désarmée, qui à force de se taire et de se laisser marcher dessus par les plus cupides, est aujourd’hui menacée par la paranoïa sécuritaire mettant en danger son univers à cause d’éruptions cutanées … ?

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Opium

par Opium, le 6 octobre 2013 à 20:07

[Je repars à partir d’ici car mon message est long, il vaut mieux prendre de l’espace en largeur...]

 

Bonsoir Tubéreuse.
Je vais tenter de rebondir à propos de vos interventions, mais aussi de celles des autres intervenants, que je remercie profondément pour leur à propos. Je vais tâcher de ne pas trop faire doublon et de suivre les fils, fort intéressants, des idées développées précédemment.

 

Préambule
Tubéreuse, merci, tout d’abord, d’avoir bien voulu répondre aux commentaires qui ont suivi votre première intervention. Celle-ci a pu paraître maladroite, c’est que sur auparfum nous tentons d’échanger, même lorsque les débats sont vifs et animés, en respectant certaines règles de cordialité et courtoisie, que ce soit lors du premier commentaire ou par la suite, qui pourraient avoir l’air un peu has been et nous faire passer pour avoir des us et habitudes désuets. Mais, je crois que cela participe à une certaine qualité des échanges que nous souhaitons voir se poursuivre sur auparfum. Et, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer avec les échanges modernes : Non, la politesse n’est pas dépassée. C’est juste le révélateur d’une certaine éducation et vie en communauté, qu’elle soit réelle ou virtuelle. Et, avec la politesse, on ne transige pas. Point.
Parmi ces règles un peu surannées peut-être, il en est une instaurée par Jeanne et à laquelle elle tient tout particulièrement qui consiste, tant que faire ce peut, à ne jamais critiquer les parfumeurs, dont on sait trop bien qu’ils sont soumis à de bien trop nombreuses contraintes qui rendent leur tâche ardue, voulant ménager la chèvre et le chou, le "business" et la dimension créative. Pas d’attaques personnelles, si les propos peuvent être virulents, qu’ils ne soient pas gratuits. Seul le travail des parfumeurs peut être "critiqué" ou, plutôt, analysé. Je préfère, de loin, ce terme. Même si nos mots, articles et commentaires peuvent être virulents, nous tenons à un respect profond du beau mais difficile métier de parfumeur. Le résultat final seul est analysé. D’ailleurs, sur auparfum, nous préférons analyser plutôt que critiquer. Poser des problèmes, tenter des raisonnements, rencontrer des impasses et des écueils, voilà ce qu’il nous arrive de faire ici.

 

Analyse
Je ne constate pas de critique sur le fond ni sur la forme de mon premier commentaire, cela me rassure un peu, même si "seules quelques" minutes ou heures ont été nécessaires.. ^^
Bah, en fait, c’est que cela a été un peu long, mais, pas seulement car mes messages, commentaires et articles ont tendance à être "un peu" longs ; mais aussi car j’ai tendance à avoir deux mains gauches et que je suis long à taper mes messages ! Effectivement, comparé au temps consacré à la réalisation d’un parfum, cela reste bien mince.
Écrire a été bien plus rapide que composer un parfum il est vrai. Mais, ce qui a été acquis pour permettre de tenter d’avoir un regard qui soit pertinent et applicable dans un texte comme celui dont il est question ici a nécessité "quelques" longues discussions, des années d’intérêt et de lectures acharnées du net surtout (à qui je dois beaucoup au travers des blogs et de ce site surtout entre autres) de nombreuses rencontres passionnantes et encore quelques tergiversations de moi avec... euh, moi-même ! ^^
En fait, en réalité, là n’est pas le problème : savoir combien de temps a été nécessaire n’a que peu à voir avec la pertinence de l’argumentation ou sa justesse. On peut écrire un essai, composer un morceau, tenter de composer un parfum et s’en sortir honorablement avec un temps et un nombre d’essais limités, et passer des mois ou des années à faire la même chose ou écrire une thèse ou un livre et, malheureusement, se planter après un labeur long et difficile. D’ailleurs, pour en revenir au domaine du parfum, si Angel, ce monstre grandiose d’innovation, a été réalisé avec un nombre d’essais importants mais méritoires, LVEB avec un nombre d’essais supérieur me laisse toujours songeur... De même, vous le dîtes et nous le savons, s’il vaut mieux avoir à sa disposition de belles matières (Iris Silver Mist, Carnal Flower et Une Fleur de Cassie n’existeraient pas sans leurs absolus naturels qui coûtent le PIB d’un petit pays d’Afrique centrale), sans talent ceux-ci ne servent à rien. On peut faire des parfums médiocres avec des produits superbes, et réussir des chefs d’œuvre avec peu de moyens. Même s’il est lassant de toujours relier l’olfaction au goût, ici, une image issue du domaine culinaire peut être intéressante : on sait que certain(e)s savent accomoder des choses simples de manière merveilleuse alors que d’autres se lancent dans des préparations élaborées dont le résultat se révèle souvent incertain. Je préfèrerai toujours un parfum vendu à un prix décent mais "qui sent cher" avec des moyens réduits agencés ingénieusement à l’inverse, un truc dont on nous bassine la qualité des matériaux "et patati et patatras !" alors que le rendu est juste "bof !".
Un élément de stratégie en période de guerre veut que l’on reconnaisse l’importance de l’impact de la cible visée à la réaction de la partie en face. Si elle réagit fortement, c’est qu’elle a été fortement touchée. A la lecture de nos échanges, j’ai bien l’impression que ces quelques réflexions à partir du texte de Jeanne ont visé plutôt juste. Alors, si on considère que j’ai rédigé plutôt vite, on pourrait appliquer ce principe : "Frapper vite, mais frapper juste !" ;-)

 

La Critique et L’Analyse
Le parfum, c’est du business. Jicky et Patrice avec Newyorker et PoivreBleu ont abordé cet aspect. Et bien, tant mieux ! La qualité très variable de ce business (pour rester pondéré et poli) sera ce qui nourrira encore un moment la critique des blogs ; le poison engendre son anti-poison. La médiocrité actuelle d’une certaine parfumerie - comparée à une autre plus ingénieuse, sincère, pas destinée aux mêmes publics - permettra de fournir des motifs de discussions. Super ! #cynique
Si tous les parfums étaient au moins bons voire excellents, on en discuterait un peu puis, lassés de répéter encore et toujours à quel point tout est beau, on devrait passer à autre chose. La qualité variable d’un objet incite au débat, aux échanges, aux argumentations et contre-argumentations. Finalement, ce sont certaines désillusions qui nourissent auparfum et les blogs consacrés aux parfums. On pourrait presque remercier le "business" de nous offrir tant d’opportunités de discuter. ;-)
Grâce au "business" et à ses règles, comme dans d’autres domaines comme la musique, des alternatives sont proposées afin de satisfaire celles et ceux qui ne s’y retrouvent pas dans ce "business". Ils ne sont pas nombreux en France encore. Mais, ils sont à peu près 20% à montrer vouloir chercher autre chose en niche en Italie. (A propos de la qualité de ses propositions, nous verrons cela plus tard.)

 

Pop Frags
Il est intéressant que vous preniez l’exemple de la musique. J’y ai pas mal pensé justement en préparant la rédaction de ce commentaire. Et, je me disais que la parfumerie était en train de connaître, finalement, une mutation équivalente à celle de la musique il y a plus de cinquante ans : une musique plus accessible, mieux distribuée, avec de nouveaux vecteurs incitant à de nouveau rythmes. L’émergence de la Pop Music il y a plusieurs décennies. Une musique qualifiée non par ses qualités, mais par le public visé, le plus grand / général possible, un public de masse, un public populaire. Ce segment n’étant plus distingué par un style de rythmes ou intruments particuliers, la qualité y est très variable, de l’excellent à l’épouvantable. Ce que l’on trouve aujourd’hui en parfumerie s’apparenterait ainsi à des "Pop Frags" à la qualité variable. Dans le même segment se trouvent différents créneaux, Madonna côtoie The XX ; MGMT, Niki Minaj ; Céline Dion, Jordi, René La Taupe (clin d’œil à Youggo ^^). Et, si Madonna c’est moins pointu que The XX ou MGMT, ce n’est pas Nicki Minaj non plus... ^^ Gangnam Style de Psy fait près de 2 milliards de vues sur YouTube, mieux que Mozart, Bach ou Beethoven et n’importe quelles Pop Stars. René La Taupe, Jordy ont été au Top des ventes de singles et Cinquante Nuances de Grey est le livre le plus vendu depuis des mois et Marc Levy est l’un des auteurs qui truste également périodiquement les meilleurs ventes de livres. Mais, à côté de ceux-ci, d’autres parviennent à se creuser un tunnel. Le pire et le meilleur, avec entre les deux une multitude infinie de strates. Eh, oui, en littérature il en va aussi ainsi, de la même façon que dans bien d’autres domaines. Ceux qui vendent le plus sont ceux qui buzzent le plus, qui font parler d’eux, et qui sont accessibles littérairement, sont accrocheurs, et apprennent à faire de la promotion ; à l’image d’une Nabil(l)a idolâtrée ou honnie (et tellement creuse qu’on ne semble même pas d’accord sur le nombre de "l" nécessaires pour écrire son prénom, mais, le sait-elle elle-même ? ! #mauvaise) mais qui devrait réussir à mettre du beurre dans ses épinards durant au moins les prochains mois (donc, peut-être plus maligne qu’il y paraît...).
Un problème selon moi subsiste entre tous ces domaines et la parfumerie. C’est que dans ce dernier cas seulement on vérifie en amont la validité de ce qui va sortir. On ne teste ni les albums de musique, ni les films, pas davantage les livres. On ne demande pas leur avis aux gens, sauf rares cas buzzés par des services marketing, sur ce qu’ils veulent écouter, lire ou voir. Le test, c’est sa sortie. En parfumerie, si, il y a des tests, car le produit est ravalé à un simple objet de consommation interchangeable et périssable à l’envi qui doit être efficient. Pourquoi pas : mais, alors, qu’on cesse d’utiliser les termes prétentieux avec lesquels on vante ces produits. "L’originalité", la "sensualité" etc ne se testent pas. Ils s’éprouvent "après coup, avec le temps.", seul juge. Qu’on arrête de nous bassiner avec des termes au mieux prétentieux au pire mensongers pour des produits évalués comme le sont des gels douche ou des boîtes de thon ! Mais, je suppose qu’il faut bien faire travailler les services de pub tant elle est LE déterminant de la réussite possible future de tout produit, quitte à devoir en faire une supercherie. "C’est l’business !"
A ce propos, abordons encore une fois le cas Invictus, mais d’une autre manière, il a bien suffisamment été glosé sur l’urne funéraire et son contenu déjà ici sur auparfum. Abordons-le comparativement avec Breat Rythm de Burberry et L’Homme Parfum Intense d’Yves Saint Laurent. Pourquoi ces trois produits ? Car ils sont produits tous trois par IFF, en partie par les mêmes parfumeurs et "qu’ils sentent IFF For Men 2013" tous trois. [Patachou™] ^^ En effet, de l’un à l’autre, on reconnaît la même trame de lavande métallisée, de fraîcheur marine visqueuse lactée encore plus métallique, de fruits vagues mais sucrés pour la "funitude" et de bois vrillants en surdose. Seule différence : L’Homme Parfum Intense semble plus sec, plus coumariné et plus fougère 80’s alors que Brit Rythm est le plus "huîtreux" et visqueux et que Invictus est le plus puissant... C’est également, très probablement, celui qui, le seul, va marcher autant. Pourquoi ? Grâce au matraquage publicitaire comparé à Breat Rythm qui affiche moins de moyens et L’Homme Parfum Intense, un flanker moins soutenu. Pourtant, il s’agit vaguement à peu près des mêmes odeurs, connaissant seulement quelques variations, et lancées à quelques mois à peine d’intervalle. La pub, seule, fera la différence entre trois produits sensiblement similaires dans l’esprit et l’idée.
Une question turlupine certains d’entre-nous et apportera peut-être un début de réflexion, Tubéreuse, quant à votre interrogation. à propos de solutions possibles (pour les parfumeurs mais pas que...) : Pourquoi ne pas lancer, quand on en a les moyens (cela n’est valable que pour de "grosses" marques avec une désirabilité forte), un parfum un poil risqué puisque, entre la notoriété d’une marque ultra désirable et la publicité qui sera matraquée, le potentiel de réussite serait énorme. En effet, même si le produit serait plus risqué, se démarquant des répliquants clonés à l’infini, il se démarquerait, probablement pas en obtenant un succès immédiat, mais, qui serait plausible dans un second temps, et plus durablement, car le produit se distinguant, il intriguerait après l’effet de surprise et le rejet initial à la nouveauté. Et, séduirait durablement. En effet, il serait moins possible de se reporter sur un jumeau disponible pour assouvir le besoin récurrent du consommateur de nouveauté puisqu’il y avait vraie novation. Cela assurerait peut-être, après un démarrage plus long, un succès qui perdure mieux. Bien entendu, il y a des mécanismes de blocage à la nouveauté, ceux dont justement je parlais dans mon premier commentaire. Les gens, pour un certain nombre, veulent s’entendre dire qu’ils sont singuliers et originaux dans leurs choix, mais, veulent l’être en faisant comme tout le monde. H&M et Zara vendent très bien - à des millions de personnes - cette illusion d’être singulier alors que l’on fait comme beaucoup d’autres. Chanel, Dior et Vuitton vendent eux aussi depuis des années de la distinction, mais à prix très élevés aux "rares" privilégiés... qui font la queue dans les grands magasins plus longtemps que n’importe lequel d’entre-nous un samedi après-midi chez Carrefour ou Monoprix. Or, si faire la queue au supermarché ou à La Poste me saoule un peu mais est pour moi compréhensible, cela est beaucoup moins le cas dans le cas du "luxe" : faire la queue pour un sac à 2000 euros posant un problème à mon esprit analytique occidental ! Il y a comme un paradoxe à vouloir du luxe, par définition rare car plus cher, distribué par pelletées entières. Certains marques, donc, ont suffisamment de notoriété pour imposer des queues soviétiques avant d’acquérir leurs produits. Elles pourraient faire avaler n’importe quelles couleuvres, j’en suis certain ! Alors, faire acheter des parfums un tout petit peu plus exigeants, à "seulement" 100 euros (comparativement au prix d’un sac qui, lui, dure longtemps contrairement à un parfum qui se vide au fur et à mesure de son usage), faire choisir son produit, à ses quelques rares marques, ne me semble pas impossible tant leur image est parmi les plus fortes. (Finalement, ce sont des (relativement) "petites" marques qui ne peuvent exister qu’en se distinguant, qui font ces choix osés : Marni, Balenciaga, Narciso Rodriguez, Prada, Lolita Lempicka, Thierry Mugler, Bottega Veneta, quelques autres encore, dont le "petiot" Hermès...). Mais, pour cette stratégie plus long termiste, il faut des moyens, seules des marques à très forte notoriété et possédant des moyens gigantesques peuvent se le permettre. Et, il faudrait "supporter" d’accepter une victoire non-immédiate. Angel a eu le succès que l’on connaît, mais pas immédiatement ; il aura fallu être patient durant deux ou trois ans. Autre époque peut-être... Je cite cet exemple car c’est l’un des derniers exemples d’un produit osé, innovant, qui a su s’imposer... dans le temps... et dans la durée...

