Chamade
Guerlain
Les Classiques
- Marque : Guerlain
- Année : 1969
- Créé par : Jean-Paul Guerlain
- Genre : Féminin
- Famille : Florale - Orientale
- Style : Classique - Élégant
Souvent femme varie
par Aurélien Caillault (PoisonFlower), le 16 octobre 2014
Chamade. Comme souvent chez Guerlain, une belle fragrance commence par un joli nom. Dans le cas présent, celui-ci étonne par sa simplicité et tranche avec les intitulés poétiques (Après l’Ondée, L’Heure bleue, Vol de Nuit, Chant d’Arômes), les noms, surnoms ou prénoms à consonance exotique et/ou mystérieuse (Jicky, Mitsouko, Shalimar, Liu), qui prévalaient jusqu’alors pour les classiques féminins de la marque.
Ici, point de japonais ou de sanscrit, tout juste une référence au roman de Françoise Sagan, La Chamade, adapté au cinéma l’année précédant la sortie du parfum, qui brosse le portrait d’une jeune femme oisive, incarnée par Catherine Deneuve, dont le cœur balance entre le confort matériel que lui apporte un amant d’âge mûr et la fougue d’un autre plus jeune, mais sans le sou.
Cette manière plus directe de nommer un féminin, sans doute moins anodine qu’il n’y paraît, peut être considérée comme un signe d’émancipation de Jean-Paul Guerlain de la tutelle de son illustre grand-père, Jacques Guerlain, disparu en 1963.
Il avait en effet débuté en 1955 en collaborant avec son aïeul à la création du parfum Ode. Son premier féminin en solo fut Chant d’Arômes, lancé en 1962, sage fleuri aldéhydé chypré avec lequel il avait eu à cœur de ne pas décevoir l’auteur de Shalimar.
Pour Chamade, on peut imaginer que Jean-Paul Guerlain s’est senti plus libre pour créer et insuffler de la nouveauté au style Guerlain, qui avait besoin d’être renouvelé, après une longue série d’échecs successifs dans les années 40 et 50. C’est que le défi allait être de séduire une génération de femmes en quête de liberté et de modernité, au moment où la société française connaissait de profondes mutations suite aux événements de mai 68.
L’innovation a consisté en l’introduction pour la première fois en parfumerie d’une note fruitée délicate à manier, celle du bourgeon de cassis, à l’odeur verte et soufrée. Au lieu de chercher à l’arrondir, le parfumeur lui a associé un duo vert, acerbe et froid de galbanum et de jacinthe, qui impose une séduction distante.
Le cœur est plus classique, pour ne pas dire bourgeois, et fait s’épanouir un bouquet de jasmin et d’ylang-ylang, où la rose se fait aldéhydée, savonneuse, poudrée et annonce Nahema. Il fait le lien entre les notes vertes caractéristiques des années 70 à venir (que l’on retrouvera effectivement tout au long de la décennie, qu’elles soient poudrées, aldéhydées, rosées, chyprées ou même hespéridées : N°19, Rive gauche, Alliage, Private Collection, Cristalle, Eau de campagne...) et le fond ambré crémeux (vanille, benjoin, santal, vétiver) plus intemporel et typiquement Guerlain.
On ne s’en rend peut-être plus compte aujourd’hui, mais un vent de liberté souffle pourtant dans ce parfum. Avec sa succession de facettes et de styles différents, il renvoie bien à cette femme de la fin des années 60, qui refuse désormais de se laisser enfermer dans une case (ou dans sa cuisine...), qui veut tout autant être femme que maîtresse et avant tout maîtresse de son destin et de sa vie.
Je sais bien qu’il rendait paraît-il hommage à Brigitte Bardot, mais en respirant Chamade je retrouve davantage l’indépendance de Catherine Deneuve et ce n’est pas juste parce qu’elle a joué dans un film qui s’appelle La Chamade.
