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Beautiful

Estée Lauder

Flacon de Beautiful - Estée Lauder
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Brides just want to have fun

par Aurélien Caillault (PoisonFlower), le 2 octobre 2014

Dans le film culte Muriel, l’héroïne éponyme passe ses journées à rêver au jour de son mariage en écoutant ABBA. J’imagine sans mal qu’elle aurait été particulièrement sensible aux différentes publicités de Beautiful, qui ont toujours mis en scène de ravissantes et sages jeunes femmes posant dans des robes de mariée dignes des princesses de contes de fées.

Il suffit cependant de respirer Beautiful pour se rendre compte qu’il possède heureusement plus de complexité et de relief que l’univers simpliste déployé par la marque pour présenter le parfum et surtout appâter toutes les femmes un tant soit peu fleur bleue de la planète.

Le rose tyrien de la boîte annonce d’ailleurs doublement la couleur. Bien sûr, conformément au souhait de Lauder de trouver un écrin à une fragrance définie comme romantique, c’est d’abord un rose qui évoque la féminité et la douceur. Mais dans le même temps, on peut aussi le percevoir comme une teinte flashy à la limite du mauvais goût et du kitsch, comme un clin d’œil à la robe de Madonna (empruntée à Marilyn) dans le clip de Material Girl, qui passait en boucle sur MTV l’année de la sortie du parfum, ou pire, à la couleur fétiche de feu la reine des romans à l’eau de rose, Barbara Cartland !

A l’image du rose chamarré de l’emballage, Beautiful s’ouvre sur un cassis haut en couleurs : vert et fruité, légèrement incisif, il est habillé de quelques inflexions citronnées.
Puis, place à une association verte/épicée de muguet et de lys qui annonce le morceau de bravoure, un gros bouquet ensoleillé aux tonalités vertes et orangées (jasmin, fleur d’oranger) avec en vedette la tubéreuse, séductrice et plantureuse comme à son habitude mais avec cette fois une certaine tendresse.
Enfin, le fond boisé (santal, vétiver) légèrement ambré confère à l’ensemble un fini sensuel et moelleux.

Si je devais résumer la façon dont je perçois Beautiful, je dirais qu’il sent LE parfum pour femme tel que je me l’imaginais enfant : ultra-fleuri, sucré, opulent, le tout dans une ambiance très fille, très rose où coquetterie et bonne humeur sont les reines incontestées. Pour la subtilité, on repassera, mais il a, comme beaucoup de fragrances de ces années-là (je pense notamment à d’autres tubéreuses : Giorgio, Ysatis et dans une certaine mesure Passion de Goutal), une belle exubérance un peu criarde, pour ne pas dire un côté cocotte, qui le rend réellement attachant et lui évite aussi de tomber dans la niaiserie du bouquet floral fade qui ne prend aucun risque.

Au final, Beautiful ne peut-il attirer que les jeunes mariées inoffensives, auxquelles Lauder s’acharne à le destiner ? Dieu merci, non. Il est vrai que sa facette florale suave est tout à fait à même de leur plaire et les rendra belles à coup sûr le jour J, mais la note plus sexy et extravertie de la tubéreuse charmera de façon plus générale et à coup sûr toutes celles qui recherchent un parfum aussi séduisant que souriant. Ces dernières pourraient très bien ressembler aux trois filles de la série Friends, aussi jolies que marrantes, qui, dans un épisode savoureux de la quatrième saison, ne trouvent rien de mieux à faire que d’enfiler chacune une robe de mariée pour passer le temps. Après tout, qui a décrété que les mariées, vraies ou fausses, ne pouvaient pas s’amuser ?

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ana

par ana, le 3 octobre 2014 à 18:56

Encore une délicieuse critique. Merci PoisonFlower. J’adore cet angle de la marieuse...
Je le vois comme parfum d’une jeune femme des années 80 au début 90, joyeuse et optimiste, très WASP, toute en jambes, avec ses cheveux blondes parfaits et grand sourire rempli de dents toutes aussi parfaites qui joue au tennis dans un Country Club, tout en portent son petit collier en perles...Oui, je sais, un stéréotype ; des jeunes femmes qui ont un semblant de carrière avant de se marier avec un jeune homme issu de milieu privilégié et définitivement arrêter de travailler pour s’occuper des œuvres caritatives. Qui à ce moment la passent au Chanel. Vers la quarantaine elle portent Shalimar lors de leurs abats torrides avec le jeune jardinier hispanique...je me suis en peu laissé emporter.
Oui, c’est définitivement une jeune femme...et je suis aussi plus que d’accord avec Jeanne sur son charme innocent d’ancienne cheerleader. Je dirais que Beautiful parle aussi de sa nature essentiellement matérialiste et conformiste que nous, des Européens, pouvons trouver vulgaire. C’est vrai que c’est la nation qui n’a pas honte de exprimer ouvertement leur passion pour argent, pouvoir et réussite sociale.
C’est que un point de vue, parmi d’autres.
Beautiful est si, hm, américain. Et ça a son charme...4*
Je l’aime pour sa joie exubérante et proprette en même temps, mais aussi sulfureuse (elle a bien connu le vestiaire de joueurs de foot avant la cabane de jardinier... ;-))