 

[La suite, ci-après, juste après la page de publicité...]

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par Opium, le 6 octobre 2013 à 20:19

[Page de publicité achevée, la suite donc...]

 

Clonage
Ce qui est le plus gênant pour certains amateurs du parfum, un peu idéalistes et utopistes probablement, ce n’est pas tant qu’un certain discours soit illusoire. Ni la seule répétition de schémas existants. Dès les débuts de l’histoire de la parfumerie moderne ces travers ont existé. Répétition, ok, mais jusque dans une certaine mesure, tout est question de proportions. Pas une répétition à l’envi du même schéma à des niveaux qui étranglent toutes les autres formes de propositions et qui ne permettent pas de sortir du trop envahissant duo "Monsieur DHMol Bois-qui-piquent" et "Madame Fruitchouli Caramel" (clin d’œil à Thierry), stars qui surfocalisent l’attention (et représentent quoi, 80-95% des sorties actuelles ?), vampirisent le marché, et ne laissent, aux quelques rares exceptions près des marques citées entre parenthèses juste avant, aucune chance de survie à d’autres propositions. Le cercle infernal semble ne jamais s’arrêter : toujours plus cheap, toujours plus pauvre, toujours plus sucré...

 

Création VS Automatisation et Industrialisation
Voici, donc, le business.
Enfin, j’ose, comme quelques autres intevenants, espérer qu’il ne s’agit pas tout à fait que de business, sinon, à répéter toujours les mêmes schémas répondant aux grilles des tests consommateurs et briefs, les machines pourront remplacer les parfumeurs et il s’agirait là de la disparition du métier de parfumeur. En effet, pourquoi demander à des femmes et hommes qui coûtent le prix de leur main d’œuvre en rémunération de leur intelligence et créativité pour une tâche qui pourrait être automatisée ? Je ne vois pas pourquoi la parfumerie resterait un îlot paradisiaque privilégié dans lequel on rémunèrerait des personnes pour des tâches automatisables. Car, si l’on reste très cynique et très sombre, pourquoi payer des femmes et des hommes pour réaliser des parfums qui ne font que remplir des cahiers des charges répondant aux tests consommateurs et aux briefs (et pour lesquels très peu de créativité est nécessaire) ? Il suffit de créer des logiciels qui industrialisent la production passant de la feuille pré-remplie à la mise en flacon. On a fait bien plus complexe dans l’industrie de la banque-assurance par le passé. Réaliser ce type de logiciel(s) ne prendrait pas plus de quelques années. Il suffirait de conserver des techniciens-évaluateurs qui vérifient que ce qui est produit par la machine correspond bien à ce qui a été saisi. Point. Une grille avec des centaines ou des milliers de cases. Des schémas pré-saisis de l’existant. Un logiciel d’analyse et de traitement. Une vérification humaine pour validation. Et voilà du parfum presque totalement industrialisé et déshumanisé.
Oui, mais, dans les magazines, avoir quelques mots de personnes humaines parfumeurs apporte du rêve... Tatata... On fera parler les "purs techniciens", ils n’auront qu’à broder et story-teller. On aura qu’à enjoliver la réalité comme on le fait déjà pour ce qui sort actuellement. On n’en sera pas à une approximation ou un mensonge près.
J’espère que la vision noire que vous avez n’est pas la seule voie, sinon, si le parfum médiocre a de grands jours devant lui, cela pourra se faire sans hommes.
J’extrapole et exagère peut-être un peu. Mais, pas tant que cela. S’il s’agit juste, pour faire des parfums, de faire des mesures et de produire un objet qui réponde à ces seules mesures (le "business"), alors, ouste ! les cerveaux et les mains inutiles, il n’y a aucun besoin de la valeur ajoutée qu’est l’intervention humaine, bienvenue en "1984", les machines pourront faire au moins aussi bien que les hommes, par définition "faillibles". Et, elles, au moins, n’ont pas d’états d’âme... Dans d’autres domaines, on a crû que l’automatisation mécanique ne fonctionnerait pas. Puis, les hommes se sont faits moins nombreux sur ces tâches. Bon, j’arrête là avec cette vision catastrophiste, sinon, je risque de flinguer la fin de week-end de certain(e)s. Mais, à provoc’, provoc’ et demie. ^^

 

Grand Public, Niche et Indés
Au manque de perspectives intéressantes, depuis plus d’une vingtaine d’années s’est donc développée la parfumerie dite "de niche". Mais, le filon devenant bon et gros, cette dernière a commencé à être gagnée par les mêmes travers que la parfumerie dite "de masse" ou "grand public" (terme que je préfère car moins péjoratif). Et, la seule réponse au trop plein semble être pour chaque marque d’en faire trop également afin de tenter d’exister dans la surabondance médiatique actuelle. Et, on aboutit au paradoxe suivant dont on a déjà, comme l’ont dit mes camarades, discuté, ici et ailleurs, des centaines ou milliers de fois, mais, rappelons-le encore une énième fois (et pas la dernière !) : tout le monde se plaint de la surabondance de lancements, mais y participe allègrement au rythme de deux, trois ou dix ou même quinze lancements par an. Ne pas avoir sorti un parfum la semaine dernière reviendrait presque à ne pas avoir d’actualité... ni d’intérêt (médiatique). Or, si chacune des centaines de marques existantes, en plus de celles qui pullulent et apparaissent toutes les semaines (Quand même pas tous les jours ? ! Ohmagad ! !!), continue à faire autant de lancements, d’ici dix ou vingt ans, sauf à commencer à exporter les parfums sur Mars, Vénus, Saturne et Pluton, il y aura davantage de parfums que de personnes pour les acheter et les porter ! ^^
Il me semble nécessaire, aujourd’hui, de distinguer, non deux grands niveaux, mais plutôt une parfumerie à 3 niveaux : Parfumerie Grand Public (de Masse) - Niche - Indés.
Dans chacun des catégories, de bonnes et moins bonnes choses peuvent exister. Disons qu’il s’agit plutôt d’une distinction, non en termes de qualité, mais plutôt en termes de quantité. La catégorie "Niche" devant être distinguée en deux options : une version où les moyens économiques et industriels deviennent importants, qui se dotent d’équipes marketing importantes (ce qui ne devait pas être le cas originellement) etc... (Diptyque, Annick Goutal, L’Artisan Parfumeur, Serge Lutens, Penhaligon’s et beaucoup d’autres...) ; les "Indés", qui restent indépendants, produisent de plus petits volumes, ne s’industrialisent pas trop, ont des équipes plus petites, pas forcément de boutiques, et une sincérité un peu plus apparente.
Mais, encore une fois, pas de généralités, il y a un peu de tout dans chaque catégorie, juste pas dans les mêmes proportions. Hermès, Bottega Veneta, Prada et quelques autres évitent les écueils ultra-fonctionnels en parfumerie grand public et proposent des choses plus intéressantes que nombre d’autres marques censément plus qualitatives en termes de créativité. Et, dans les deux autres catégories, il y a de tout : des productions presque industrielles qui font plaisir, et des bidouilleurs touilleurs avec plus ou moins de talent. Mais, je reviendrais sur un exemple très rapidement, à la fin de ce message.
Même si différentes réponses existent, si je souhaite que la parfumerie grand public ne vire pas totalement absente de toutes qualités, ce n’est pas tant pour moi, mais pour les autres, afin de permettre à la pluralité en termes de qualité d’exister, et pas uniquement en termes de quantité et ce, pour le plus grand nombre, afin que chacun(e) puisse faire le choix ou pas d’adhérer à certaines propositions. Moi, je me débrouillerai, c’est bon. Si je veux certains parfums de plus ou moins grande qualité, j’ai suffisamment de connaissances pour pouvoir être joliment parfumé. Mais, la part de moi idéaliste enrage à l’idée qu’au fin fond de la province on ne présente plus que des gels douche, yaourts, bonbecs et déos présomptueusement nommés en plus sous le terme pompeux de "parfums". Les gens sentiront "bon" (et encore que...), soit, mais pourront-ils sentir "beau" ? Or, l’accès au beau me semble quelque chose d’utile. Même si l’on sait qu’il n’y a que certaines franges de la population, plutôt élevées culturellement, qui vont au cinéma, aux expositions, au théâtre et aux concerts. Mais, parfois, malgré tout, peut-être certains peuvent-ils sortir des cases dans lesquels ils sont censés se trouver.
Le cas de la niche et ses travers avait été abordé dans mon texte initial, puis un exemple précis a été donné dans mon premier commentaire de réponse afin, justement, de démontrer, au travers de l’exemple précis d’une marque, que l’on pouvait au sein d’une même marque, trouver le moins intéressant - afin d’assurer du chiffre d’affaires et, par là, la survie financière de la structure - aux côtés des choses les plus intrigantes qui assoient la respectabilité et expriment réellement le talent de tel ou tel parfumeur - créateur (artiste ?).
Il y a de tout, mais pas dans les mêmes proportions partout.
Si la parfumerie, en se généralisant, le fait avec une baisse radicale de sa qualité, élément dont vous convenez également Tubéreuse (nous sommes donc bien d’accord sur ce point ! ^^), heureusement, parfois quelques éclaircies permettent de nous faire nous dire que consacrer une part si importane de notre vie au parfum n’est pas une mauvaise erreur. ;-)
Il faut juste espérer que les éclaircies continuent à exister, que la nuit éternelle ne s’impose pas. Et, pour cela, parler, écrire, échanger, démontrer, partager ce qui semble utile, encore et encore, pour que certains autres regards se portent, aux-aussi, là où la lumière permet d’entrapercevoir des choses plus jolies.

 

Voilà mon retour.
En espérant que cela vous éclaire un tout petit peu...
L’échange est fort intéressant.
Comme le disait Juliette/PoivreBleu : Bienvenue encore ici, dans cet espace de liberté, de réflexion, de drôlerie parfois aussi, qu’est auparfum. Cela peut être une vraie bouffe d’oxygène.
Et, comme le précisait Jicky, on adore les tubéreuses sur auparfum : et, moi, j’adore (toutes) les tubéreuses. #b*tchpowa
Bon début de soirée.
Opium

 

PS : Je suis "navré" si je n’ai mis "que" deux ou trois ou quatre heures pour rédiger ce message... ;-)

 

NB : Merci Barmassa, AdRem, Louve, Vol de Nuit, Patrice, Newyorker, Juliette/PoivreBleu et Jicky pour votre soutien, vos mots et vos interventions. Ca fait plaisir. ;-)))

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par Lanou, le 6 octobre 2013 à 22:52

Bonsoir,
je ne remercie pas nécessairement à chaque lecture du site, sinon, je serai un troll permanent. Merci Merci Merci Merci ;) et encore plus de pavés à donner à lire pour édifier le mur de la connaissance !
Bonne soirée

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par Opium, le 7 octobre 2013 à 10:54

Bonjour Lanou.
Avec plaisir, plaisiiiir, plaaaaiiiisiiiir...
C’est vraiment sympa ça.
Bonne journée.
Opium

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par Tubéreuse, le 6 octobre 2013 à 23:59

Bonsoir Opium,

Je ne pense pas avoir été impoli ou insultant mais c’est vrai je suis direct (comme une Tubéreuse comme le dit si bien Jicky ^^).

Vous avez raison, que vous écriviez vos textes en 10 mins,10h ou 10 jours ça n’a pas vraiment d’importance. Et, il en est de même pour le nombre de formules ; seul le résultat compte.
Parcontre, vous avez écrit qu’Angel a été formulé avec un nombre d’essais importants, c’est à dire de combien selon vous ? 100, 1000, 10000 ?

Les machines ne remplaceront jamais les parfumeurs, c’est impossible car elles manqueront toujours de sensibilité, créativité, d’émotion...

Je n’ai jamais dit que la parfumerie est morte (n’exagérons rien !), il y aura toujours quelques très beaux jus qui resteront dans le temps. Mais ces derniers représenteront quel % des lancements globaux ?