L’actrice a effectivement toujours su gérer sa vie de femme et sa carrière comme elle l’entendait, gardant la bonne distance avec son métier et ne donnant que ce qu’elle a envie de donner (notamment au niveau de sa vie privée), jonglant entre cinéma d’auteur et cinéma populaire, enchaînant les rôles de femmes fatales comme ceux plus ancrés dans la vie quotidienne, là où Bardot s’est à un moment donné retrouvée prisonnière de son image de femme sexy et candide.
Et puis dans La Sirène du Mississipi de Truffaut, sorti la même année que Chamade, belle à se damner en Saint Laurent, faisant tourner en bourrique Belmondo, auquel elle n’en finit pas d’échapper, elle est une égérie parfaite pour le parfum, dont elle restitue bien le côté insaisissable, changeant et complexe, voire les contradictions. Mi-ange, mi-démon, elle se révèle successivement dans le film souriante et inaccessible, épouse modèle et entraîneuse de boîte de nuit.
A l’image de l’héroïne de Truffaut, Chamade n’est pas facile à aimer : on l’admire, on l’idolâtre, mais tout en ayant conscience qu’on ne le comprendra jamais totalement et que tout ce que l’on éprouve à son égard ne sera pas forcément payé de retour. Si le masochisme des relations à sens unique vous parle, ce Guerlain est pour vous !
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par Anthea, le 2 avril 2016 à 11:21
Je porte aujourd’hui une version Eau de Parfum de 1983....je la redécouvre ce matin...charnelle, profonde, envoutante, enveloppante..déposée sur mon poignet il y à un tout petit quart d’heure je guette son évolution...
par Messapia, le 29 mars 2016 à 09:52
Chamade a des ressemblances avec Acqua di Melograno (Santa Maria Novella), lequel des deux est sorti en premier ?
par sofiV, le 16 mars 2016 à 17:17
Pour avoir rencontrer Jean-Paul Guerlain dans les années 90, je puis vous dire lui avoir posé une seule question : avait-il crée ce parfum, CHAMADE, pour une brune ou une blonde ?
.
.
Sa réponse : une Brune !
(Je suis blonde)
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par sofiV, le 16 mars 2016 à 17:18
J’oubliais, je le porte depuis 1976 ! l’année de mes 15 ans. Un coup de foudre.
par demian, le 16 mars 2016 à 19:30
Donc il ne l’aurait pas créé en pensant à Brigitte Bardot ?
NB je suis brune (on se console comme on peut...). Je l’ai porté pour la première fois en 1983, quand je me suis rendue compte que j’étais réellement amoureuse...
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par guillimot, le 15 janvier 2016 à 22:14
Bonjour,
je viens de découvrir Chamade et suis curieuse de connaitre l’expérience de personnes qui le connaissent bien, qui le portent ou l’ont déjà porté au quotidien. Je me régale avec Après l’Ondée dès les beaux jours depuis plusieurs années. L’hiver, j’évolue avec les Jardins de Bagatelle que j’aime beaucoup mais j’ai du mal à finir la bouteille de 100 ml offerte il y a au moins 3 ans (l’eau de parfum est un peu trop capiteuse pour moi, j’étais mieux avec l’eau de toilette). Des bouteilles de 50 ml me suffiraient. J’ai envie de changer. Chamade m’attire par sa douceur et la paix qu’elle exhale. J’hésite entre l’eau de toilette et l’eau de parfum mais il n’est pas facile de les tester sur le corps pour vivre l’évolution sur une journée. J’ai peur que l’eau de parfum soit un peu forte (j’ai eu une expérience difficile avec Jicky en EDP). Quelle tenue, quelle évolution de Chamade en eau de toilette ? en eau de parfum ? même si les sensibilités et les peaux sont très différentes... ? Merci d’avance pour vos retours.
