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Anima Dulcis

Arquiste

Flacon de Anima Dulcis - Arquiste
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Âme Baroque

par Samuel Douillet, le 22 mars 2018

Au début de l’année 2013, je découvrais à peine le monde des fragrances, que je me retrouvais déjà dans une boutique de « parfums rares ». Là, je fis effectuer à mon nez ses premiers pas sur un terrain de jeux qu’il n’a toujours pas quitté.

J’eus là l’occasion de découvrir pour la première fois Anima Dulcis de la maison Arquiste. Mais au milieu des jeunes et rares repères que j’avais (Les Éditions de parfums Frédéric Malle, Serge Lutens, Diptyque), je l’oubliai très rapidement et passai à autre chose.
À l’époque, tout néophyte que j’étais, (je suis toujours néophyte, mais un néophyte plus vieux), j’étais surtout attiré par les odeurs violentes, animales, tranchant le plus nettement possible avec tout ce que j’avais pu expérimenter jusqu’alors (Muscs Koublaï Khan, salut à toi).
Sur le forum d’Auparfum, je reportais même qu’Anima Dulcis m’évoquait quelque chose de déjà-vu. Cinq années plus loin, je me replonge dans mes souvenirs en laissant une deuxième chance à cette création...

Comment évoquer cette création sans évoquer Arquiste, et comment mentionner Arquiste sans parler de son fondateur Carlos Huber ? Né au Mexique il n’y a pas si longtemps, bénéficiant d’ascendances aux origines diverses (Europe de l’Est, Espagne, Turquie, Grèce...), ce personnage sensible aux odeurs dès son plus jeune âge suit une formation académique des plus hétéroclites et enrichissantes : histoire de l’art en Italie, architecture à Paris, et restauration d’édifices historiques à New York. Ce copieux parcours universitaire lui permet de voyager, de découvrir le monde de l’intérieur et de faire des rencontres.

Au milieu des années 2000 ce sont celles de Yann Vasnier, et surtout de Rodrigo Flores-Roux, tous deux parfumeurs chez Givaudan à New York, qui le poussent - alors architecte pour Ralph Lauren - à imaginer une autre piste professionnelle, dans laquelle il pourrait explorer sa passion pour les parfums. Après une formation en parfumerie sur-mesure par Rodrigo Flores-Roux, mexicain comme lui, Huber pose les fondations d’une marque dont le nom même - Arquiste - mêlerait architecture et histoire pour proposer des plongées olfactives spatio-temporelles à vivre à même la peau.

Anima Dulcis est lancé en 2011. L’ouverture du parfum nous laisse deviner que l’ambiance va être chaleureuse, opulente et gourmande. En tête, une orange confite se mêle à une note épicée qui donne une épaisseur et un volume à la composition. Cet aspect, revendiqué tantôt piment tantôt chili, n’est pourtant pas "piquant" comme on serait tenté de le croire, mais bien doux et très ample, laissant un espace dans lequel s’exprimeront les autres matières. Car matières, il y en a foule, elles se bousculent dans cette orchestration baroque : herbes aromatiques, cannelle et cumin parlent un langage presque culinaire. À l’évolution, et sorti de nulle part, un surprenant jasmin solaire et généreux, totalement unisexe, emmène le tout vers des couleurs brun-orangées, avant d’appeler l’autre note-star d’Anima Dulcis : le cacao. Loin d’être amer, loin des facettes patchoulisées et terreuses qu’on peut rencontrer dans un Bornéo 1834, la célèbre fève mexicaine, ici, se fait douce, soyeuse, enveloppante et s’étire jusque dans la note de fond vanillée.

Nous avons donc une création gourmande, oui de cette famille olfactive qui inonde le marché depuis (trop ?) longtemps. Mais ici la gourmandise est traitée avec soin ; cette âme douce ne verse pas dans l’overdose de sucre, mais au contraire se met au service de la composition toute entière comme un fil rouge qui se déroule avec naturel, cette petite idée autour de laquelle se tissent toutes les autres matières.