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par Opium, le 7 octobre 2013 à 10:55

Bonjour Tubéreuse.
Content de vous lire à nouveau. ;-)
A propos d’Angel, j’ai entendu deux versions différentes : l’une précise qu’il a fallu une centaine d’essais pour poser la structure d’un patchouli gourmand et qu’il y a eu à peu près 650 essais en tout qui ont été effectués ; l’autre déclare qu’il a fallu quelques centaines d’essais infructueux d’abord avant de trouver avec Thierry Mugler la direction à prendre et que, au final, ce sont 1400 essais qui auraient eu lieu. Où se trouve la vérité, ça, je ne sais pas. Un mix des deux peut-être...
J’espère que vous avez raison et que les machines, jamais, ne pourront remplacer la créativité, la sensibilité et l’émotion humaines. Espérons que ces qualités resteront essentielles pour la parfumerie...
Vous posez la bonne question, celle de la part des fragrances intéressantes dans le lot des inepties dans l’intégralité des lancements globaux. Tant que ce pourcentage ne se fait pas trop ridicule, tant mieux. Le problème est que cette part n’a cessé d’augmenter, cessera-t-elle de le faire ? Je l’espère...
Bonne journée et bon début de semaine.
A bientôt.
Opium

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par Beurk, le 7 octobre 2013 à 13:35

Bonjour,

En ce qui me concerne (consterne ?) l’idée que des machines puissent créer des fragrances ne me choque guère.
Lorsque je sens Bleu de Chanel ou un de ces jus stéréotypés la sensibilité du créateur de parfum m’échappe, mais pas celle de l’équipe de commerciaux qui étaient aux manettes.
La différence entre la logique commerciale et celle d’un logiciel ? Aucune pour moi, les 2 "pensent" en terme de chiffres.
Il en est de même dans beaucoup de domaines "artistiques".
Je ne me leurre pas sur l’avenir du parfum qui reste un art mineur pour la plupart des gens et majeur pour LVMH, et trouve un peu de réconfort en reniflant mon Cuir Ottoman et Terre de sarment de Frapin (sublime)

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par Opium, le 8 octobre 2013 à 10:29

Bonjour Beurk.
L’exemple fait mal. Ah, ce cher Bleu... #totalementinsignifiant #CoolWater’sSon
J’espère que nos prévisions et supputations pessimistes n’auront jamais l’occasion de devenir la réalité.
Mais, qui sait...
En parlant de LVMH, le lancement du premier parfum de Louis Vuitton sera un moment de test : juste une gigantesque opération de communication pompière et pompeuse où on nous bassinera des termes grandiloquents "élégance", "beauté", "sensualité" et tout le tintouin jusqu’à la nausée, ou un vrai lancement intéressant qui réunit tout, le produit (flacon, emballage, nom, pub ET fragrance) et sa communication ? ... Je ne parie rien, trop de déceptions passées. Et puis, la Collection Privée Dior est suffisamment variable et les parfums de Kenzo et Givenchy sont devenus de telles catastrophes (Qui veut du dessert ? Pour la 73ème fois !), que je préfère ne pas m’avancer...
Bonne journée, en Terre de Sarment, Cuir Ottoman ou tout autre parfum beau, sincère et honnête. ;-)
Opium

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par Tubéreuse, le 7 octobre 2013 à 20:38

La premère version est la bonne ; 600 essais exactement.
Bonne soirée,
Tubéreuse

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par Jicky, le 7 octobre 2013 à 20:43

Yop yop yop yop yop !!

*danse du zizi*

 

(c’était ma version :p ==> la version de la marque en fait ^^)

*trop fier*

#BonElève

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par Tubéreuse, le 7 octobre 2013 à 20:54

lol tu es à l’apéro là on dirait ;)

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par Jicky, le 7 octobre 2013 à 21:15

Vous apprendrez mon cher que Jicky ne boit jamais...

Je suis toujours parfaitement sobre d’ailleurs.

*part nu en courant en levant les bras dans le ciel pour renifler des rhizomes d’iris*

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par AdRem, le 7 octobre 2013 à 21:45

===> on croit voir "Dali Nude" : http://www.russianpaintings.net/rus... ^^

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par Opium, le 8 octobre 2013 à 10:30

Bonjour Tubéreuse, Jicky et AdRem.
Tubéreuse : merci pour ces quelques précisions.
Eh, non, il ne boit JAMAIS.
Ce cher Jicky est hystéro-frappadingue tout naturellement... Il est toujours sobre, mais pas vraiment sobre quand il est sobre, en fait, il est sobre sans sobriété. ^^ #absurde #barré #toqué #luvluv #rigolo #surréaliste
AdRem : la représentation pourrait être bien, mais, surréalisme oblige, ici la nudité serait rhabillée (pour l’hiver ? !
Bonne journée à tous.
Opium

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par Poivrebleu, le 7 octobre 2013 à 17:30

Bonjour Tubéreuse, et bonjour à tous,

Je m’interroge moi aussi, sur la possibilité de voir le métier de parfumeur rester un métier d’artisanat (à défaut d’être un métier d’art, mais je reprendrais ce point plus bas sur la question des droits d’auteurs que vous avez soulevée ;) ), où le savoir-faire, tout autant que la capacité du parfumeur à vibrer lorsqu’il crée, sont des points réellement essentiels. On peut se poser à juste titre la question, alors que l’on voit sortir des parfums ou justement la part de sensibilité et d’émotion semble tout simplement réduite à néant.
Je m’avance peut-être un peu trop en disant cela, mais je n’ai pas l’impression qu’il a fallu beaucoup vibrer et s’émouvoir pour créer un parfum comme Repetto (dont l’univers était pourtant HYPER inspirant et aurait pu nourrir une magnifique création !). J’aimerai vraiment, vraiment savoir ce que pense honnêtement les parfumeurs (hors caméra, hors enjeux) de ce qu’ils créent parfois. Je veux dire, comment s’enthousiasmer et se réjouir d’une création comme Invictus ? Quelle est la part de créativité, d’inventivité, d’émotion, d’émerveillement ?

Ici, il semble que seul des schémas forts simplistes ont été appliqués. Et malheureusement, je crois que la modélisation de la création de parfum serait possible, s’il s’agit simplement de répondre à des schémas bien précis. 5500 essais sérieusement... Ça fait tout de même très robotique tout cela ! Et les logiciels boursiers font tous les jours des recommandations avec un nombre de données absolument affolant. Logiciels boursiers qui ne sont peut-être pas totalement pour rien dans le problème dont nous parlons, mais laissons là la dystopie...

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par Opium, le 8 octobre 2013 à 10:33

Bonjour ou Re-Bonjour, c’est selon, Tubéreuse, Poivre-Bleu, AdRem, Patrice, Jicky et les autres.
PoivreBleu/Juliette : j’espère malgré tout que, non, nous n’arriverons pas à cette situation où la part d’humanité devient inutile en composition. Mais, ne l’est-elle pas déjà (utile) parfois/souvent ? ^^
Tes mots à propos du manque d’inspiration, de vibration, d’émotion et de sensibilité à propos de Repetto, alors que c’était l’occasion de pouvoir lâcher un peu la bride créatrice, sont très justes. Malheureusement.
Tou(te)s : je lis avec le plus grand intérêt vos échanges plus bas et plus haut (mais, y en a partout ? ! ^^) et n’ai, au vu du survol profond (#oxymore) de ce sujet passionnant, rien à ajouter, vous "m’ôtez les mots de la bouche"... #miracle #rareté #32dumois
Bons échanges... ;-)
Bonne journée à vous.
Opium

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Jicky

par Jicky, le 6 octobre 2013 à 03:41

Cher Tubéreuse,

 

Bienvenue sur auparfum !

Vous arrivez fort, mais c’est très bien car vous soulevez des questions intéressantes. Ces questions intéressantes ont été abordées des milliers de fois sur la blogosphère parfum grâce à ses intervenants de qualité, dont Opium fait parti. Que le texte ait été rédigé en 30min, 1h ou 3h (comme c’est réellement le cas) n’est pas important. L’important c’est le fond : l’argumentaire. Tout est dit et c’est ça qui est absolument génial, c’est une partie de démonstration pratiquement indubitable, logique. Effrayemment logique.

 

Et pour avoir une telle réaction, presque épidermique, pour une première intervention, je pense que vous vous êtes grillé ;) Mais c’est bien que vous soyez arrivé sur auparfum. Vous vous êtes impliqué, et sachez que si ce site est là, ce n’est pas pour rien... (idée qui sera développée par Opium plus tard ;) ).

 

 

Je ne pense pas que vous ayez lu cet échange récent sur le sujet de Shalimar Parfum Initial, mais je suis intervenu pour réagir à un propos sous entendant que Shalimar d’origine c’était avant tout le parfum de la féminité absolue et sensuelle et plusieurs autres poncifs. J’ai dit que oui, c’est vrai mais pas que en fait. PAS QUE. Oui Shalimar est porté à 80% par ce genre de personnes, mais les 20% qui restent ne sont pas forcément des femmes boules de sensualité, voire même ne sont pas des femmes.

 

C’est à peu près pareil quand vous dites "le parfum c’est du business". Même schéma : oui, mais pas que !

Déjà, c’est un peu enfoncer des portes ouvertes. (et l’eau ça mouille comme me l’a dit un intervenant la semaine dernière, coucou friedrich ;) ). Oui, le parfum engendre des milliards d’euros de recettes à travers le monde. Et c’est comme ça depuis toujours (je crois qu’on compte sur les doigts de la main les marques qui continuent de créer en faisant exprès de ne pas faire de vente... en fait j’en vois qu’une ^^ #LesNez).

 

Mais, trève d’argument, juste un exemple personnel, qui vous parlera donc probablement pas : mais quand cette année j’ai senti l’Eau de Narcisse Bleu - parfumerie de masse disponible au Séphora de Tierce-Lieu - d’Hermès, j’ai eu une foule de sensations, de ressentis, d’histoires dans ma tête (que j’ai développé sur auparfum et sur mon blog) qui m’oblige à dire que non, le parfum n’est pas que du business. J’ai de quoi me parfumer pour toute ma vie et 5 générations après moi dans ma chambre d’étudiant, je n’avais nullement besoin d’acheter ce parfum. Or, L’Eau de Narcisse Bleu m’a tellement semblé géniale, démente, je m’y suis tellement identifié, qu’il me le fallait. Et le business n’est pas intervenu dans ce parfum. Il me le fallait parce que c’était un BEAU parfum (avant même d’entrer dans le discours "parce que ce parfum est une oeuvre artistique", ce que je pense aussi d’ailleurs).

 

Dans votre troisième message d’1h50 (qui prouve votre implication et donc dans une certaine mesure votre passion pour le parfum, malgré le ton un peu maladroit et provocant de vos premiers messages), vous tombez finalement sur grosso modo les mêmes conclusions que nous : moins de lancements et plus de qualité. Bon, il y a d’autres trucs qui aideraient, mais ça, ça assainirait déjà pas mal. (par exemple : développer une culture parfum chez les gens, notamment ceux qui veulent être parfumeur par exemple, c’est du vécu... ; développer l’esprit critique sur le parfum et l’odorat, etc.). Mais oui, plus de qualité. Niveller par le haut.

Tout le contraire de Gangan Style et de ce que vous assumez quand même clairement (un peu trop clairement ?) : l’industrie de la parfumerie fait des daubes, (et l’assume donc, si on "interprête" - c’est à dire "comprends" - vos propos).

 

Je vous incite à lire auparfum, notamment ce qui a déjà été dit sur le forum lors des échanges passionnants entre les passionnés qui fréquentent ce site et vivent le parfum que les professionnels créent.

Et je vais finir sur quelque chose de plus personnel : ça peut paraître grandiloquent, mais ma vie entière est dédiée à la parfumerie. C’est gratuit, c’est futile, ça ne sert à rien vous diront certains. Mais j’assume assez. C’est un peu ce qui caractérise l’art cette gratuité et cette futilité.

Je suis content d’apprendre que vous êtes passionné, mais alors dans ce cas c’est dommage de réduire sa passion à une vision pessimiste de la chose. Je veux dire, oui, c’est vrai ce que vous dîtes, il ne faut pas se voiler la face, mais on en est tous conscient. Et la présente analyse d’Opium permet d’endiguer le "truc". Vous êtes ici sur un site de passionnés, qui probablement (et j’espère !) réagiront à vos propos un peu sombres (quoique dans une certaine mesure justes, rappellont le).

 

Qui que vous soyez dans ce milieu, encore bienvenue, je le repète. Vous venez fort, mais c’est tant mieux, vous êtes une tubéreuse quand même. Et s’il y a bien une fleur qui fait rarement dans la discrétion, c’est bien elle. Poison, Giorgio, Carnal Flower, Tubéreuse Criminelle, oui c’est bien vous ;) Vous vous êtes bien fait entendre et on réagira. Et sachez une dernière chose : sur auparfum, on adoooooore les tubéreuses ;)

 

Au grand plaisir de vous relire :D !

 

Vive l’odorat !

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par Tubéreuse, le 6 octobre 2013 à 23:36

Bonsoir Jicky,
Merci pour ce message sympa :)
Et oui, je suis une vraie Tubéreuse et c’est ma fleur préférée !
Mais, "je me suis grillé" ; c’est à dire ?
Bonne soirée

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par Jicky, le 6 octobre 2013 à 23:51

Bonsoir Tubéreuse !

 

Vous êtes grillé signifie que vous vous êtes roulé dans l’huîle de cade puis que vous vous êtes pris une douche aux aiguilles de pins pyrogénées et que vous vous êtes séché avec une serviette infusée de bouleau ! Donc forcément après... ;)

 

Plus sérieusement, ce que je sous entendais c’est qu’on peut vite se douter avec vos messages et le discours que vous êtes quelqu’un qui travaille dans la parfumerie (dans l’évaluation, la création, le sourcing, le développement, etc). Et que c’était une bonne chose dans une certaine mesure que vous soyez venu ici ;)

 

Que ce soit dans les dossiers de Jeanne comme celui-ci, les textes sur les parfums ou les commentaires du forum, je vous invite vraiment à lire certains échanges, certains textes et certaines analyses et à rester pour participer (ou non !).

 

Au plaisir de vous lire,

Bonne soirée !

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par Tubéreuse, le 7 octobre 2013 à 00:03

Haha ça ne doit pas être très agréable de se faire griller comme ça !
En effet, je suis dans le milieu :)
Bonne nuit !

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par Tubéreuse, le 7 octobre 2013 à 13:47

Bonjour Jicky,
J’ai pensé à une chose qui pourrait participer à tirer vers le haut la parfumerie... S’il y avait des droits d’auteur (ou d’odeur^^), je pense que les nez rechercheraient beaucoup plus l’originalité et seraient plus créatifs ; on aurait beaucoup plus de bons et beaux parfums. Pourquoi un peintre ou un musicien à des droits d’auteur, alors qu’un parfumeur n’en a pas ? Je sais que la question est complexe mais je propose qu’on ouvre une nouvelle discussion à ce sujet épineux ! Peut-être faut-il en parler à Jeanne Doré ? Par exemple, suite au procès entre entre Molinard et Clarins, à qui appartient réellement la formule d’Angel ?
Passez une belle journée :)
Tubéreuse

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par Jicky, le 7 octobre 2013 à 14:08

Bonjour Tubéreuse,

 

Oui effectivment c’est là une question complexe.