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par Adina76, le 21 octobre 2016 à 13:05
Bonjour Guillemot,
Tant de mois après votre message, mon témoignage tombe peut-être à plat. Quoiqu’il en soit, Chamade est l’un des rarissimes parfums dont je ne me sois jamais lassée de la première à la dernière goutte du flacon. Je partage votre ressenti avec l’EdP Jicky qu’il m’est parfois arrivé de trouver étouffante l’été tant elle est "compacte" et dense. Mais jamais avec Chamade dont l’EdP est vraiment sublime. Chamade se distingue des autres grands Guerlain en étant peut-être moins balsamique. La vanille n’est pas au premier plan ce qui le rend pour moi beaucoup plus "confortable " ou - je l’avoue - moins écoeurant sur la durée que les pourtant magnifiques Heure bleue et autre Mitsouko.
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par guillimot, le 25 décembre 2016 à 23:15
Bonjour Adina76,
merci d’avoir pris le temps de me répondre. Votre témoignage est absolument le bienvenu, je le découvre à peine et j’apprécie beaucoup. L’eau de parfum n’est plus commercialisée depuis quelques mois. Je viens néanmoins de commander une des dernières recharges encore en vente sur le net. Au choix désormais le flacon Abeilles de 100 ml ou celui de 500 ml en EDT. L’extrait est toujours proposé à la vente.
Chamade m’appelle en hiver. Je trouve ce parfum très vivant, j’aime beaucoup son évolution et la chaleur qui se révèlent au fil des heures.
Merci également pour la comparaison avec Rouge Hermès, je suis bien curieuse d’aller le découvrir.
Belle fin d’année !
par amand, le 18 septembre 2015 à 12:01
je porte depuis ce matin Chamade en extrait… datant de 1998. Mon premier achat de parfum "vintage" chiné sur une brocante à Paris. Flacon de 7ml scellé, dans sa boîte d’origine, et bien conservé. Un parfum très délicat qui dure, dure… Dosé avec parcimonie, il est parfait également sur un homme qui porterait Après L’Ondée ou Calandre… Beau week-end à tous.
par Compte supprimé, le 9 mai 2015 à 17:10
Certains connaissent-ils la version homme ?
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par Jicky, le 9 mai 2015 à 22:48
Je l’aime bien cette version pour homme. Mais je l’aime aussi parce que je l’associe à un moment cool : je l’avais mise la première fois que j’ai vu Avatar au cinéma. C’était en décembre 2009, l’air était très sec et Chamade pour homme avait la fluorescence verte, violette et brune de son accord à la Fahrenheit qui a complètement collé avec le film. C’est un parfum dont on parle peu et, sans confiner au chef d’oeuvre, je trouve que c’est une jolie pièce.
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par Aloxe, le 10 mai 2015 à 09:44
Merci Jicky, de votre avis. Il est vrai que l’on en parle peu, éclipsé par Derby dans la même collection. Le départ m’a surpris par son côté vif, j’aime surtout le coeur de violette et la jacinthe, que je crois sentir plus, s’arrondissant. Chamade pour homme est présent, même si assez discret. Je vais le retenter ! Une belle idée de "floral masculin".
par Walkyrie, le 14 avril 2015 à 09:24
Bonjour,
Je me joins un peu tard à la discussion... mais je viens juste d’acquérir Chamade ! La première fois que je l’ai senti, j’avais été rebutée par la note du bourgeon de cassie. Mais là, avec le retour du printemps, j’avais envie d’un parfum vert un peu opulent, j’y ai repensé, l’ai testé, et cette fois... la magie a opéré ! Il a une évolution assez exceptionnelle sur peau, passant par toutes les facettes décrites justement dans l’article : il me fait penser tour à tour à Amazone, à Miss Dior Originale, à Nahéma, et même effectivement à Mitsouko en fond.
Que du beau monde. Et contrairement à ce qui est écrit dans l’article sur "Grand amour", je le porte au bureau, et personne ne me traite de mamie...
