Rose America
Une Nuit nomade
- Marque : Une Nuit nomade
- Année : 2017
- Créé par : Annick Menardo
- Genre : Féminin - Masculin
- Famille : Florale
- Style : Élégant
Inventer des fleurs
par Clara Muller, le 21 septembre 2018
Après une première collection aux senteurs exotiques, Une Nuit nomade se tourne vers le Nouveau Monde, poursuivant ses vagabondages olfactifs sur la côte Est des Etats-Unis pour passer Une Nuit à Montauk. Inspiré par une maison de vacances et son jardin face à l’océan, Rose America se veut de celles qui s’épanouissent au bruit du ressac, faites de sel, de vent et d’embruns.
Sans doute a-t-elle une couleur d’été, cette rose américaine. Dans le sol sablonneux, les grands rosiers marins exhalent l’odeur tiède et un peu enfermée des fleurs chauffées par le soleil. L’air mouillé, à peine salin, baigne le jardin où les roses ondoient doucement.
Les parfumeurs, comme les horticulteurs, ne cessent d’inventer des fleurs nouvelles, hybrides, plus singulières, parfois plus belles, que les naturelles. « J’inventerai pour toi ma rose, autant de roses... » [1] Annick Menardo emmêle ainsi dans Rose America les charmes de la reine des fleurs à ceux de l’œillet dont les facettes onctueuses et épicées réchauffent et poudrent l’accord floral. Des trainées d’héliotrope prolongent la texture poudrée, tandis que le rayonnement de la graine d’ambrette traverse les efflorescences, cisèle la composition et permet d’éviter l’uniformité d’un trop plein de pétales. En arrière plan, des notes moussues suggèrent les algues qui s’accrochent aux rochers au delà du jardin.
Étonnamment, le parfum semble ne reposer sur aucun fond mais demeurer une forme en suspension, flottant sans lest ni support. Il perd même peu à peu en densité et en saturation, comme délavé par la brise.
Ravissant, Rose America éveille une douce nostalgie, comme des souvenirs d’été conservés sur film Super 8. Et si les roses sont éphémères, celle-ci ne fait pas exception. Fugace, son parfum disparait, épuisé de soleil, emporté par le vent du large après quelques heures de plaisir trop brèves.
[1] Louis Aragon, « J’inventerai pour toi la rose », Elsa, 1959
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