Si cela a déjà été discuté sur la blogosphère (notamment sur le blog de Denyse, Grain de Musc), seulement des idées d’éléments de réponses (et non des réponses, voyez le degré d’abstraction et d’incertitude sur la question...) ont été évoqués.

Le problème du statut du parfumeur est un gros gros questionnement. Il n’existe même pas de "diplome" du parfumeur (mais, dans le cas de l’isipca par exemple, qu’un master appliqué en formulation et évaluation, paye ton glamour).

 

Le cas d’Angel est effectivement très intéressant puisqu’il y a eu procès et notamment le gain du procès par Mugler. Mais à qui appartient la formule ? Olivier Cresp est payé par Firmenich notamment pour "fournir" des formules mais la formule ne lui appartient pas. Elle n’appartient pas non plus à la marque mais à la société de compo. Or, dans le cas de l’eau de toilette (en 2011), la formule appartient à Robertet (par la parfumeuse Amandine Marie si je ne m’abuse).

 

Et pour le procès, c’était révolutionnaire et je crois que ça l’est toujours puisqu’on est resté sur une propriété intellectuelle.

En fait, pour ne pas dire de bétises, je préfère vous renvoyer plutôt à l’article de Denyse : http://graindemusc.blogspot.ca/2011/10/les-parfums-peuvent-ils-etre-proteges.html

 

Comment faire avancer la chose ? Ma foi, moi personnellement je ne vais pas vous répondre là tout de suite [genre le gars ça y est dans sa pause de 12-14h au campus de science, il révolutionne la question de la propriété intellectuel et du savoir faire ^^)

 

Mais cela pourrait être à l’origine d’un dossier (d’où découlerait une discussion, un peu comme ce dossier). Effectivement, on pourrait en parler à Jeanne ;) histoire de faire le point sur ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas et de ce qui pourrait se faire "en théorie" de ce qui ne pourrait pas...

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par Tubéreuse, le 7 octobre 2013 à 14:44

Il n’existe pas non plus de diplômes de peintre ou chanteur ! Pourtant, ils ont bel et bien des droits d’auteur... Sont-ils plus considérés comme des artistes ?
Une musique appartient à son auteur et pas à sa maison de production.
Je pense qu’une formule devrait appartenir à son créateur (au minimum, il devrait y avoir un partage des droits entre le (ou les) nez et la maison de compo). Ca serait plus juste !
Angel appartiendrait donc à Givaudan ? Il avait été créé chez Quest à l’époque. Givaudan a racheté Quest bien après la création d’Angel qui ne s’est pas faite chez Givaudan ; il y a un petit problème alors...

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par Poivrebleu, le 7 octobre 2013 à 18:27

Re-bonjour Tubéreuse,
Je pense que vous soulevez là un point essentiel. La discussion est en effet très compliquée et engage énormément d’acteurs... S’il m’est permis de donner mon avis, il me semble que plusieurs point gênent la création d’un réel droit d’auteur et de propriété intellectuelle :
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- Tout d’abord, à l’inverse de la musique ou de la peinture, la parfumerie, à notre grand malheur à tous, n’est pas reconnu comme un art à part entière. Plusieurs décisions de justice par le passé (dans le cas de procès sur le plagiat justement, vous retrouverez ici un article du Monde à ce sujet : http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/06/15/a-qui-appartiennent-les-parfums_1719134_3224.html), ont laissé entendre que "la fragrance d’un parfum, qui procède de la simple mise en œuvre d’un savoir-faire" ne peut se réclamer du droit d’auteur. La création de parfum n’est pas réellement reconnue comme une œuvre de l’esprit. Et pourtant, et pourtant, nombre de parfumeurs expérimentés nous disent que créer, cela se passe dans la tête (Edmond Roudnitska le premier). On a le plus souvent l’odeur dans la tête avant de la mettre en flacon. La difficulté du travail vient du fait qu’entre l’odeur qu’on a dans la tête, et celle que l’on arrive à faire sortir sur le papier il y a souvent une différence ! Et seuls l’apprentissage, l’expérience et la pratique permettent d’obtenir des résultats plus concluants d’années en années.
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- Ensuite, les professionnels n’ont malheureusement pas tous la même vision sur le sujet. Certains vous dirons qu’être parfumeur, c’est être un artisan. D’autres défendent réellement l’idée qu’il s’agit d’un art. Si les parfumeurs eux-mêmes ne sont pas tous convaincus de la même chose, il est forcément difficile de faire entendre le bon son de cloche ! Ici, je pense que c’est le regard porté sur l’odorat (un sens pour le moins grossier et instinctif dit-on) et sur les parfums (une futilité, une coquetterie tout au plus il paraît) qui dessert l’entreprise dans son ensemble. Bien entendu, les choses évoluent. Des livres sortent, pour réhabiliter l’odorat (Philosophie de l’Odorat, Catherine Bouvet), des sites se créent (^^), et des événements jalonnent le long parcours qui reste à la parfumerie pour se faire accepter et comprendre comme une discipline artistique : on peut noter ici, la distinction reçue par certains de nos plus grands parfumeurs contemporains, adoubés Chevaliers des Arts et des Lettres, ou encore le Cercle des Parfumeurs, formé il y a peu à la SFP et dont l’action vise à mieux encadrer la formation de parfumeur et à protéger ce métier.
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- En définitive, l’art du parfum est un art trop jeune. Le fait de créer et d’utiliser des parfums existe depuis l’Antiquité, mais l’art de la création n’est finalement réellement arrivé qu’avec les découvertes de la chimie organique, qui ont vu apparaître les isolats dans un premier temps, puis les molécules de synthèses. L’abstraction alors autorisée par ces produits à donc permis à la création de décoller, de devenir plus "intellectuelle", plus "artistique" donc... C’est une réalité, et j’en suis convaincue, comme nous tous ici. Mais depuis combien de temps est-ce possible ? Seulement la fin du XIXe... Là où la musique, la peinture, la sculpture étaient déjà des arts depuis plusieurs siècles...
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- Nous pourrions aussi parler de la structure de l’industrie, qui n’est peut-être pas adaptée à la création des droits d’auteurs pour les parfumeurs, qui ne sont pas indépendants mais bien des salariés dans les sociétés de création... Nous pourrions aussi poser la question de la paternité d’une idée, lorsque l’on sait à quel point le travail des évaluateurs et des évaluatrices est important surtout dans le cadre de briefs clients bien précis, et où leur travail est bien de suggérer, de proposer, d’inventer et de trouver de nouvelles idées (ou pas... certes ;) ) Enfin, la liste serait longue.
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Alors, tous ces obstacles peuvent sembler bien insurmontables, car nous ne sommes que de petites choses à côté de toute cette industrie et des enjeux financiers qui pèsent sur elle. Mais je crois tout de même que nous avons pris le bon chemin. Et comme le disait Jeanne justement il y a peu dans le même fil de discussion, l’entretien du débat sur des espaces libres comme les blogs ou les forums permet de mettre la lumière sur ce qui ne va pas, de soulever les bonnes questions, d’encourager des choix personnels et réfléchis, de se libérer des "diktats" du marketing (La Vie est Belle, CECI EST POUR TOI !!). Ont nous dit souvent dans l’industrie que c’est parce que les consommateurs demandent des fruits et du sucre que les maisons de créations créent ce genre de parfums (Un jour que je disais à une parfumeure qu’on pourrait ptèt essayer de proposer autre chose pour que les consommateurs changent un peu de schéma, elle m’a répondu qu’on ne savait pas qui de la poule ou de l’œuf avait commencé, et qu’on ne pouvait faire rien d’autre que de continuer)... Donc, il faut que les consommateurs expriment d’autres désirs, et fasse comprendre avec leurs portefeuilles (puisque c’est du business) ce qu’ils souhaitent.
Le changement ne viendra pas de l’intérieur. C’est une certitude. Il faut donc partir de l’extérieur et pousser le plus loin possible les discours que les passionnés de parfums tiennent. Rechercher la diversité, l’ouverture d’esprit, les autres voies possibles. Des attitudes, en somme, qui sont valables pour bien des domaines.
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La parfumerie est jeune, certes, et nous ne seront peut-être plus là lorsqu’elle aura vraiment acquis ses lettres de noblesse. Qu’à cela ne tienne ! Rien ne nous empêche d’avancer de là où nous sommes, on tient le bon bout ! ;)

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par AdRem, le 7 octobre 2013 à 20:17

Merci Poivrebleu pour toutes vos remarques et commentaires ( que je suis jaloux ne n’avoir pas écrit ^^).
Si nombres de parfumeurs doivent balayer devant leur porte dans ce débat artiste vs artisan / créateur vs façonneur, le lien avec l’industrie/ le business est si fort avec le parfum que je crois comme vous à l’importance / la nécessité d’un contre pouvoir / d’une contre culture extérieur : les passionnés / consommateurs que nous sommes doivent élever leur niveau d’exigence et le faire savoir...
Peut-être peut on débuter par balayer devant notre propre porte de "perfumista" : arrêter de parler d’un parfum comme de la dernière sortie d’une marque "machin truc" et partager / expliquer tout le bien / tout le mal que l’on pense de la dernière livraison / création de "tel parfumeur".
Rêvons un peu ensemble...^^
(Et bravo pour votre site ;) )

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par Poivrebleu, le 7 octobre 2013 à 22:18

Bonsoir AdRem,

Merci pour vos gentils mots :)
Je serais prête à partager votre vision des choses, cependant, dans la configuration actuelle des acteurs et des forces en présence, je pense qu’il est compliqué d’attaquer "les parfumeurs", de les viser directement lorsqu’il s’agit de donner un avis. Bien entendu, les parfumeurs ont leur part de responsabilité, mais soyons clair : en grand public (et en niche de plus en plus, mais de façon moins marquée), les parfumeurs ne sont que des exécutants qui répondent à un brief, à une demande, à une exigence des clients. Car c’est le client qui défini ses objectifs de résultats.
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Dans le cas de la grosse Roberte toute Rose, c’est bien l’Oréal qui a probablement demandé des retouches à n’en plus finir à IFF, changeant d’avis toutes les secondes, demandant une modif pour revenir dessus le rendez-vous d’après... On voit bien, dans cet exemple, que le ou les parfumeurs n’ont pas grand chose à dire, surtout lorsque des millions sont déjà engagés pour la campagne publicitaire...
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Ainsi, je crois que pour le moment, il faut bien en rester à viser les commanditaires de ces bouses : les clients des sociétés de création. L’alternative pourra tout autant se faire entendre, si les clients décident de bouder les jus insipides et sans âmes qu’on tentent de leur vendre. Je dis bien pour le moment. Les choses sont toujours susceptibles d’évoluer autrement, et à la lumière des changements qui pourraient survenir, il sera temps de reconsidérer la situation.
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Une seule petite nuance par rapport à ce que je viens de dire, et qui s’applique uniquement à la niche : celui des parfumeurs indépendants. Dans ce cas seulement, il est possible de juger le travail du parfumeur "pour de vrai" si j’ose dire, puisque dans ce cas, soit il s’agit de sa propre marque, soit il répond à une demande, mais pour des maisons qui a priori sont moins exigeantes que les gros poissons. Mais là encore, c’est à nuancer. Si je prends le travail de Bertrand Duchaufour qui est l’un des plus prolifique dans ce domaine depuis quelques années : on est capable de relever les créations qu’il a réalisé sous influence "forte" de la marque, et celle où il a été plus libre de s’exprimer, et cela parfois au sein de la même maison : je pense évidemment à L’Artisan Parfumeur. Son travail au sein de cette maison va du véritable chef d’oeuvre (Dzongkha, Nuit de Tubéreuse), à l’indifférence (Fleur de Liane), en passant par la stratosphère (Explosions d’émotions)...
En revanche, dans le cas d’Andy Tauer, ou de Marc-Antoine Corticchiato (avec Parfum d’Empire), il s’agit là de parfumeurs indépendants avec marques indépendantes. La qualité dans certaines de ces petites marques peut être très variable. Et on touche là un autre point sensible : qui peut se prétendre parfumeur (je ne vise personne en particulier) ?
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La question mérite d’être posée, car c’est aussi parce qu’il règne une cacophonie sur le véritable statut du parfumeur, sa formation et son travail que le système est plus ou moins à la dérive. Ce métier perd réellement de sa valeur et de sa noblesse dans les maisons de création où il est tout simplement sous-évalué et sous-utilisé, puisque les parfumeurs ne sont pas beaucoup plus que de simples exécutants, de l’autre bord, dans la niche, on tente de lui redorer le blason, de faire valoir que ce métier est grand et beau, mais que dans le même temps, certains de ceux qui s’en réclame ne savent pas l’exercer et n’ont tout simplement pas suivi l’apprentissage pour y parvenir. Quelle que soit la formation qu’ils ont pu se payer, on ne devient pas parfumeur en 1 an.

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par Tubéreuse, le 7 octobre 2013 à 23:37

Bonsoir Poivrebleu,
Non, les parfumeurs ne sont pas de simples exécutants. Certes, pour les mauvais parfumeurs c’est possible mais certains parfumeurs sont vraiment de grands artistes. S’ils étaient que de simples exécutants, comment se fait-il qu’ils soient aussi bien payés ? Parfois, un client n’a aucune idée de ce qu’il veut vraiment et le parfumeur décide seul de sa création. C’est possible qu’il parte d’une feuille blanche ! De grands peintres comme Picasso répondaient aussi à des commandes de clients, dans ce cas considérez-vous qu’ils étaient aussi de simples exécutants ?