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par Walkyrie, le 7 septembre 2015 à 15:59
Bonjour. je fais amende honorable : un de mes collègues vient de me dire que ce parfum le dérange, que ça fait "mamie anglaise", genre pot pourri de salle de bain, "vieille instit’"... Je n’en reviens pas qu’on me dise que c’est ce parfum qui dérange, alors que je sors d’une période de Tubéreuses !
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par billieH, le 7 septembre 2015 à 16:17
Coucou Walkyrie, c’est n’importe quoi comme remarque ! Une fois, pour me venger d’une remarque débile de ce genre j’ai eu idée d’asperger le manteau d’une collègue de Sécrétions Magnifiques !! Je n’ai pas osé, je suis une gentille fille.
Je pense à vous, je vous envoie Une voix Noire dès demain après-midi !!
Par contre, pouvez vous me renvoyer votre adresse ? Je suis un peu débordée avec mes envois. Pour Memo, je vous tiens au courant ;) mais malheureusement je ne suis pas très enthousiaste ce qui explique mon silence sur la question.
Amicalement
Billieh
par Yohan Cervi (Newyorker), le 6 novembre 2014 à 22:55
Alors le coup de la libération des femmes vu par Guerlain à travers Chamade, ça me fait toujours bien marrer. Je pense qu’on se trompe quelque peu...Que ce parfum ait symbolisé, à son époque, l’émancipation féminine et la libération sexuelle, c’est possible, à la limite pourquoi pas(Bien que Chamade devait être essentiellement porté par des bourgeoises Auteuil - Neuilly - Passy),mais ce n’était pas vraiment le but des Guerlain, famille bourgeoise conservatrice. Dans le très beau livre "Parfums de légende" de Michael Edwards, on peut quand même lire les propos de Philippe Guerlain au sujet du contexte social et économique dans lequel naquit Chamade. "C’était une période splendide, intellectuellement et artistiquement. Il n’y avait pas de crise économique. Personne ne faisait attention à la guerre froide. Et pourtant, ces quelques années furent détruites en 1968 par l’insurrection des enfants gâtés. Nous travaillions sur Chamade pendant l’insurrection de 1968, mais la symbolique du nom ne vint que plus tard. Si la France n’avait pas été fermement dirigée à ce moment-là, nous aurions sans doute eu une révolution ou une guerre civile. Tous s’arrêta grâce à Charles de Gaulle. Le coeur de la France battait la Chamade. Pour nous, c’était la fin d’une époque". Alors, euh bon....
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par PoisonFlower, le 6 novembre 2014 à 23:49
J’ai peut-être été maladroit dans certaines de mes formulations, mais quand je parle de libération des femmes, c’est essentiellement pour resituer le parfum dans le contexte social de l’époque.
Est-ce que Guerlain souhaitait vraiment conquérir une nouvelle clientèle avec Chamade, c’est vrai que je n’en sais rien, même si je me dis que l’après-68 et l’impact que l’on peut estimer limité des précédents féminins imposaient sans doute d’inaugurer un nouveau style, que l’on retrouve d’ailleurs ne serait-ce qu’au travers des premières publicités papier qui présentaient des visions presque psychédéliques du flacon et de femmes nues, dessinées ou photographiées, sur fond de fleurs d’inspiration très "flower power".
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par Newyorker, le 7 novembre 2014 à 00:01
Bonsoir Poisonflower,
C’est vrai que les premières publicités papier étaient plus osées que ce que Guerlain avait pu proposer auparavant, et semblent parfaitement en lien avec la période post-1968. Ce sont certainement ces publicité et le nom "Saganesque" qui ont fait de Chamade un parfum dans l’air du temps.
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par Newyorker, le 7 novembre 2014 à 00:08
Mais je pense que sur le plan olfactif, Chamade devait déjà faire un peu daté dès sa sortie en 1969, et des parfums comme Cristalle ou Diorella l’auront rapidement ringardisé. Je pense que JP Guerlain a eu du mal à saisir son époque, ce qui ne m’étonne guère.