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par PoisonFlower, le 4 octobre 2014 à 13:00

J’aime beaucoup votre vision de Beautiful : on tient là les bases d’un excellent Woody Allen ! Reste à savoir si le réalisateur ferait basculer cette histoire de jolie épouse infidèle dans la farce ou la tragédie... Moi j’avoue avoir un gros faible pour ses films qui débutent comme des comédies pour mieux finir dans le drame : Crimes et Délits, Blue Jasmine ou le non moins excellent Match Point !

Pour ma part, j’imagine une fille romantique, un peu fofolle, un peu naïve, mais en même temps ambitieuse. Vous vous rappelez de Melanie Griffith dans Working Girl (dont on a déjà beaucoup parlé sur auparfum !) ? Voilà, c’est un peu à elle aussi que je pense en respirant Beautiful. D’ailleurs, à la fin du film, après avoir pris sa revanche sur sa patronne (Sigourney Weaver), on peut imaginer qu’elle piquera aussi à cette dernière (après lui avoir chipé Harrison Ford) son parfum, Shalimar. Et c’est là que nos deux visions se rejoignent en quelque sorte ! ^_^

En parlant de Guerlain, saurez-vous repérer le flacon qui se cache dans le clip de Material Girl ?

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par Anna, le 7 octobre 2014 à 21:40

J’ai regardé le clip de Material Girl sur YouTube au moins 5 fois et tout ce que je vois c’est le haut d’un flacon avec le capuchon(derrière le téléfon blanc sur la coiffeuse) qui ressemble au Coriolan, mais ce n’est pas possible, Coriolan est sortie plus d’une décennie après. Et tout à droite le fameux monolithe noir de Chanel, si je n’abuse pas...
Notre petite Working Girl, c’est aspergé avec Alliage ? Oh, zut, je ne me souvienne plus, mais il y avait un flacon de Magie Noire et First...et puis le dialogue avec le plâtre et la séduction au Shalimar est légendaire.

Oui, mon "Bautiful" fait penser au Woody Allen. Et c’est probablement sa faute. Quoi que je dise, Beautiful a un charme indéniable, j’avais même essayé de le porter. Ça donnait une plante verte dans la salle d’attente d’un dentiste. Dommage.
Et mes derniers essais avec Aromatics Elixir ne sont pas meilleurs, Estée a une bien meilleure tenue, incroyable mais vrai. Jolie mousse de chêne et la pâte de Bernard Chant chez les deux. Porter AE me donne envie de Knowing. Difficile la vie d’un parfumista...

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par PoisonFlower, le 7 octobre 2014 à 23:40

En fait, ce que vous voyez est le vaporisateur standard qui servait pour les eaux de Cologne dérivées des extraits (Shalimar, L’Heure Bleue, Chamade, Parure... etc.), ainsi que pour les "eaux fraîches" et "eaux de Cologne blanches" (eaux de Verveine, Fleurs de Cédrat, Impériale, du Coq). Seule l’étiquette de couleur qui figurait sur le dessous du flacon permettait de différencier les parfums (rouge pour Shalimar, vert pour Mitsouko... etc.).
On voit mieux à quoi il ressemble sur cette photo : http://thumbs4.ebaystatic.com/d/l225/m/msDEM2laCtjL16kUfB-RERg.jpg

Je n’avais pas fait attention à ce qui ressemble effectivement à un vaporisateur rechargeable Chanel (sans nul doute N°5, vu la couleur de l’étui). Bien vu !

Alliage, ah non, je n’ai pas parlé d’Alliage ! ^^ Oui, Melanie renifle les parfums qui se trouvent sur la coiffeuse de sa patronne, parmi lesquels Magie Noire et First, peut-être en essaye-t-elle d’ailleurs un, je ne me rappelle plus. Et oui, la scène avec le plâtre et Shalimar est cultissime ! Working Girl, c’est un peu le film culte d’auparfum en fait, non ?