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par AdRem, le 8 octobre 2013 à 00:42

Oui Poivrebleu je comprends votre volonté de ne pas tirer sur le pianiste...ou sur l’ambulance.
Mais je partage également la remarque de Tubéreuse lorsqu’elle renvoit les parfumeurs à leur part de responsabilité dans leur création...Tous les magnifiques portraits que nous admirons sur les cimaises de nos musées ont souvent été des commandes : dois-je avoir moins d’exigences pour aimer ces tableaux là ou moins de fureur pour les détester ?
Je vous offre 2 citations en cadeau à vous 2 (j’adore afficher mon goût des citations) :

* « On est impardonnable d’avoir fait ce qu’on n’aime pas, surtout si on réussit. »
(Christian Dior ^^...il doit se retourner dans sa tombe en voyant son nom inscrit sur une vilain flacon :( )

* "Et dites-vous bien que dans la vie, ne pas reconnaître son talent, c’est favoriser la réussite des médiocres." (Michel Audiard....Soyez Artistes chers parfumeurs plustôt que simples façonneurs : cela donne de l’air, de l’espace et des ailes...Soyez aussi Grands que vous le métitez.)
Bonne nuit à vous 2.

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par Poivrebleu, le 8 octobre 2013 à 09:28

Bonjour Tubéreuse, bonjour AdRem,
Je vous réponds de ce pas plus haut, en pleine page, car mon commentaire risque d’être un peu long ^^

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par Patrice, le 7 octobre 2013 à 18:32

Le parfumeur on s’en fout de toute façon, le parfum c’est du business... ! ;)
(le gars qui fait avancer le débat tu sais !)
Je pense que déjà, pour le problème de reconnaissance et de droit d’auteur/d’odeur, le problème vient du fait qu’il aurait du être résolu il y a bien longtemps, à une époque où, justement, le parfum avait une vraie place d’art et d’artisanat. Je ne dis pas que l’on ne peut pas y arriver aujourd’hui, mais peut être avons nous trop tardé.
Et peut être que la reconnaissance arrivera quand la parfumerie sera placée au Patrimoine Mondial de l’Humanité ! #DouxRêve
 
Décidément, cette discussion est très intéressante. J’espère ne pas vous avoir semblé trop agressif dans mon précédent message, simplement j’ai vraiment été pris par les sentiments et piqué au vif.

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par LILOO, le 4 octobre 2013 à 12:22

En ce qui me concerne , je pense que ce parfum est une erreur commerciale
La gammme Paco Rabanne ( et Paco Rabanne himself) a toujours été too much , à un tel point qu elle en paraissait presque visionnaire ,avec un second degré qui au fond était presque subtil , en comparaison avec le marketing de leur nouveau parfum. .
Je pense surtout à ces jus assez originaux d antan , aux flacons qui ont souvent été étranges ( là je pense à l excellent , selon moi , Ultraviolet Man )
Et quoiqu on dise , meme One Million et Black XS à défaut d etre subtils, avaient leur signature et leur personnalité , qu on ne pouvait ignorer malheureusement . Ils avaient un parti pris .
Ici , Invictus a décidé d aller vers les notes marines , mais son jus n a rien de particulièrement original , ni de choquant, ni de dérangeant , malgré sa tenue et son sillage bulldozer .L odeur me fait d ailleurs penser à Only The Brave .
Là ou Black XS , le flanker de Light Blue de D&G parvenait avec son coté un peu " sale " à décrire une masculinité ambigue , sucrée mais aussi lourde et sexuelle , invictus ne raconte rien .Il n est meme pas assez polarisant à mon avis .
Le flacon de One Million était tellement too much , formidable pied de nez à la crise , mais surtout inédit en parfumerie .Il était donc " choquant " et presque beau, tellement il était moche .
Le problème d Invictus , c est que son flacon grossier et ridicule n est plus original , One Million ayant fait des petits , avec Diesel et only the Brave , et JP gaultier et son kokorico .
Pareil pour la pub .Oui comparé aux pubs Diesel qui se prennent totalement au sérieux avec leur coté je suis rebelle , Paco Rabanne avait un certain humour détaché .
Alors que One Million conservait une certaine classe malgré sa misogynie et un humour second degré très subtil raillant la société de consommation ( tellement subtil que certains ne l ont meme pas capté ) , avec des mannequins beaux et élégants ,alors que black XS avait une communication plus 1 er degré mais rafraichissante avec un jeune homme boxant dans le vide presque touchant tellement il avait l air bete et des rockstars , ici, Invictus n a aucune personnalité et surtout ne fait pas du tout rever .

Le mannequin est moche et pas assez muclé ( peut etre pour permettre au client de s identifier à ce "winner" comme dans la pub Axe ) , le second degré est trop second degré *warning HUMOUR * ( comme dans la pub Axe ) , les effets spéciaux sont moches ( comme dans la pub axe ) , il tombe des filles ( comme dans la pub axe )

En d autres termes , c est une pub Axe . Alors pourquoi les jeunes kékés iraient ils acheter un Paco Rabanne au prix pafumerie quand ils peuvent se payer un parfum axe qui sortira probablement une copie .Pourquoi payer du mauvais gout et du second degré à la truelle sans originalité au prix fort , quand on peut l avoir pour moins cher ?
Bref Paco Rabanne qui conservait un positionnement certes contesté dans la parfumerie est tombé dans la catégorie supermarché avec ce parfum , en chassant ouvertement sur les terres d Axe .
Quand à moi, je vais aller renifler Ultraviolet Man qui avec son flacon original annonçait le 21 ème siècle , mais dont le jus pourtant positionné masculin , m enchante toujours :)

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Opium

par Opium, le 30 septembre 2013 à 22:23

Bonsoir à toutes et à tous.
Jeanne, je crois que je n’en avais discuté qu’avec Jicky, mais, je voulais te dire à quel point je trouve ce dossier pertinent et presque essentiel. En effet, derrière ce cas de figure presque grossier et caricatural se cache une belle démonstration de ce qu’est devenue la parfumerie grand public aujourd’hui.
Ce débat est, pour le moins, assez animé. Tant qu’il reste assez cordial envers les uns et les autres, présents et absents, après tout, tant mieux, il est vivant...
Bon, je vais seulement tenter d’élaborer un peu autour du texte de Jeanne tant il me plaît. Il aborde des sujets que j’apprécie tout particulièrement.

 

Trickle-Ups and Downs
Des influences entre parfumerie fine et fonctionnelle ont toujours existé et tant mieux. Si Chanel Numéro 5 a inspiré des produits comme certains savons aux odeurs de lait comme les savons Camay et a été à l’origine de l’odeur de la célèbre laque Elnett, des retours de balancier existent puisque, aujourd’hui, ce sont souvent les produits fonctionnels qui peuvent influencer la parfumerie fine.
En trickle-down, parfois, on trouve des merveilles. Les gels douche Le Petit Marseillais semblent, pour un certain nombre, directement inspirés de l’univers classique de la "grande parfumerie". Ainsi, Miel de Lavande paraît être un Guerlain qui ferait plus qu’un simple clin d’œil à Jicky tandis que Coton & Coquelicot (enfin, un truc du genre, dans un flacon rouge et blanc comme le parfum qui suit...) est plus qu’inspiré de Flower By Kenzo et sent presque la même chose (et se nomme d’après la fleur symbole du parfum de Kenzo, "l’inspiration" étant donc indéniable !). Pin et Criste Marine fait de l’appel du pied aux boisés marins 90’s depuis Kenzo Homme jusque l’Eau d’Issey en même temps qu’à Cool Water. Un cèdre de la gamme rappelle l’univers Serge Lutens. Le Mimosa est plus vrai que nature et le gel douche au Lait semble tout droit sorti des parfums poudrés crémeux old school, en passant par Ombre Rose jusque tant d’autres, dont le Numéro 5 encore une fois. (Décidément !)
On retrouve aussi la poire assez réaliste très typique de Coco Mademoiselle dans le shampooing Elsève pour cheveux colorés (à l’association de couleurs rouge, or et argent qui rappellent, elles-aussi, Coco Mad’).
J’ai eu, il y a quelques années, un gel douche Dove qui était le fac-similé olfactif d’Angel ; seule différence par rapport aux flacons habituels de la gamme Dove (blancs en général), celui-ci hésitait entre le bleu, le violacé et l’argenté, soit les codes couleurs de Angel justement. En fait, le plus souvent, les parfums de type fonctionnel inspirés par d’autres reprennent les codes couleurs des modèles originaux, comme s’ils assumaient pleinement d’y ressembler, voire, tentaient de créer l’amorçage avec les parfums "fins" probablement plus connus qu’eux pour inciter à l’acte d’achat : Si vous avez Angel, pourquoi ne pas acheter le gel douche Dove moins cher que celui de la gamme de Thierry Mugler ? Et, si vous n’avez pas osé acheter Angel, pourquoi ne pas compenser l’absence par le gel douche qui ne dérangera personne ? ;-) La stratégie est assez maline, il est vrai.
La qualité de tous ces produits fonctionnels inspirés par les domaines plus désirables de la parfumerie fine, par ailleurs, est très variable. Il y a des produits vraiment peu créatifs, caricaturaux, et d’autres qui semblent pris d’un certain vent de liberté, comme si les parfumeurs, libérés de la contrainte de briefs serrés comme un corset, se lâchaient, n’ayant à respecter "que" la seule contrainte budgétaire pour produire un produit à bas coût pour lequel trois milliards de retouches et d’avis ne sont pas nécessaires car les enjeux, moins prestigieux, sont moindres. Eh oui, c’est dingue, mais certains parfumeurs reconnaissent qu’en termes de liberté de création, actuellement, si l’on n’est pas affilié directement à une marque qui privilégie une certaine liberté de création (Hermès par exemple), il vaut mieux pour satisfaire aux besoins de création de tenter de s’éclater avec un détachant pour le linge que sur un parfum qui sera multi-testé jusqu’à la nausée.
Des phénomènes d’allers-retours perpétuels entre parfumerie fine et fonctionnelle sont, donc, depuis des dizaines d’années, tout à fait normaux. Toutefois...

 

Toutefois, on observe aujourd’hui un resserrement de l’espace de liberté en termes de ce qui est disponible. Et, on arrive à ce paradoxe, avec la "fausse-démocratisation" qui a lieu à propos du parfum, qui veut que les gens paient très (trop ?) cher - relativement à la fragrance "fine" mise en flacon pour des produits inspirés de l’univers fonctionnel, donc, par définition, qui devrait posséder des coûts moindres - des parfums qui ne le méritent pas. Mais, pas juste un peu par positionnement. Non, ne le méritent pas tant les coûts des formules ont été tirés, pour ne pas dire écrasés, vers le bas.

 

Désirs Paradoxaux
Plus un produit est dans le quotidien des gens, plus il a de chances de plaire si son usage habituel est positif.
Ainsi, vous entendrez souvent dire face à Diorissimo ou toute autre forme de muguet, aussi jolie et juste la création soit-elle, que cela sent la bombe à wawas. En effet, l’usage prépondérant des odeurs de fleurs printanières, de la lavande, de roses en corbeilles anglaises, de vanille et de pêche et autres fruits, semble avoir condamné ces éléments, lorsqu’ils ne sont pas utilisés ailleurs, à devoir les renvoyer inéluctablement, dans l’esprit de la plupart, aux seuls lieux d’aisance. Le muguet, pour la plupart, cela pousse dans les toilettes et pas dans les jardins en mai. C’est qu’on va plus souvent aux toilettes (plusieurs fois par jour à priori) que cueillir ou s’acheter un brin de muguet (une ou quelques fois dans l’année, à un moment très précis). Par la périodicité d’un mode d’exposition par rapport à l’autre (quotidien vs annuel), il est logique que cette jolie fleur, trop utilisée dans certaines circonstances, se retrouve associée à ces seuls moments. Dommage pour les jolies clochette blanches.
Donc, certaines odeurs ne sont pas recherchées car elles renvoient trop à leur fonction désodorisante d’un environnement contaminé.
Pourtant, tout un ensemble d’autres odeurs sont, elles, recherchées alors que le tarif demandé semble, pour qui s’y connaît un peu, largement exagéré.
Les gens ne veulent pas de bombes désodorisantes, en revanche, les parfums qui rappellent yaourts, crèmes desserts industrielles, glaces, bonbons industriels, confitures, compotes, fruits en sirops, sirops de fruits, jus de fruits, sodas sucrés, caramel(s), barbes à papa, gâteaux, lessives, adoucissants, crèmes pour le visage, shampooings, gels douche ET déodorants (pour rester dans le sujet de Jeanne), eux, vous assurent un succès à presque tous les coups.
Et, peu sont surpris qu’on leur demande de payer à peu près cent euros pour d’autres produits qui, en plus, se prévalent d’avoir d’autres fonctions (se nourrir, se laver, empêcher les odeurs corporelles de se former trop rapidement), pourtant à peu près entre cinq et cinquante fois moins chers !
Un shampooing peu coûter 3,50 euros, un parfum avec le même type d’odeur, lui, peut coûter de 45 à 130 euros selon la contenance. Pourtant, à quantité de concentré identique, il y a bien un problème.
La différence ? Les matières bien entendu...
Euh... Si ce n’est que... pour un rendu aussi "cheap", il vaudrait mieux que les matières ne soient pas trop belles car le rendu est souvent vulgaire et sans intérêt.
J’en arrive donc au paradoxe actuel : les gens veulent (l’usage de ce terme est uniquement fait dans le but de la démonstration bien entendu), pour certains, parfois s’entendre dire qu’ils portent des choses exceptionnelles et originales ; mais, ces choses doivent en fait sentir comme tout ce qui sort déjà afin de parvenir à survivre aux tests consommateurs, de ne pas risquer le désaccord et d’être rapidement choisi sur la tablette de Sephora.
Mieux : si ce parfum vaut cent euros et que 20% de remise est effectué, alors la banale odeur vantée comme l’exception si rare, personnelle et originale trouvera preneurs à tous les coups, avant d’être remplacée par le même produit / mensonge dans quelques semaines...
Prenez de la Danette industrielle, des bonbecs Haribo, de la mousse à raser métallique Dia, du shampooing Elsève acheté chez Leader Price et du déodorant Axe par exemple, appelez cela prétentieusement sans honte "exception", "personnalité", "séduction" et tant d’autres termes qui nous semblent décalés face à la réalité, et vous aurez des succès des ventes, pour peu que l’égérie soit attrayante et la pub suffisamment désirable (simpliste ?) pour plaire au plus grand nombre...
La même chose arrive de plus en plus en niche par ailleurs. Des gens qui se présentent et veulent sentir "différemment", disent-ils, refusent de porter de belles choses en parfumerie grand public (rares nouveautés réussies ou "vieilleries" bourrées de charme et de culot) pour, finalement, choisir de porter les "produits d’appel" que de nombreuses marques de niches sont contraintes de créer afin de tenter de survivre dans l’offre pléthorique existante. Ne surtout pas porter de Hugo Boss pour finalement choisir une lavande ultra-métallique qui est surtout mieux car 3 à 5 fois plus chère et plus rare que la même chose chez Procter & Gamble ! Cela doit s’appeler du snobisme. Et, entre ce cynisme et celui vu plus haut qui consiste à vouloir porter un produit du quotidien dont le coefficient multiplicateur a été mutliplié plusieurs fois, il n’y a qu’un pas. Mais, cela existe bel et bien (malheureusement)... Je le constate très souvent. Et, après tout, moi aussi chez Frédéric Malle, lors de mes pas de débutant, j’ai craqué sur celui qui était le leader de la marque, Musc Ravageur, me croyant original alors que je ne l’étais pas. Ne pas être original n’est pas un problème. Il vaut mieux un joli basique qu’une laide originalité. Mais, alors, il ne faut pas nommer "singularité" ce qui ne l’est pas. Question d’à-propos.
#cynique
Mais, on le sait, l’effet placebo joue pour une part non-négligeable dans la réussite du traitement d’un médicament. De la même façon, un paquet de pâtes ou d’emmental sera meilleur s’il est de marque et plus cher. Idem pour une crème qui, si elle vient de la mer et coûte deux reins doit bien être plus efficace que cete pov’fille centenaire dans son pot bleu... ^^
On raconte que certaines marques se trouvent parfois, avec certains clients, étrangers surtout, décrédibilisées si elles ne sont pas assez chères car elles ne répondent pas à l’équation : Chèreté = Qualité !
(Bon, heureusement, ici, sur auparfum, je crois qu’on sait être un peu malin ou au moins se laisser un peu avoir tout en tentant de ne pas être trop dupes... ^^)