Ce n’est en rien une critique des innombrables qualités de ce très grand parfum, que je porte régulièrement avec bonheur (extrait de parfum vintage et EDP actuelle). Sa courbe d’évaporation et d’évolution est exceptionnelle.
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par PoisonFlower, le 7 novembre 2014 à 00:57
Olfactivement, je ne sais si Chamade était moderne ou pas, mais je touve intéressante, surtout par rapport aux Guerlain classiques l’ayant précédé en fait, sa dualité, entre fruité/vert un peu cinglant du départ et floral/ambré plus classique et "confortable".
Bref, sa succession de facettes, qui semble proposer une féminité nuancée et complexe, une vision de femme, qui, telle Deneuve, ne se laisse pas enfermer dans une case, vit sa vie comme elle l’entend sans renoncer à sa féminité, assume ses contradictions de femme bien de son temps et bourgeoise à la fois.
C’est en cela que je trouve Chamade plutôt en phase avec son époque et ce que pouvaient être les aspirations des femmes d’alors, mais c’est vraiment affaire de ressenti, je suppose ! ;-)
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par Jicky, le 7 novembre 2014 à 21:47
J’ai eu une prof d’espagnol au lycée qui était elle même au lycée quand est sorti Chamade et elle m’a raconté une anecdote quand elle a su que je m’intéressais au parfum (elle portait Mitsouko et, premier cours, quand elle a enlevé son écharpe j’ai laissé un échappé un cri d’extase "oooh Mitsouko", forcément c’était discret).
Et elle me racontait qu’il y avait eu une fête marquée par le lancement de Chamade (je ne sais pas trop si c’était un lancement ou autre chose). Enfin bref, elle me disait que c’était l’horreur, que ça sentait le vieux parfum, que c’était informe, vanillé, boisé fleuri et hyper acide. Ça m’a vraiment marqué parce que, à l’époque, je n’aimais pas Chamade et ça me fait sait rire !! (Je l’aime de manière très bizarre aujourd’hui). En tout cas, je rejoins plutôt Newyorker dans cette analyse de Chamade : ce n’est pas vraiment un parfum qui a été créé autour de la libération de le femme (qui est un discours logique et pas inintéressant mais qui est surtout déduit a posteriori) et surtout, ce n’était pas un parfum moderne et apprécié par les jeunes.
(Apparemment, la soirée s’est finie où ils se balançaient et s’arrosaient avec des flacons... Tout va bien ! Comme les étudiants qui se balancent de la farine et de la mousse à raser quoi...). Là va se trouver la différence entre une analyse plus conceptuelle du parfum et le discours plus historique. Le raisonnement sur le facettage de Chamade est juste, pertinent. La réalité historique est probablement différente. Ce qui est intéressant, c’est de savoir mettre en opposition ces différentes approches du parfum. Sans oublier l’approche au final primordiale : comment, pourquoi et dans quelle mesure ce parfum nous touche t-il, ou pas !
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par PoisonFlower, le 8 novembre 2014 à 00:56
Plus ça va, plus j’ai l’impression que j’ai vraiment été maladroit dans ce que j’ai voulu dire. Je vais finir par le réécrire, cet article ! ^^
J’ai surtout voulu mettre en parallèle, plus ou moins adroitement, le contexte social au moment de la sortie de Chamade avec la vision de la femme qu’il m’inspire a posteriori, sans forcément vouloir dire qu’il a été conçu et pensé comme un parfum à vocation féministe. Mais je reconnais que certains passages de l’article peuvent être ambigus et la courte phrase de présentation n’est pas très heureuse...
Sinon, pour revenir à la sortie de Chamade, une vendeuse de la boutique des Champs me disait que d’après une de ses collègues qui travaillait déjà chez Guerlain à cette époque, il avait remporté à son lancement un tel succès qu’il y avait parfois la queue jusque sur le trottoir du 68. Du coup, avec ce genre de petite anecdote je me dis que Chamade a sans doute été, derrière Samsara, le grand succès féminin commercial de Jean-Paul Guerlain.