Si par défaut ce parfum est labellisé comme un "oriental" , c’est plutôt dans le Nouveau Monde qu’il puise ses origines. Précisément à Mexico, à l’intérieur d’un couvent du XVIIe siècle gardé par des nonnes descendantes des plus aristocratiques conquistadors espagnols. Carlos Huber, qui a fait de ce couvent son sujet de thèse à l’université de Columbia, a imaginé la restauration de cet édifice et s’est plongé dans son histoire. Féru d’anecdotes et de détails croustillants, il découvrit que ses occupantes cuisinaient des recettes innovantes où se mêlaient les ingrédients de l’Ancien et du Nouveau Monde. Un chocolat épicé, pour placer le curseur sur l’Amérique centrale, est accompagné par une vanille goûteuse. Avant d’être récoltée sur l’île Bourbon (la Réunion actuelle), la gousse fut pendant longtemps la spécialité du Mexique. Les nonnes préparaient ainsi leur recette locale "megada de Jesus Maria" , un dessert imaginé au carrefour de tous ces ingrédients aux origines diverses, puis passaient dans la cour du couvent où fleurissait le jasmin envoûtant.

En replaçant Anima Dulcis dans son époque, on s’aperçoit qu’il introduit en quelque sorte la tendance des parfums gourmands dans le marché de la niche. Dries Van Noten (2013), El Born (2014), Noir Exquis (2015) et Baptême du Feu (2016) ont tous exploré les notes gourmandes, décidément dans l’air du temps.

De 1695 à 2011, la boucle est bouclée. S’il ne plonge pas forcément son utilisateur dans cette ambiance vieille de 320 ans, Anima Dulcis réussit le pari d’observer le passé avec un regard moderne, et d’en emporter un morceau pour le garder avec soi.

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par Garance, le 25 mars 2018 à 09:14

Merci pour cette critique, qui donne vraiment envie de plonger le nez (et presque la bouche !) dans cette création. Pour ma part, je ne peux malheureusement pas la sentir, car je ne vais à Paris qu’une fois par an à peu près. Savez-vous comment je pourrais obtenir des échantillons ? Il me semble en effet que la seule boutique qui vend ce parfum à Paris n’a pas de site de vente en ligne, et que la boutique de Bordeaux propose des échantillons de cette marque, mais pas de ce parfum.
Sinon, l’orange confite et le chocolat, pour moi c’est l’Elixir des Merveilles un parfum que je trouve à la fois réconfortant et plein de caractère, ces deux aspects étant finalement assez rarement réunis. Anima Dulcis et L’Elixir ont-ils des points communs ?

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par ghost7sam, le 26 mars 2018 à 12:56

Bonjour Garance,
le plus simple à mon avis est de téléphoner à la dite boutique et leur demander des échantillons. Ils seront probablement ravis de vous faire découvrir la jolie ligne Arquiste.
Vous me donnez quant à vous, l’envie de re-découvrir l’Elixir des Merveilles, dont je n’ai absolument aucun souvenir. Je reviendrai ici vous dire ce que j’en pense.
— 
peace

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par Aberystwyth, le 31 mars 2018 à 17:30

Bonjour ghost7sam,
Je viens de ressentir l’Élixir des Merveilles en comparaison avec l’Eau des Merveilles et l’Ambre des Merveilles. Si vous connaissez l’Eau, on pourrait résumer rapidement (c’est un essai, je ne sais pas vraiment faire "vite") en disant que l’Élixir est un peu plus masculin, à cause de la présence de bois, ce qui donne une petite note étrange mais pas désagréable de mousse à raser. À ce que je sache, Hermès le positionne néanmoins comme un parfum féminin (mais sincèrement, je trouve qu’aucun des opus de la série des Merveilles n’est genré). L’Ambre des Merveilles en comparaison est bien plus gourmande, et aussi plus puissante, je trouve. Elle garde ma préférence, mais je me demande si l’Eau ou l’Élixir ne seraient pas plus portables (moins écœurants par temps chaud).
Je n’ai pas senti Anima Dulcis, il est introuvable autour de chez moi, mais je le garde dans un coin de ma tête. Je ne peux donc pas vous éclairer sur une quelconque ressemblance. En attendant, j’espère que ma petite comparaison vous donne envie de retenter cette très jolie gamme (et quels flacons aussi !).

