Auparfum

Protection intellectuelle du parfum, vers un changement ?

par Jeanne Doré, le 24 décembre 2014

Quand une juriste parle de la protection intellectuelle du parfum, on retrouve quelques poncifs pas vraiment réactualisés : « Grasse, connue comme la capitale mondiale des parfums ». Et des constats, disons, un peu dépassés : « Des maisons centenaires comme Galimard et Fragonard doivent désormais se partager le marché avec les plus grands noms de la mode ».

Elle nous rappelle cependant à juste titre que « la fragrance d’un parfum, qui procède de la simple mise en œuvre d’un savoir-faire, ne constitue pas (…) la création d’une forme d’expression pouvant bénéficier de la protection des œuvres de l’esprit par le droit d’auteur ».

Mais on apprend aussi que certaines cours d’appel ont récemment critiqué cet arrêt, invoquant par exemple que « la création de parfums - dès lors que la fragrance était originale – pouvait être comparée au travail d’un artiste et donc protégée par le droit d’auteur. »

Avec la globalisation de l’industrie, et sa facilité à reproduire des formules, la juriste évoque alors le risque croissant de "contrefaçons olfactives" si les formules ne sont pas mieux protégées, avec comme conséquence une fuite des capitaux, une baisse de la création, « une activité moins concentrée sur le lancement de nouveaux produits que sur la production de pâles imitations à bas coûts », et au final, une délocalisation de la production.

Alors, est ce que la crainte d’une baisse de profit saura enfin convaincre les législateurs européens d’offrir à la parfumerie une réelle protection intellectuelle digne de ce nom ?

Lire l’article sur le Journal du Net.

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par Nicolaï, le 25 décembre 2014 à 00:41

Je me dis que si la protection intellectuelle doit protéger la parfumerie, elle devrait tout autant protéger la création culinaire. De grands chefs, cuisiniers, pâtissiers, ne méritent-ils pas, à ce moment là, le qualificatif de créateur pour certaines de leurs pièces ? Cela revient in fine à questionner, je crois, la notion d’auteur aujourd’hui. Pas si évident.

Bon Noël à tous

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potra

par potra, le 24 décembre 2014 à 17:37

Merci Jeanne, un peu d’espoir pour Noël c’est un joli cadeau :-)
Si on pouvait par la suite être protégés aussi des reformulations...

J’en profite pour souhaiter un très beau Noël parfumé à toute la rédaction et aux lecteurs :-)
Potra

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par Memories, le 24 décembre 2014 à 13:15

Merci pour cette info Jeanne : une petite lueur d’espoir dans une période où l’on peut se poser des questions sur l’avenir de la (bonne) parfumerie....

Cependant, pour moi, le problème important du droit d’auteur reconnu au créateur (le nez) reste toujours un peu en retrait.Je n’ai jamais, pour ma part, accepté que ce créateur n’ait plus son mot à dire une fois le parfum lancé, alors que les marques sont propriétaires du nom de la fragrance et peuvent reformuler ou modifier celle-ci comme elles l’entendent....

L’un des exemples qui m’a le plus touché est celui de Dior homme créé en 2004 par Olivier Polge et modifié ensuite au gré des humeurs de Dior pour des fragrances, certes encore correctes, mais qui n’ont plus qu’un rapport lointain avec l’idée créatrice du nez....

A mon humble avis, jouer ainsi pour des raisons commerciales avec la formule d’origine équivaut à la même contrefaçon que les jus "dits correspondants" qui sont lancés sans vergogne par des maisons douteuses.

Effectivement, la beauté d’un parfum réside dans sa formule et c’est cette dernière qui doit être protégée.Mais, pour cela, il me semble que le créateur doit avoir son mot à dire.Espérons que la jurisprudence des Cours d’Appel ira aussi dans ce sens.

Bon Noel à vous.

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par Doblis, le 24 décembre 2014 à 14:20

Tout à fait d’accord avec vous.
Pour moi, la plus honteuse des "copies" est quand même Angel de Thierry Mugler, très librement "inspirée" de Nirmala de Molinard...
Et qui a perdu le procès en copie ? Molinard qui a dû reformuler son magnifique Nirmala pour en faire un produit dénué d’intérêt maintenant.
Pitoyable...

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par billieH, le 24 décembre 2014 à 15:09

Je pense aussi à la copie de Pink Sugar d’Aquolina par Candy de Prada...

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par Noenrys, le 24 décembre 2014 à 16:39

Aryse, ton exemple me renvoie à un autre parfum, toujours chez Dior. Et pas des moindres puisqu’il s’agit du fameux J’Adore. A sa création, c’était un beau floral-fruité, avec des notes vertes en tête, un beau fond boisé. Aujourd’hui, les notes vertes ont disparu depuis longtemps, et chaque nouveau flacon acheté ou offert me donne la sensation d’un parfum de plus en plus lourd et gras, sentant le monoï, la fleur de tiaré. On est très loin de la fragrance d’origine créée par Calice Becker, et massacrée par François Demachy...

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par potra, le 24 décembre 2014 à 18:00

Bonjour Aryse, Doblis, BillieH et Noerys,

Aryse et Noerys je partage complètement votre point de vue sur le problème des reformulations, et je trouve qu’effectivement une véritable reconnaissance des parfumeurs en tant qu’auteurs serait une grande avancée.