 

Profils de Produits Recherchés (Psychologie de Comptoir) (Ou pas...)
Nous en venons ainsi aux deux grands profils de parfums qui existent aujourd’hui et sont réclamés ou "offerts" pour hommes et pour femmes. Honneur aux dames.
Nous en discutions avec Patrice, si La Vie est Belle a été un marqueur indéniable du curseur vers le "toujours plus de sucre", il ne semble pas connaître trop de répliquants depuis ces derniers mois. En revanche, le prototype du parfum actuel semble se former avec des exemples comme Repetto ou chez les femmes et Invictus, L’Homme Parfum Intense et Brit Rythm (tous trèèèès proches...) pour ces messieurs.
Auparavant, un parfum féminin se devait d’être soit patchoufruité, soit musqué, soit caramélisé, floralisé ; un parfum masculin pouvait être un peu fruité, boisé-ambré ou lavande-métallisé.
On observe actuellement que les parfums semblent vouloir résumer toutes les voies possibles en une seule dans chaque catégorie. On ne veut plus du fruité ou du frais, du sucré ou du musqué, à l’ère du zapping il faut de tout tout de suite. Cela donne...
Pour ces dames, un début de fruits plus ou moins sirupeux (cassis / fraise / framboise / poire / pomme / mandarine / abricot) qui reposent sur un bouquet floral indistinct (freesia en tête, LA fleur qui ne veut rien dire comme le dirait Jicky / rose / jasmin / gardénia (mais bien-sûr !) / fleur d’oranger / orchidée / muguet / chèvrefeuille (mais, où ça ? !) / magnolia et autres imaginations diverses qui ne sentent jamais ce qui est écrit). Le tout posé sur un tréteau à cinq pieds composé de bois blonds (car, sinon, c’est trop sec les bois !), de patchouli (refractionné sa race car, sinon, ça sent le moisi et donc la maladie et donc la mort indirectement, et ça, ce n’est pas vendeur auprès du plus grand nombre qui tente d’oublier son humanité), de caramel (car comme ça on est à croquer !), de vanille (qui sent trop bon !) et de musc(s) pour éviter que ce soit trop "lourd" et envahissant, pour l’effet duveteux, cotonneux, doudou régressif pour tenter de faire durer le "rêve" au moins les deux heures réglementaires exigées pour un parfum aujourd’hui.
Chez ces messieurs, actuellement, vous prendrez bien de la lavande métallique (qui rappelle le rasage du matin dans la salle de bains quand on se réveille ou le déodorant), un peu de fruits chimiques (de gel douche) et de vanille (car c’est pas parce qu’on est un mec un vrai qu’on n’est pas fun !), des bois ambrés (pour rappeler avec force que, "P’t@€, on est là quoi !", "comme avec le déo Axe quoi"...) et, au début, pour amplifier la fraîcheur, un effet "crevette séchée" (rejeton de la calone des années 90 qui doit également augmenter l’impression d’être "trop fun gars et qu’le parfum, il est trop frais !").
Pourquoi les combos Sirop ou Bonbecs aux Fruits + Fleurs Délavées + Bois "Blancs" + Patchouli Ectoplasmique + Vanille + Caramel + Muscs ET Fruits Chimiques + DHM Lavandé métallique (agressif comme un concert de Métal !) + Effet Caloné Huîtreux + Bois-Qui-Piquent (pour encore augmenter le son du concert !) sont-ils devenus récurrents aujourd’hui ?
Comme je le disais tout à l’heure, Patrice s’est interrogé pour savoir si ce n’est pas la recherche du plus petit dénominateur commun qui pousse à ce résultat. Les seuls bois ambrés, la seule vanille, les muscs seuls ne suffisent plus. Il faut le "brunch olfactif permanent en flacon". La partouze pourrait-on presque dire. Mais, qui dit quantité ne dit pas forcément qualité, en parfum comme ailleurs. Bref...

 

"Cheap Frags" (par le rendu d’une seule matière "pauvre" dans ses effets qui phagocyte le rendu de la composition comme 1 Million ou par celui de plusieurs matières toutes "pauvres" dans les ressentis évoqués comme Invictus ou tant de féminins actuels trop nombreux pour les énumérer...), "Junk Frags" (qui renvoient à de la nourriture addictive industrielle qui shoote le cerveau au plaisir du sucre... et de la graisse ?), "Fast Frags" (aussi vite oubliées qu’elles auront été achetées) et "Porn Frags" (terme issu du cinéma à propos des films d’épouvante ou thrillers gore dans lesquels tout est déballé vite fait mal fait fissa sans perdre de temps en préliminaires) me paraissent autant de termes malheureusement justifiés pour cette parfumerie qui ne devrait pas quitter les emballages en plastique de pots de yaourts ou de bombes métalliques dont elle ne devrait pas s’évader... Parfumerie qu’on nous présente trop souvent à la fois de manière obscurantiste en même temps que prétentieuse comme étant tout un ensemble de choses qu’elle n’est pas en réalité. On la présente comme belle, onéreuse dans ses moyens, innovante. Ce que, malheureusement, trop souvent, elle n’est pas.
En fait, j’ai l’impression qu’après l’invasion des floraux musqués insignifiants américains, on connaît une nouvelle période dans laquelle les parfums ont peur ou honte d’être des parfums. Ils sentent à peu près tout, mais trop intensément de rien, afin d’obtenir des résultats maximaux aux tests consommateurs tout en ne risquant surtout pas d’incommoder qui que ce soit. Alors, il faut un petit peu de fruits sucrés, des fleurs printanières imperceptibles, du patchouli refractionné inexistant, des bois blonds cadavériques, quelques muscs doudou lessiviels d’adoucissants, le tout devant être suffisamment présent pour qu’on les détecte sur touche tout en étant pas trop présent pour éviter toute remarque désagréable.
A cela, s’ajoutent les tripotées d’arômes incongrus et indigents en parfumerie fine où le mélange des genres règne avec la parfumerie fonctionnelle, où les mêmes produits produisent les mêmes effets, mais, pas au même prix ! L’Oasis Tropical, moi, je le bois et j’assume, je ne me verse pas la bouteille de deux litres sur le corps ! ^^
Quand on me demande quel "parfum de vieille" je porte aujourd’hui, je réponds invariablement qu’il s’agit 1 - d’un parfum de qualité car il a probablement l’avantage de ne pas être trop "cheap" dans le rendu lui ; 2 - d’un parfum qui sent le parfum, et non les arômes industriels de lessiviers ou aromaticiens alimentaires. Les Haribo, c’est en bouche, pas vaporisés sur le corps... ^^

 

Jeanne, merci encore une fois pour ce dossier hyper pertinent qui parvient à établir un état des lieux sans concession de la parfumerie d’aujourd’hui et qui évoque au travers d’exemples précis, comme avec l’inspiration faite au travers d’Axe, des points que tu avais déjà soulevés dans ton dossier à propos de "L’obscurantisme des parfums". (Et, ainsi, la boucle est bouclée par rapport au dossier précédent ; il y a comme une continuité... ^^)
Avec toi, j’ai souvent l’impression de parvenir à avoir une vision plus large, à gagner en hauteur.
Dommage que ce qui ressort de ton dossier soit une évolution plutôt pessimiste. Mais, quoi qu’il en soit... Bravo pour le boulot !
Et puis, là, il s’agit d’une certaine parfumerie. Mais, heureusement, parfois - trop rarement ai-je envie d’ajouter -, de belles choses nous séduisent dans le vacarme des médiocrités actuelles. Plus souvent en niche qu’en parfumerie grand public (bien que la première, afin de survivre, applique de plus en plus les "tics" de la seconde avec des tarifs trop élevés et des produits "accessibles" pour ne pas dire inintéressants). Trop souvent, la parfumerie parvient à proposer de jolies choses mais pour un prix bien trop élevé. Mais, heureusement, parfois, elle propose de belles choses tout en changeant d’axe en refusant de rentrer dans l’Axe. #jeudemotstoutpourriTE ^^

 

En espérant que ces quelques digressions, pas si hors-sujet que cela, nourrissent un peu le débat et soient utiles. Mes propos, parfois fortement imagés, doivent être pris avec une bonne dose d’humour, même s’ils relatent une certaine réalité. ;-)
Bonne soirée.
Opium

 

PS : Aujourd’hui, je porte l’Eau de Narcisse Bleu. Je n’en n’ai pas parlé auparavant tant cette création me semble évidente. Et, cela me rappelle que, même si parfois (souvent ?), notre nez est mis à rude épreuve, il y a encore aujourd’hui quelques rares merveilles qui font tout oublier, même les Teisseire. ^^

NB : Et Vive l’odorat ! Et Vive la révolution olfactive Barmassa et tou(te)s. (Mais, en douceur, pas besoin de verser de sang pour cela...) ;-) *musique wagnérienne*

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par Jicky, le 30 septembre 2013 à 23:16

Amen

 

 

 

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par AdRem, le 30 septembre 2013 à 23:41

Corinthiens 2 4:18
(Vive le parfum !)

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par Jicky, le 30 septembre 2013 à 23:45

Whoa AdRem, j’ai du faire ma recherche Google, et je suis admiratif !

C’est tout à fait ça

 

Vive le parfum =)

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par Tubéreuse, le 3 octobre 2013 à 22:39

C’est bien de critiquer Opium mais il faudrait aussi essayer d’ apporter des propositions de solutions... Cependant, je suis assez d’accord avec toi. Selon toi, que devraient faire les parfumeurs pour que la parfumerie de demain s’améliore ?

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par Opium, le 4 octobre 2013 à 01:31

Bonsoir Tubéreuse.
Bienvenue sur auparfum.
Je pense que, depuis deux ans et demi, en contribuant à ce site durant des heures par semaine (voire par jour), je contribue déjà un peu, modestement, à ma manière, avec quelques écrits que je tente de rendre les plus justes possible, à tenter d’expliquer pourquoi tout ne va pas si bien qu’on nous le conte. Je ne vais pas non plus me mettre à flinguer toutes celles et tous ceux qui portent des daubes et bouses cosmiques ! !! !!! (Pourtant, parfois... ^^)
Et, oui, c’est bien de critiquer. Cela évite qu’on continue à nous répéter comme c’était le cas auparavant que les parfums ne sont jamais reformulés ("Mais, c’est votre nez madame qui ne sent plus pareil et votre peau qui a changé !"...), qu’il n’y a que des beaux et bons matériaux dans les flacons. Quand j’ai l’occasion d’en discuter avec des publics divers, ne pas laisser certaines erreurs ou choix de mots avoir lieu : Non, Amyris chez Francis Kurkdjian, par exemple, n’est pas original ; Lumière Noire pour femme, la Cologne pour le Soir ou l’Absolue pour le Soir, eux, sont des parfums qui possèdent, qu’on les aime ou non, cette qualité.
Auparfum est, peut-être, auprès de certain(e)s au moins, avec bien d’autres blogs fort utiles, un moyen de lutter contre l’obscurantisme qui règne encore trop souvent dans le domaine du parfum. C’est pourquoi je suis fier de tenter, tant que je peux, d’y contribuer avec mes maigres moyens...
C’est peu, mais, c’est déjà un début.
La pédagogie, consacrer du temps, montrer qu’éprouver le beau, même si cela est moins immédiat que le facile, n’est pas si exigeant, et que cela peut apporter des plaisirs immenses. Ceux que j’éprouve encore bien souvent avec des parfums. Malheureusement, de moins en moins souvent en parfumerie grand public. Et, non, je ne m’avouerai jamais vaincu contre un système qui considère que ce qui est mieux ne doit être accessible que pour certain(e)s, bien loti(e)s et qui ont les moyens de débourser deux cents euros pour un flacon.
Mais, contre les tests consommateurs, cela sera-t-il suffisant ? Je ne sais pas, seul le temps le dira.
(Et vous, que faîtes-vous en dehors de m’interpeller dès votre premier message assez peu cordial aurai-je envie de dire ?... Mais, non, je n’ai pas le temps !!! Il est toutefois assez blessant de s’investir durant des années et de découvrir ce genre de message, comme si ce qui avait été fait auparavant ne comptait pour rien.)
Opium

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par barmassa, le 4 octobre 2013 à 07:09

Ne sois pas blessé Opium, Tubereuse a peut être été un peu maladroite pour son premier post, mais rien de méchant.Continue à nous ravir, de plus ton érudition est indispensable à la qualité de ce site.Très bonne journée à toi(même si tu t’es couché tard !)