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par Hermeline, le 8 novembre 2014 à 04:51
Ne vous flagellez pas ainsi pour vos amis qui vous cherchent des noises...(vous n’avez pas honte les autres de semer ainsi le doute...cela dit amicalement malgré tout). Je vous ai bien compris moi, donc ce n’était pas si embrouillé. Et je doute que les femmes qui l’achetaient à sa sortie aient collectivement fait un acte de rejet de la modenité, qu’elles soient toutes alors des nostalgiques conservatrices et ultra bourgeoises. Cette image ne colle pas pour moi et comme j’adore Chamade et que je m’imagine mal en grande bourgeoise du 16arr avec fourrure lorsque je le porte, je reste avec l’image que vous avez suggérée, celle de Catherine Deneuve, libre et belle.
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par S9, le 8 novembre 2014 à 08:00
Bonjour Hermeline :-)
Tout à fait d’accord avec ce que tu viens de dire, pour moi Chamade, sous ses faux airs distants, c’est du chaud ohh ohhh (ah l’évolution de ce parfum ! ah les notes de fond ! j’ai rarement vu ça ... d’ailleurs les premières fois que je portais Chamade, je me disais : mais ce parfum est ... sexuel ! C’est pour dire.)
Chamade ce n’est pas la bourgeoise, ou alors c’est celle représentée par Catherine Deneuve dans Belle de Jour ! (la boucle est ainsi bouclée).
Personnellement je n’ai jamais habité les quartiers huppés de la capitale mais le côté plutôt "chic" d’un quartier populaire pendant une trentaine d’années, et je ne me suis jamais sentie embourgeoisée à porter des parfums tels que Chamade !
Chamade c’est le chic et le bon goût, à dissocier de la bourgeoisie (ce terme étant un peu galvaudé).
Par contre il pourrait fort bien correspondre à ma personnalité, c’est-à-dire d’apparence froide (un de mes anciens collègues s’amusait à m’appeler Carole Bouquet il y a quelques années, ça m’a toujours fait rire, car à l’instar de cette actrice, que j’aime beaucoup au demeurant, je suis une bonne vivante, avec un côté "décalé") .
Petite anecdote concernant Chamade : début juin je passais une sorte d’examen et le matin même je me suis posée la question : est-ce que je mets un parfum qui fait partie de mes favoris, tout en sachant que si j’échoue il risque d’être associé à un mauvais souvenir ? Ou est-ce que je mets un parfum que j’apprécie moins et que je n’ai pas prévu de racheter ?
Bref, j’ai choisi de porter Chamade ce jour-là, tout s’est bien passé et depuis il est un peu mon porte-bonheur ^^
par PoisonFlower, le 9 novembre 2014 à 15:37
Je suis content que vous appréciez et souscriviez à mon interprétation de Chamade, Hermeline ! ;-)
Je vous rassure, je n’ai absolument pas mal pris les commentaires de mes collègues auparfumistes, au contraire, surtout qu’ils nous permettent depuis quelques jours d’avoir un débat intéressant sur la perception que l’on peut ou a pu avoir sur ce parfum et sur les personnes qui le portent (voire celles à qui il peut/pouvait être destiné), c’est d’ailleurs une force du site que de notamment constituer un lieu d’échange et de débat d’idées.
Après, j’ai tendance à m’autoflageller un peu vite, vous avez raison ! ^^ Mais ça relève davantage d’une volonté d’expliquer mon point de vue et d’expliciter, le cas échéant, des points involontairement ambigus.
S9, avec plaisir pour le tutoiement ! :-)
@ Jicky : je te dis donc merci pour le compliment ! ^^
par S9, le 8 novembre 2014 à 07:41
Rhoooo non PoisonFlower !! N’aies pas d’inquiétude quant à cet article (je tutoie maintenant, si cela ne gêne pas, marre du vouvoiement solennel), on voit bien ici ton souci de bien faire et rien que d’avoir pris le temps d’écrire sur ce magnifique Chamade et de restituer ta passion, moi je dis bravo (je serais bien incapable de faire cela !).