Au sujet des copies, je pense qu’il faut quand même rester prudents, et garder à l’esprit qu’on ne peut pas complètement éviter des inspirations.
Ce qui apparaitra semblable à un nez sera complètement différent pour un autre, par exemple pour moi Candy ne ressemble pas du tout à Pink Sugar (ou alors de loin, avec un rhume ^^), à la limite LVEB en serait plus proche (une version ultra-intense).
Pour le scandale Angel/Nirmala, je m’étais laissée dire que Nirmala n’avait à l’origine rien à voir avec Angel et a été reformulé pour le copier. J’ai quand même du mal à imaginer comment le procès aurait pu avoir cette issue si ce n’avait pas été le cas... Et aussi du mal à imaginer un parfum de ce genre sortir en 1955.

Bon réveillon à tous,
Potra

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par Doblis, le 25 décembre 2014 à 01:21

Bonsoir Potra.
Je pense qu’en 1955 on était tout à fait capable de sortir des parfums gourmands ou opulents.
Shalimar est bien sorti en 1925.
Paris de Saint-laurent me faisait beaucoup penser à Orval de Molinard également.
Je trouverais ça un peu gonflé de reformuler son propre parfum pour faire un procès en plagia d’une autre marque.
Quand à votre remarque sur les grands chefs, je suis tout à fait d’accord. Sauf qu’eux, en grande majorité, font des livres de cuisine où ils nous livrent leurs recettes... Alors qu’ils ne viennent pas se plaindre après. Lol.
J’ai cru voir également un nez livrer ses formules dans un livre.
Joyeux Noël parfumé à toutes et à tous.

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par potra, le 25 décembre 2014 à 11:21

Bonjour Doblis,

Je suis bien d’accord qu’il y avait de la gourmandise avant Angel, mais de manière aussi radicale et assumée (avec de bonnes doses de maltol/ éthyl-maltol), je pensais qu’Angel était le premier. Après je n’ai connu Nirmala ni avant, ni pendant, ni après l’affaire que je n’ai pas du tout suivi, je ne peux donc évidemment pas témoigner personnellement, mais je me disais que pour que Mugler ait remporté le procès (je croyais d’ailleurs que c’était Mugler qui avait attaqué ?) face à un parfum sensé être sorti bien avant Angel, le dossier devait être solide ?

La remarque concernant les grands chefs n’est pas de moi, je n’avais pas du tout envisagé cet aspect là, mais effectivement la question mérite d’être posée. Dans la cuisine il n’y a pas que la composition qui compte, la liste des ingrédients ne suffit pas à copier, et la distribution est forcément limitée, je trouve du coup que la démarche de vendre des recette a tout son sens !

Joyeux Noël à vous :-)

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par billieH, le 25 décembre 2014 à 22:43

Bonsoir Potra. Pour moi c’était une évidence la copie de Pink Sugar par Candy. C’est au minimum un hommage très appuyé...le côté caramel est pour ainsi dire identique. Mais je suis peut être enrhumée. À vérifier donc...Bonnes fêtes de fin d’année

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par potra, le 25 décembre 2014 à 23:07

Bonsoir BillieH,
En fait dans Candy ce qui me saute au nez c’est le benjoin, puis la signature irisée poudrée des infusions, il est en effet très caramelisé. Pour moi Pink sugar est un caramel beaucoup moins cuit, plutôt du sucre en fusion à peine coloré.
Mais je comprends aussi qu’on puisse leur trouver un air de famille, je pense que c’est juste que nous focalisons sur des facettes différentes de ces parfums. Parfois on perçoit très fort certaines notes qui nous empêchent de sentir le reste du parfum (pour moi ce sont les bois ambrés de l’Homme idéal, qui mangent le reste au point que ce qui m’est venu à l’esprit en le sentant c’est Invictus :( ... je me doute pourtant qu’il sont bieeeen différents pour presque tout le monde).
Bonnes fêtes à vous aussi !
Potra

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par billieH, le 26 décembre 2014 à 08:31

Bonjour Potra, je vous suis volontiers pour le benjoin de Candy. Benjoin joliment vanillé que l’on ne trouve pas dans Pink Sugar, mais il lui faut un peu de temps pour se révéler sur ma peau. À l’ouverture, je ne sens que le caramel ! J’ai porté plusieurs fois Pink Sugar mais j’en suis incapable aujourd’hui. Candy est peut être un peu plus consensuel...En tout cas, je le répète pour moi, l’hommage est évident. Sinon, il me semble plus que normal de protéger les créations des nez. Considerons légalement la parfumerie comme un art ! Pour avoir mis le nez dans cette problématique il y a peu de temps pour un concours de la conservation du patrimoine, je suis étonnée que ce ne soit pas encore le cas ?
Merci beaucoup Potra pour votre retour, je suis toute nouvelle sur ce site, ou plutôt de retour après de longues années d’absence...

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par potra, le 26 décembre 2014 à 17:57

Bonjour BillieH,

merci à vous de partager vos ressentis, c’est toujours très intéressant de lire les perceptions différentes d’un même parfum. Je connais mal Pink Sugar, mais effectivement Candy passe très bien à mon nez je peux le porter avec plaisir (ponctuellement, j’aime les gourmands mais mon appétit pour eux est limité), alors que Pink Sugar ne passe pas (trop pur sucre pour moi).

Je suis d’accord avec vous, il y a un gros manque de reconnaissance des parfumeurs, je trouve ça frappant qu’il semble normal de savoir de qui est la musique qu’on écoute/ le film qu’on regarde/... et d’ignorer qui est l’auteur de son parfum (moi la première, il y a encore beaucoup de parfums dont je connais la marque et pas l’auteur, je trouve ça dommage...).

Bonne soirée et bon retour ici alors :-)
Potra

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