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par AdRem, le 4 octobre 2013 à 21:37

Ami Opium merci d’aimer les ivrognes que nous sommes dans le monde des senteurs : vos critiques ont de la lumière en elles et guident nos pas dans le monde parfois ténébreux des parfums où se cache le bonheur olfactif que l’on traque un peu confusément...Merci :)

("Nous recherchons tous le bonheur, mais sans savoir où, comme des ivrognes qui cherchent leur maison, sachant confusément qu’ils en ont une" : je vous offre cet Aphorisme de Voltaire ( mon Dieu, mon Maître ^^) pour "décoder" mon habituel style "crypté" (cf.ci dessus) ^^ )

Portez vous bien Opium...Et dans l ’attente je rêve de billets écrits pour "au parfum" sur "Route de Vétiver", " Vétiver Les Nombres d’Or", "Chypre Rouge", "Standard", "Eau Sento",... :)

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par Opium, le 6 octobre 2013 à 19:40

Bonsoir AdRem.
Bel aphorisme que celui de Voltaire.
Si je tente de guider quelques pas, c’est motivé par celles et ceux qui, comme vous, donnent envie de le faire.
Votre message a bien été reçu. Grâce à la lecture de celui-ci, il semble qu’au moins un des parfums que vous citez devrait, dans les prochains mois, trouver sa place sur aupafum grâce à un de nos contributeurs, invité pour l’occasion. Mais, lequel, par qui et quand ? Mystères et boules de gomme... ^^
Merci beaucoup pour votre message qui incite à garder énergie et lumière. ;-)
Bonne fin de journée et bon début de soirée.
Opium

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par Opium, le 6 octobre 2013 à 19:39

Bonsoir Barmassa.
Merci pour ton message. "Erudition", peut-être, mais comme beaucoup ici et jamais assez en tous les cas. ^^ "Indispensable", je ne sais pas, qui l’est finalement ? Mais, "utile", au moins un peu ici, ça oui je l’espère... ;-)
Merci encore pour ton message et soutien.
Bonne fin de week-end.
Opium

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par Louve, le 5 octobre 2013 à 10:25

Bonjour Opium,

Vos avis sont une référence pour moi, tout comme le sont ceux de Jeanne, de Jicky, et des autres rédacteurs de ce site passionnant. Ils me rendent plus exigeante, plus critique, et, surtout, m’aident à mettre des mots sur des ressentis, ce qui n’est pas facile quand on débute sa vie de perfumista !! Ils sont de plus si bien écrits que vous lire est un véritable plaisir... Merci infiniment...

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par Opium, le 6 octobre 2013 à 19:41

Bonsoir Louve.
Merci beaucoup, en mon nom propre mais également au nom de tous les contributeurs de ce joli site qu’est au parfum et tout particulièrement au nom de sa fondatrice, pour votre message qui, lui aussi, m’/nous insuffle de l’énergie. Vraiment. ;-)
A très bientôt.
Opium

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par Tubéreuse, le 6 octobre 2013 à 00:03

Bonsoir Opium, tu critiques les bébés de parfumeurs qui sont nés après des mois ou des années de travail alors je pense que moi aussi j’ai le droit de critiquer un peu ton texte que tu as du écrire en 30 mins ou 1h max !
Avec de belles et onéreuses matières premières naturelles, tu peux faire de la daube et dans la parfumerie niche il y a aussi pas mal de copies.
Invictus par exemple n’est en effet pas très original mais je crois qu’il se vend très bien...
Un parfum trop créatif se vendra mal car les consommateurs le jugeront trop différent des autres et ils le rejetteront même s’il possède de nombreuses qualités.
La parfumerie de masse ou niche, c’est du business avant tout ; c’est vrai qu’on nous prend pour des cons, mais ça marche et très bien même ! alors pourquoi changer les choses ?
Dans la musique, plus c’est stupide, mieux ça fonctionne (exemple : Psy, Gangnam style) et la parfumerie c’est un peu pareil...

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par Vol de Nuit, le 6 octobre 2013 à 00:50

Merci a Opium pour son travail impressionnant d’analyse (il n’est pas le seul ! Merci aux autres aussi) ses avis, ses conseils eclaires et aussi, sa courtoisie et sa grande gentillesse.

Je pense que lorsqu’il ecrit un article, cela lui prend beaucoup, beaucoup, beaucoup plus que 30 minutes ou une heure !...

Parce que c’est documente. Precis. Ce n’est pas juste une critique. C’est un travail de fond. Constructif.

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par Opium, le 6 octobre 2013 à 19:42

Bonsoir Vol de Nuit.
Merci aussi à vous pour vos compliments quant à mes qualités ou aux rédactions et au travail fourni, je n’ai plus qu’à virer pivoine moi. Ils me touchent. Sincèrement. Y a pu qu’à tenter d’être à la hauteur maintenant... ;-)
Bonne fin de journée à vous.
Opium

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par Patrice, le 6 octobre 2013 à 01:12

C’est qu’à la base, le problème vient bien du consommateur, puis les marques et les services marketing ont amplifié le fait que tout le monde veuille sentir la même chose, en voulant chacun lancer le parfum qui marche chez le concurent. Un cercle vicieux en somme, qui existe depuis bien longtemps, certes (après le N°5, tout le monde a voulu son aldehydé au début du 20ème siècle) mais la nouvelle place du parfum, son évolution en tant que produit de consommation courante plus qu’un produit de luxe a fini par l’achever.
Ensuite, critiquer le texte d’Opium parce que peut être vous vous sentez directement concerné, et parce qu’il ose critiquer des produits qui ont été mis au point pendant des mois (parfois on se dit que pour de tels résultats, ils devraient y passer mois de temps, au final ce serait pareil, et ils gagneraient encore plus d’argent - perfume is business, and business is business) je trouve ça vraiment ridicule, car en fait vous avez le même comportement que celui qui vous gêne chez lui. Ça sent la rancoeur puante.
Et je reviendrais surtout sur ce point : "La parfumerie de masse ou niche, c’est du business avant tout ; c’est vrai qu’on nous prend pour des cons, mais ça marche et très bien même ! alors pourquoi changer les choses ?". Si vous êtes un professionnel du parfum (sinon je ne vois pas pourquoi vous vous acharneriez comme ça sur ce sujet) eh bien je peux vous dire que tenir un discours comme celui-ci, ça fait peur... C’est déprimant même. La parfumerie serait donc décidément bien morte. Pathétique que l’on se complaise dans une optique de profit, en laissant de côté ce qui fut un artisanat, un art, un savoir faire.
Et pour l’anecdote, vous êtes la troisième personne que j’entends dire, mot pour mot, la même chose suivante : "la parfumerie c’est du business avant tout". La première était une évacuatrice d’une grande société de composition, la seconde personne aussi travaille dans une grande société et c’est une amie qui m’a rapporté ce propos. Le plus déprimant, je crois, c’est de voir que même à ce niveau, les bras sont baissés depuis longtemps, et bien bas.
Comme le dit si bien une personne que j’estime : "travailler dans la parfumerie quand on aime le parfum, c’est comme travailler dans un abattoir quand on aime les animaux". J’ose encore croire qu’il existe un espoir.
Et vous Tubéreuse, vous seriez prêt/prête à vous contenter des daubes infâmes qui emplissent actuellement le marché ?

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par Tubéreuse, le 6 octobre 2013 à 01:50

Ca fait peur et c’est déprimant mais c’est la réalité ! je vous rassure, j’aime le parfum et j’en suis même passionné. Bien sur que non, je ne me contente pas de toutes ces daubes infâmes ! Il faudrait beaucoup moins de lancements et plus de qualité. Je suis peut être pessimiste mais la parfumerie ne va pas dans le bon sens.

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par Newyorker, le 6 octobre 2013 à 04:30

Tubéreuse,
L’agressivité avec laquelle vous avez tenté de faire passer vos deux premiers messages ne vous honore pas et vous dessert, c’est vraiment dommage. Les critiques et analyses d’Opium sont l’œuvre d’une personne parfaitement rodée, qui connait la parfumerie, son histoire, ses rouages, ses ressorts et ses enjeux sur le bout des mouillettes. Alors oui, les merdes marchent, faut il être fataliste pour autant ? Je ne le pense pas, bien des choses sont encore possibles. Mais comme Patrice l’a souligné précédemment, les "torts" sont partagés et les origines du problème sont multiples.
Nous tentons tous, rédacteurs et internautes, avec nos petits moyens, et à notre échelle de défendre le beau parfum, et d’expliquer pourquoi les choses ne vont pas, de manière constructive et en proposant des solutions justement, en aiguillant les consommateurs. Nous dénonçons les supercheries, informons des reformulations pour éviter les pièges et les déceptions. En France, on éduque au goût, alors ça oui, ça y va, les livres de cuisine occupent la moitié des rayons de la Fnac, mais on n’apprend pas à sentir, ce sens est aujourd’hui malheureusement trop délaissé, comme mis en veilleuse, alors qu’il est porteur d’émotions immenses. Les plaisirs gustatifs et olfactives se confondent de plus en plus, le sujet a déjà été largement évoqué sur ce site. Combien de personnes connaissent l’odeur du jasmin ? De la tubéreuse ? Du bois de santal ? Du vetiver ? En tout cas la médiocre parfumerie grand public a engendré le développement purulent des marques alternatives, qui ont bien entendu flairer le filon. Et alors ? On doit à Serge Lutens et Frederic Malle certaines des plus belles créations des vingt dernières années. Concernant les piètres reformulations, les consommateurs les plus avertis ne s’y trompent pas et se tournent depuis une dizaine d’année vers le marché fleurissant du vintage, sur ebay notamment. Pourquoi payer 100 euros un parfum qui sent comme votre gel douche, quand vous pouvez vous payer pour moins cher un Diorissimo en extrait des années 70 ? Evidemment ça n’ a pas plu à LVMH qui a interdit la vente de ses produits en 2009 sur ebay.fr
Les grands groupes ont ruiné et saccagé l’héritage des plus grandes maisons de parfum françaises à force de reformulations effrénées, de sorties compulsives, de rentabilité à court terme, de baisse des coûts. Un nivellement par le bas qui s’est radicalisé ces quinze dernières années. On a détourné le propos du parfum et délaissé ses qualités intrinsèques au profit d’une publicité putassière, misant tout sur la sensualité, la sexualité, la gourmandise et le jeunisme. Ces marques ont délaissé leurs plus beaux chefs d’œuvre jugés vieillissants, qui, sans publicité, se meurent. Mais certaines maisons croient encore en leurs classiques, comme Chanel ou Guerlain. Et les ventes de Shalimar ou du N° demeurent fleurissantes. De belles créations comme Terre d’Hermès ou Dior Homme ont aussi réussi à s’imposer et seront les classiques de demain.
Les parfumeurs eux mêmes ont leurs torts. Alors oui, on le sait, ils doivent répondre aux commandes, ils n’ont pas le choix etc. Mais au delà de ça, certains d’entre eux sont peu sensibles à la question des reformulations ou, au mieux, prennent ça pour un défi à relever, ils ne défendent même pas leur profession. Ils sont peu nombreux aussi à être montés au créneau lorsque les différents amendements IFRA sont passés ! Alors oui, vous pouvez critiquer les commentaires écrits en "deux temps trois mouvements" et nous pouvons légitimement critiquer les parfums infâmes, de piètre qualité, qui détruisent la belle parfumerie et qui nécessitent apparemment des mois, que dis-je, des années de développement. Non, Invictus n’est pas seulement un "parfum peu original", il est le reflet de tout ce qui ne va pas en parfumerie masculine depuis plusieurs années, comme l’a admirablement bien analysé Jeanne. Je connais des apprentis parfumeurs qui en une semaine sont capables de créer de très belles choses et qui possèdent une vraie vision esthétique et artistique. J’ai hâte que ces personnes de talent arrivent à percer le petit cercle fermé très "dynastie" des parfumeurs, en espérant qu’elles ne se feront pas broyer et qu’elles puissent s’épanouir. J’ai entendu certains parfumeurs qui, pour parler de la grande parfumerie classique (que je défends plus que tout), utilisaient les termes de "vieille parfumerie avec laquelle il faut rompre". Certains ne connaissent même pas les grands classiques dans leur version originale, c’est sûr que ça ne fera pas avancer les choses. Je me pose aussi beaucoup de questions quant à la formation des futurs créateurs. Que leur apprend on vraiment ? Que cherche t-on à leur inculquer ? Comment développe t-on leur culture et leur créativité ? De mon côté, je continuerai à rêver grâce aux plus grandes créations de la parfumerie, anciennes ou contemporaines. Il se fait tard, je vais me coucher, en portant quelques gouttes d’Après l’Ondée en extrait, que les règlementations européennes ont tué.