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par Anna, le 10 octobre 2014 à 22:05

Non, vous n’avez pas parlé d’Alliage, mais moi. J’ai toujours pensé que Melanie s’est aspergé d’Alliage chez sa boss, avant de lui emprunter la petite robe noire pour faire un tour et rencontrer/piéger Harrison Ford dans un bar...mais, je n’ai pas vue cet film depuis des années et puis c’est pas mon genre non plus. Quand j’étais petite l’étui de n°5 me servait comme monolithe dans ma Odyssée dans l’Espace personnelle et Harrison Ford = Han Solo.
Et merci pour la photo de vaporisateur, c’est clair maintenant.
Et oui, Working Girl est film auparfumesque par excellence à cause de la scène avec le plâtre et Shalimar. A tel point que j’ai du mal à le porter sans y penser... ;-)
PS : Sigourney Weaver = lieutenant Ripley

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par Anna, le 10 octobre 2014 à 22:19

Oh, zut, posté avant avoir terminé... lieutenant Ripley en jette, alors elle peut garder son Shalimar tant qu’elle veut... :-)

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par Jicky, le 11 octobre 2014 à 03:01

Sigourney Weaver = Dieu
(= lieutenant Ripley)

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par Arpège, le 11 octobre 2014 à 21:15

Je crois bien que dans le film, Melanie G s’empare de Magie Noire (ancien flacon rond transparent et noir ) et appose dans son cou avec le bouchon, quelques gouttes du grand Lancome.

Je me souviens bien de First sur la coiffeuse et plus tard, dans la chambre de Ripley, sur sa commode, Shalimar. D’ailleurs elle le dit : "il adore Shalimar."

<3 Ze big peluche rapportee d’Autriche ...

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Jeanne Doré

par Jeanne Doré, le 2 octobre 2014 à 20:03

Beautiful a toujours évoqué pour moi l’odeur du bubblegum, avec à la fois un côté innocent, naïf, mais aussi un peu vulgaire, difficile à expliquer !
Il est indéniablement américain dans son esthétique, et il est d’ailleurs toujours dans le top 5 des ventes aux US.
Merci Poisonflower pour cette belle critique très imagée et colorée !

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par PoisonFlower, le 3 octobre 2014 à 01:31

C’est marrant, Beautiful peut être ressenti très différemment d’une personne à l’autre : tu y sens du bubblegum, d’autres du marshmallow, certains le considèrent comme une bonne grosse tubéreuse, d’autres comme un floral vert dans la lignée du 19... En lisant plusieurs commentaires/articles, je me suis souvent demandé si tous parlaient bien du même parfum !

Oui, il est toujours dans le top 5 des ventes, il était même encore n° 1 il n’y a pas si longtemps, cf. ton article sur les meilleures ventes US en 2008 (d’ailleurs, à quand un nouvel épisode de ton très instructif "Tour du monde des parfums" ?), avant que Coco Mademoiselle ne lui chipe sa place de leader. Coco Mademoiselle, qui est également désormais le parfum féminin le plus vendu au monde.

Un article intéressant qui célébrait les 25 ans de Beautiful : http://www.womanandhome.com/indulgence/heritage/Estee-lauder-still-beautiful-25-years-on

Et pour finir, merci ! :-)

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Farnesiano

par Farnesiano, le 2 octobre 2014 à 10:26

- Merci, PoisonFlower, pour cette belle et souriante évocation d’un parfum un peu décrié aujourd’hui mais qui garde ses romantiques afficionados. Deux fameux parfumeurs à la création de cet Nième opus d’Estée Lauder, deux noms dont j’apprécie quasiment toutes les créations. Mais s’il me fallait, personnellement, garder un Lauder-Grosjman, ce serait sans aucun doute SPELLBOUND, sorti cinq ans plus tard, et à mes yeux nettement plus inventif. Bouquet de fleurs et d’épices chaudes...
- Il me plaît qu’AuParfum régulièrement évoque et fasse la critique de tous ces parfums 80’s et 90’s qui ne quittent pas les étagères des magasins. Avec le temps, la plupart sont devenus des classiques. Nos racines, pour bon nombre d’entre nous. Merci !

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par PoisonFlower, le 3 octobre 2014 à 00:25

Ah oui, Beautiful est décrié ? C’est vrai que c’est un bon gros floral potelé pas très finaud, mais sa spontanéité, cette aura très "bonne femme", me le rend vraiment sympathique.

Spellbound... C’était encore le temps où Lauder faisait des lancements réussis de A à Z : communication, flacon, parfum, tout était cohérent, réfléchi, avec un parti pris olfactif... Une autre époque !

Moi aussi, j’aime l’idée de donner envie (essayer en tout cas) de découvrir ou redécouvrir ces "parfums du grenier", plus ou moins oubliés car les marques ont un jour décidé qu’ils n’étaient plus assez rentables pour continuer à les promouvoir à l’aide de la publicité ou leur accorder une visibilité minimum sur les étagères des parfumeries. Bon, il faut relativiser dans le cas de Beautiful, qui est peu connu de ce côté de l’Atlantique, alors qu’il n’a pas quitté le top 5 des parfums les plus vendus aux Etats-Unis depuis sa sortie il y a presque trente ans, comme l’a noté Jeanne.

J’aimerais bien un jour consacrer un article à l’Azurée originel (celui de 1969), mais j’ai peur que pour le coup il passe vraiment inaperçu sur le site, vu sa relative rareté. Bon, en France, c’est simple, il n’est pas vendu du tout. J’ai bien fait d’en commander un flacon il y a quelques mois sur le site français de Douglas, du temps où il existait encore...

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