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par ghost7sam, le 4 avril 2018 à 13:02

Bonjour Garance & Aberystwyth

Je viens de sentir L’Elixir des Merveilles, puisque c’est lui qui était comparé à Anima Dulcis. Il y a effectivement dans les premières minutes quelque chose qui rappelle l’ouverture de notre Arquiste : la note orange conjuguée à l’accord ambré du coeur donne une impression de cacao.
Mais cet effet ne dure que quelques minutes : alors que Anima Dulcis déploie ses atours pimentés puis son gros jasmin, L’Elixir des Merveilles retourne plutôt au thème de sa grande soeur avec le scintillant de son accord minéral/animal.
Je trouve aussi que les deux intentions sont assez divergentes : AD est chaud, tropical, déshabillé. L’EdM respire le chic très français de la maison (même s’il cache bien son jeu).

Je vous invite à le découvrir, AD n’est ni hyper original ni vraiment inoubliable, mais c’est une personnalité qui donne un immense plaisir à qui veut bien la rencontrer.
— -
peace

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Demian

par Demian, le 22 mars 2018 à 19:31

Ah ! Enfin un oubli et une injustice réparés ! Je suis entrée dans l’univers de Carlos Huber et d’Arquiste avec Anima Dulcis. Le coup de foudre a été immédiat. Et je ne m’en suis jamais lassée, contrairement à mes autres coups de foudre. Oui, on peut faire des parfums "gourmands" sans sombrer dans l’outrance, l’overdose de glucose qui risque de nous rendre diabétique à chaque pulvérisation. Bizarrement, sur ma peau, le chocolat est plutôt amer. J’ai eu Ella pour mon Noël. Un des plus beaux chyprés contemporains, même si c’est un hommage parfaitement réussi aux années 70. Ma prochaine acquisition, L’Etrog : agrumes et dattes. Une très belle maison qui utilise des matières premières de qualités et qui crée des parfums magnifiques avec une tenue exemplaire. A mon humble avis, dans un marché surchargé où on ne sait plus où donner de la tête tellement Il y a de (médiocres) sorties, le plus beau rapport qualité/prix du marché.
Merci pour cet article.

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par Demian, le 22 mars 2018 à 19:38

Dans mon enthousiasme délirant, j’ai oublié de mentionner Aleksandr, ma combinaison violette et cuir préférée toute marques confondues.

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par ghost7sam, le 26 mars 2018 à 13:16

Bonjour Demian, merci pour vos impressions.

J’ai senti Ella bien trop vite pour réellement en apprécier la valeur, c’était à l’Olfactorama 2017. Trop de parfums, pas assez de temps... C’est un oubli que je dois corriger au plus vite, car je n’en ai entendu parler qu’en bien.

Quant à l’Etrog, c’est le premier Arquiste que j’ai senti ; il est inspiré par le cédrat et nommé d’après son nom hébraïque. La datte et la myrte font référence, avec le cédrat, à la fête juive de Soukkot, pendant laquelle toutes ces espèces (avec aussi le saule) sont réunies, chacune ayant son propre sens relatif à la fête.
Ayant maintes et maintes fois frotté mes doigts contre la peau d’un cédrat, j’ai été un peu déçu par le parfum, qui bien sûr ne reproduit pas l’odeur du froissement de l’écorce. Mais il est normal que le parfum s’éloigne de la reproduction pour en tirer une interprétation.

Enfin, Aleksandr, que j’ai aussi senti à la va-vite il y a plus de 3 ans, me fait vraiment de l’oeil...

— -
peace

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simba

par simba, le 22 mars 2018 à 18:11

Une bien belle critique qui donne envie de découvrir les parfums Arquiste. Je lorgne, notamment, sur Ella.

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par ghost7sam, le 26 mars 2018 à 13:17

Bonjour Simba et merci pour votre post. Voyez, une personne de plus qui est attirée par Ella :-)
— -
peace

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Farnesiano

Farnesiano

a porté Anima Dulcis le 19 septembre 2021

Le parfum, à l’instar du rêve, n’est rien d’autre que l’imagination de la mémoire, ici mise en flacon.
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