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par Poivrebleu, le 6 octobre 2013 à 09:37

Bonjour Tubéreuse,

J’ai voulu vous répondre hier soir, mais j’étais dans mon lit à l’heure où j’ai lu les derniers commentaires. Je crois que pour un baptême sur Auparfum, vous tomber vite dans le vif du sujet ! Ca pique un peu, mais c’est aussi le jeu ici ! ^^
Je voudrais simplement ajouter ma petite contribution à ce qui a été dit très justement par Opium, Patrice et Newyorker.
La parfumerie, quoi qu’on en dise, et quoi qu’on veuille nous faire avaler, n’est pas l’équivalent de l’industrie laitière (pour prendre un exemple). En tout cas, pas pour les passionnés que nous sommes, et que vous êtes aussi j’en suis sûre. Et c’est bien en continuant de s’insurger contre la mascarade qui se déroule gentiment sous nos yeux que des sites sur le sujet comme Auparfum mais aussi bien d’autres blogs se sont lancés.
Le parfum mérite qu’on le défende, qu’on en parle, qu’on le partage, qu’on le tire vers le haut et que l’on dénonce ce qui l’appauvrit et le rend terne. Si la niche prend aujourd’hui un chemin qui peut nous décevoir sur certains côtés, le regain d’intérêt que les marques de ce secteurs ont connus il y a environ 6 ou 7 ans coïncide avec l’ouverture de sites sur le parfum. Je ne sais pas dans quelle mesure les passionnés influencent la parfumerie, et à vrai dire, je ne me fais pas trop d’illusions. Mais je crois tout de même que de temps en temps, nous ne parlons pas dans le vide. Je crois que certaines de nos initiatives portent leurs fruits (L’Olfactorama par exemple).
J’ai pendant un temps eu le plaisir de travailler chez Frédéric Malle : combien de clients ai-je entendu me dire que la parfumerie grand public les décevait ? Combien m’ont dit qu’il n’en pouvait plus de ces parfums sans personnalité, sans tenue, sans forme et sans sillage ? Et je précise que ces clients n’étaient pas forcément des lecteurs ou lectrices de blogs, simplement des gens qui aiment le parfum pour beaucoup plus de choses que pour celles qu’on tente de nous le vendre aujourd’hui.

Des solutions à vrai dire, je ne sais pas si nous en avons d’autres que celles-ci : faire entendre notre voix, garder notre passion intacte et ne pas céder aux sirènes du business sans broncher. Bien sûr qu’il faut faire du business, bien sûr qu’on ne peut pas tout changer. Mais changer un peu les choses, c’est déjà bien. Faire découvrir et montrer la voie des immenses plaisirs que procurent l’odorat (sensuels, esthétiques, intellectuels, et oui, spirituels) sont je le pense une partie de la solution.
Ce n’est pas dans mes habitudes de souhaiter la bienvenue, car c’est bien plus souvent Opium et Jicky notamment qui le font. Je ne suis bien souvent qu’en sous-marin :) Mais j’espère tout de même que vous trouverez ici, dans les échanges, les dossiers et les critiques, une certaine respiration, une autre façon de voir et aussi une fraîcheur qui saura vous convaincre que certes, la parfumerie ne va pas dans le bon sens, mais qu’elle a encore vraiment de belles choses à offrir ! Alors Bienvenue !

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par Opium, le 6 octobre 2013 à 19:44

Bonsoir Tubéreuse et toutes et tous.
Jicky a répondu aussi de manière très intéressante, comme vous tou(te)s, dans la nuit plus haut.
Je vais faire de même pour gagner en largeur et place.
A celles et ceux qui sont intervenu(e)s ici, et qui nourrissent ce site jour après jour : merci ! ;-)
A tout de suite...
Opium

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par Jeanne Doré, le 4 octobre 2013 à 21:13

Bonsoir Tubéreuse, bienvenue sur auparfum !

 

Je rebondis sur votre question, qui me semble soulever un point très important : "que devraient faire les parfumeurs pour que la parfumerie de demain s’améliore ?"

 

A mon humble avis, les parfumeurs n’y peuvent pas grand chose, quand ils ont la chance d’intégrer une maison de parfum (plus ou moins prestigieuse) ils se doivent d’apprendre les règles qui régissent l’industrie, et cela revient grosso modo à entretenir le nivellement vers le bas...

 

S’ils tentent de se battre contre ces règles, de défendre leur convictions, et créer les parfums auxquels ils croient vraiment, ils prennent des risques pour leur carrière...

Quand ils ont le courage d’être indépendant, ou l’opportunité de devenir parfumeur maison, ils ont sans doute plus de liberté, même s’ils ont souvent moins de marge de manoeuvre et restent moins exposés au grand public.

Alors doit-on pour autant conseilleur à tous les pafumeurs de monter leur propre marque au nom de l’amélioration de la parfumerie ? Cela me semble un conseil un peu déplacé.

 

Par contre, je continue de croire (peut-être naïvement !) que les échanges sur les blogs parfums contribuent peut-être à cette amélioration en éveillant la curiosité des consommateurs et leur permettent de faire des choix plus personnels et non pas uniquement dictés par le marketing.

(Je pourrai éventuellement conseiller aux parfumeurs de venir s’exprimer sur auparfum :)

 

D’où la nécessité d’être critique, sans pour autant apporter des solutions ! Les critiques de cinéma donnent rarement des conseils aux réalisateurs pour améliorer leurs films :)

 

L’art est toujours critiqué, c’est aussi ce qui en fait la valeur.

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Farnesiano

par Farnesiano, le 30 septembre 2013 à 13:40

Bien évidemment ! Mais quid de la formation des vendeuses !? Toujours trop jeunes, trop jolies, obsédées par leur look, et la plupart du temps incompétentes. Ne parlons pas de culture et de mémoire olfactives. Ni du sourire commercial, mi-carnassier, mi-méprisant. Avec elles, le parfum est toujours soit frais, soit épicé, soit ambré, point. Jamais l’évolution du parfum ne sera évoquée, ni les sensations et les émotions qu’il pourrait faire naître en vous, au cours de cette lente et subtile évolution... Vive les petites boutiques, de province, où une dame d’âge mûr qui a connu Parure, Mystère de Rochas et Bal à Versailles, peut vous suggérer le parfum qui vous ira le mieux, celui qui vous rendra plus beau et plus heureux ; celui-là même qui pourra vous distinguer de (et dans) la foule. Oui, Newyorker, vous avez mille fois raison de la souligner : le discours est capital ! Et le temps...

Chez nous Belgique, on ne reçoit un échantillon qu’en achetant. Autrefois, l’échantillon, offert à la demande du client ou suggéré par la vendeuse, vous permettait de découvrir une création tout à votre aise et de s’en emparer ou non. Aujourd’hui, le mercantilisme le plus outrancier vous oblige à vous vaporiser un peu partout sur le vêtement ou le corps pour apprécier différentes fragrances.

Je suis toujours étonné du peu de connaissances des blogs, Auparfum e.a., chez les commerciaux. Ils auraient ou à nous connaître et nous lire.

Dernière chose : découverte hier de Bois d’Ascèse, recommandé il y a quelque temps par Opium. Quelle merveille, et surtout en plongeant dans cet automne... Farnesiano

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par AdRem, le 30 septembre 2013 à 22:07

Ami Farnesiano où se trouve cet avis d’Opium sur Bois d’Acése ?
Ce que je peux en dire ? Il y a 2 mois je suis partit sentir les parfums de la belle modiste australienne inconnue avec beaucoup de préjugé...et n’en attendant pas grand chose...honte à moi !!!
Ce Bois d’Acèse est depuis devenue ma fumée rêvée, une fumée 100% bois du début à la fin...sans ces notes "vanillées" détestées retrouvées dans la XIIIIème Heure ou dans Patchouli 24...un vrai bonheur.
Je l’ai porté sur moi aujourd’hui. En passant ce soir près de la station Étienne Marcel (pas très loin d’ Arôma Parfums) j’ai découvert une boutique qui ne vend que des cigarettes électroniques et où en lettres de néon blanc peut se lire le slogan maison "Smoke Different"...Et j’ai sourrit bêtement...à l’intention d’une belle modiste : "Chapeau bas ! Madame..."
(reste que plus de 2€ le ml...c’est presque prendre Chanel pour une modiste/couturière "discount" !!! :( )

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par Farnesiano, le 1er octobre 2013 à 10:25

Bonjour, AdRem, c’est dans le billet Coup de coeur sur Cuir Ottoman qu’Opium me répondait, le 22 août à 11h23, à propos des créations hors normes de qualité, les mots suivants, je le cite :
"Enfin, parfois, heureusement, certains prennent encore des risques et tentent des choses osées. Cela laisse espérer parfois. Bois d’Ascèse de Naomi Goodsir fait partie de ces quelques rares parfums bien culottés." Opium

Fan des Corticchiato, je me lasse pas de sentir ses Cuir Ottoman, Ambre Russe, Fougère Bengale, Equistrius et autres Aziyadé. De magnifiques parfums à des prix raisonnables, c’est trop rare ! Soulignons-le. Bonne journée, AdRem. En congé cette semaine, je vais en profiter pour prolonger, malgré un petit rhume, mes explorations olfactives...

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AdRem

par AdRem, le 29 septembre 2013 à 15:12

Hello tous ! Les supermarchés restent l’accès le plus facile à la parfumerie pour le plus grand nombre et c’est une bonne chose. Reste que je suis fou de rage de voir que cette distribution/commercialisation "facile" nous offre de plus en plus des "produits faciles", vides de sens voir puants :(
Parlons de moi (c’est le sujet que je maitrise le mieux...enfin je crois !) pour mieux comprendre ma colère...
Mon petit Paradis se nomme Naantali. Le plus souvent possible, je prends l’avion vers Turku pour retrouver mes cousins qui ont fait le choix de rester vivre dans cette "Vallée de la Grâce" en Finlande. Si vous nous aviez demandé enfants ce qu’était un parfum, nous aurions probablement répondu "la forêt, la fumée des séchoirs et le sauna". Des années plus tard je reste toujours émerveillé par les notes boisées et fumées.
Adolescents la salle de bain de nos pères sentait le "Brut" ou le "Old Spice"...et s’était formidable de partager avec eux un moment intime, masculin avec l’appentissage des gestes du cérémonial du rasage...et l’ "après-rasage" en touche finale.
Au-delà de ces codes matinaux, se parfumer ("à la française" disait ma mère !) nous semblaient tout autant un luxe inaténiable qu’un geste intimidant (intime) voir transgressif...au point où acheter un "parfum" (ces déodorants ou ces eaux de toilette pour homme) à la supérette du coin avant un rancard relevait d’un moment aussi privé que honteux...comme acheté notre premier "Playboy" !
Nos Nez ont grandits (aucune référence sexuelle ! ) et Jeunes Adultes "émancipés/révoltés" nous nous parfumons enfin "à la française", cultivant notre différence olfactive et notre identité "d’étrangers" (les racines françaises jamais oubliées de nos grands-parents) : les Grands Magasins à Helsinky nous ont offert la possibilité de s’habiller Chanel, Yves Saint Laurent,... ( au grand désespoir de nos mères qui trouvaient que cela est un peu trop !....c’est vrai que le visuel de pub de M7...ne nous avait pas beaucoup aidé :) )
Aujourd’hui, Adultes, c’est presqu’avec dégoût que nous respirons l’air qui s’échappe des nouveautés en bouteille : ni plaisir, ni rêve, ni transgression..."tous à la même hauteur" (comme un rêve démocratique qui vire au cauchemar du "meilleur des mondes")...et à ce prix je regrette le "Brut" et le "Old Spice" de notre enfance...
A mon neveu qui depuis son iPhone m’appelle à l’aide, ne trouvant même plus en grande distribution son "Roadster" de Cartier, le M7 (revisité) ou le London for Men, je reste presque surpris que "Spice Bomb" existe...("Oublie la Grenade" tapé sur SMS pour le rassurer...un peu).
Si je suis en colère c’est que j’ai vécu des années loin des circuits de distribution des parfums de rêve et qu’aujourd’hui je me retrouve adulte avec ces offres de masse délirantes qui propose de plus en plus du "Playboy" (ou "Playgirl" !) de supérette aux prix du luxe !!!
Me voici donc en "Niche" (où le pire peut aussi y faire son nid) pour trouver le "prix du rêve" et c’est un crève- cœur de voir mes cousins presque aussi isolés de "ce plaisir à la française" que nous l’étions dans notre jeunesse. Mais heureusement grace à internet et ses e-boutiques mon neveu s’habille tous les matins avec "Iskander" de Parfum d’Empire ou "Still Life" d’Olfactive Studio...au grand plaisir de sa mère (surprise !), de son compte bancaire (surprise en niche !!!) et de son oncle...
Et si l’Iris de Lutens devient disponible en import...tant mieux pour toi Niko ! (même si je ne suis pas certain que ta mère soit aussi enthousiaste ^^ )

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par Jicky, le 29 septembre 2013 à 17:34

Oh la la comme vous faites rêver avec la description des odeurs de votre pays d’enfance ! (Sans indiscrétion : vous habitez toujours en Finlande ou vous êtes en France ?).

 

C’est vraiment horrible de voir que Roadster n’est plus distribué là bas :( pour le coup lui ne descend pas d’un déo Axe !

Pour la niche, je pense qu’il faut faire gaffe aussi. Mais c’est vrai qu’hormis quelques trucs vraiment fumeux, genre les Amyris de Kurkdjian, on est rarement dans le trickle up/down, c’est à dire l’inspiration entre parfumerie fine et parfumerie fonctionnelle. Ainsi, si certaines niches sont faciles d’accès, voire nulle et sans intérêt, on tombe rarement dans le déo cheap (hormis quelques trucs, comme je le disais). Et encore plus rare, si on voit souvent des gels douches inspirés de Coco Mad, Flower and co, rares sont les produits inspirés de la niche (en fait, je ne vois que Mûre et Musc qui a inspiré bon nombre de savons et autres gels). Bref, pourquoi je parle de ça moi ?

 

J’aime beaucoup vous lire m’sieur AdRem !

Et vivement que ledit Niko craque pour ISM ! #NouveauFidèle

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par AdRem, le 29 septembre 2013 à 18:16

(Je vis à Paris actuellement...avec bonheur...Pour un amoureux des parfums vivre ici c’est comme Rome pour un curé de paroisse !!!! Et j’adore aussi vous lire Dr Jicky :) )

Je trouve qu’Internet en nous offrant des circuits alternatifs de distribution est un vrai lieu "créateur" et de "liberté" pour le parfum loin des clichés de la grande distribution : je regrette ainsi de n’avoir pu comme vous participer à l’aventure "collaborative" d’Olfactive Studio au casting sans faute et qui offre aux consommateurs un final olfactif incroyable... 5 réussites sur 5....chapeau bas !!! J’attends la suite.....

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