Auparfum

Ex Nihilo surgit de nulle part dans Paris

16 décembre 2013, 13:20, par Poivrebleu

Je dois avouer que je suis très déçue par cette nouvelle marque. La plupart du temps, j’ai tendance à être un peu trop enthousiaste et emballée à chaque fois que je découvre une nouveauté, peut-être parce que j’ai encore envie de croire à une bonne surprise. Malgré un accueil très agréable, une boutique vraiment magnifique et un concept qui, en dehors du prix, se tient relativement bien (mais j’y reviendrait plus bas tout de même), le principal, le fond, ce pourquoi on entre dans une boutique de parfum a priori n’est pas au rendez-vous : les fragrances. Sur le plan olfactif, Ex Nihilo ne présente rien qui n’ai déjà été fait par d’autres maisons, donc autant dire que là-dessus le pari est raté, d’autant plus que les parfums manquent quand même FRANCHEMENT de profondeur, de rémanence, de tenue, de sillage. Ce n’est pas que ces éléments ne sont pas présents, c’est simplement qu’ils sont très moyens. Et pour 260€ (ou 280 je ne sais plus), cela fait un peu cher le millilitre. Est-ce la clientèle moyen-orientale qui est visée ? Parce que là je pense qu’il va falloir mettre un peu plus le pâté pour les attraper...

Un point tout de même sur le concept. Je ne reviendrai pas sur l’argument du "c’est tout nouveau, ça n’a jamais été fait", car c’est faux, je le sais, tu le sais, on le sait, la terre entière est au courant que rien de ce qui est dans cette boutique n’est réellement nouveau, donc c’est pas grave. La forme du packaging existe déjà chez Frédéric Malle et Profumum Roma. Les appareils pour découvrir les fragrances grâce à de l’air pulsé sont directement inspirés de celles de IUNX 200m plus loin. Le fait de peser le parfum sur place et de le mettre en flacon au moment de l’achat n’est pas nouveau Le Labo le fait déjà depuis quelques années maintenant. Même le fait de rajouter dans une base (les parfums donc) une matière première (ou 2) n’est pas nouveau puisqu’il joue sur l’illusion du parfum unique, personnel, que personne n’a, dont moi seul(e) ait la formule secrète, bla bla bla, déjà vendue par d’autres marques/maisons/organismes. Une utopie qui n’en fini pas de me hérisser les poils, tant cet élément est un mensonge et un attrape-nigaud. Les parfumeurs de Givaudan qui ont créé ces jus doivent le savoir, rajouter dans une formule une matière première même en petite quantité suppose généralement de revoir la formule de façon globale. Et cette règle est d’autant plus vraie que les matières proposées sont des naturels, autant dire des éléments qui sont susceptibles de renverser totalement l’équilibre d’une formule. Bien sûr, les bases existent en parfumerie, et souvent les parfumeurs travaillent de cette manière pour gagner du temps : on crée un socle que l’on aime et avec lequel on est à l’aise, et on construit dessus son parfum, mais généralement avec plus d’une seule matière. Mais donc, si je résume, chez Ex Nihilo soit les parfums seuls ne sont pas équilibrés, soit on nous vent des bases. Ni plus ni moins (ou alors expliquez-moi). Et ça, c’est clairement quelque chose qui m’ennuie.

Enfin, deuxième élément qui a le don de m’énerver : la pesée et la mise en flacon sur place. Qui sont ces gens, qui se prétendent être des professionnels de la parfumerie, pour nous vendre "la fraîcheur" et la "qualité" d’un parfum parce qu’il est fait sous vos yeux ? Ces "professionnels" sont donc bien mal renseigné sur la réalité des parfums et la nécessité de laisser le concentré prendre sa place dans l’alcool avant de pouvoir exprimer au mieux son potentiel. Cette tendance à l’hyper-fraîcheur est une hérésie pour le parfum. On ne parle pas de légumes ou de fruits frais ici ! Les règles ne sont pas les même et connaître son métier c’est aussi avoir conscience de ces choses là. Je fais remarquer au passage que c’est un reproche que je faisais déjà à la maison Le Labo, chez qui d’ailleurs je n’ai jamais rien acheté en partie pour cette raison. Oui, le parfum va maturer dans mon flacon, je sais (et d’ailleurs, ça m’ennuie parce que je vais devoir attendre avant de le porter), mais si moi je le sais, est-ce le cas des autres clients ? Pourtant, personne ne leur dit. Et je rajouterai que cette tendance à l’immédiateté, à l’urgence, à la consommation limite névrotique est une tendance qui non seulement m’énerve, mais que je trouve en plus dangereuse. Pourrait-on un instant se reconnecter avec la réalité et comprendre que les choses ne se créent pas en un claquement de doigt ?

Bref, le bleu de l’escalier a beau être somptueux et presqu’envoûtant, je ne suis pas charmée. La machine est certes impressionnante, je ne suis pas convaincue. Je suis déçue et fatiguée. C’est dommage, pour une création de marque, qui ne vient, une fois de plus qu’ALOURDIR le paysage déjà hyper saturé des marques de niches inutiles et futiles.

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