J’en profite pour saluer ici le travail d’écriture et les recherches, la passion partagée et la qualité de ce site qui pour moi restent inégalés.
Bonne journée parfumée :-)
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par Jicky, le 8 novembre 2014 à 11:18
Ah mais non PoisonFlower ! Ta vision est très intéressante ! C’est ce que je voulais dire dans mon message, cette lecture a posteriori a aussi son sens. Je fais souvent ça moi aussi (quand, par exemple, je dis que Elle L’aime est un parfum dans le même esprit que Spring Breakers, c’est un parallèle tout à fait personnel, que je trouve pertinent et qui se justifie mais je suis conscient quand je dis ça qu’il n’a pas été créé dans cette optique là).
L’anedocte sur la queue au 68 est très intéressante aussi.
Sinon, bon... S9 et Hermeline, quand bien même on prendrait le sens galvaudé de "bourgeois", Chamade correspond tout à fait au registre de parfum porté par ces grandes dames. Moi aussi je ne suis pas bourgeois (encore moins bourgeoise du coup), je porte Chamade de temps en temps, et ça ne m’empêche pas de lui trouver cette dimension avec du recul. Le mieux, c’est même d’être conscient de ce décalage entre "perception culturelle d’une odeur" et "appréciation globale de la forme d’un parfum". Ça fait souvent des discussions très intéressante. Quand une amie de la fac me dit que je sens la vieille avec Shalimar, je lui explique que sa vision a une raison d’être mais qu’il faut aller plus loin pour parler d’un parfum (surtout que cette dernière veut travailler dans le parfum pour la petite histoire).
En tout cas, comme porte-bonheur on a vu pire ;)
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par S9, le 9 novembre 2014 à 08:09
Hello Jicky :-)
Ok, je vois ce que tu veux dire.
J’en profite pour rebondir sur le fait que tu portes Chamade de temps à autre, et même Shalimar : de toute ma vie je n’ai jamais senti un homme porter un parfum féminin, il n’y a qu’ici que je lis que les parfums n’ont pas de sexe, et que cette idée est appliquée dans la vie de tous les jours.
Quand j’habitais Paris, je prenais le métro tous les jours, je marchais beaucoup, j’allais davantage dans les magasins que maintenant, bref j’avais une vie sociale concernant les parfums lol
Dans les grandes villes, non seulement les gens se parfument régulièrement, mais on a aussi l’occasion de sentir leurs parfums chaque jour.
La vie provinciale est tout autre... et honnêtement dans mon village je dois bien être la seule à me parfumer tous les jours et à posséder une collection impressionnante de parfums.
Les quelques personnes "parfumées" que je fréquente (amis, famille) portent le même parfum depuis toujours... et la gamme se réduit à une peau de chagrin.
Ma mère n’a jamais vraiment aimé les parfums et a fini par ne plus se parfumer du tout (à mon grand désespoir !).
Je me rappelle lui avoir offert l’Instant de Guerlain il y a une dizaine d’années, et quand j’ai vu le "jus" tourner au fil des mois, car exposé sur une étagère à prendre la poussière sans voir le niveau baisser, je me suis dit : stop l’achat de parfums !
Le seul gros consommateur de senteur, et qui plus est a la main lourde (comme moi humpf), c’est mon père ; je me régale de lui offrir des parfums (Méchant Loup et
Poivre Piquant de l’Artisan Parfumeur, marque que je lui ai fait découvrir, du coup dès qu’il monte à Paris il passe rue de Castiglione !, ou Habit Rouge entre autres), mais vois-tu Jicky, je n’imagine même pas sa tête si je lui offrais Shalimar. C’est juste IMPOSSIBLE pour lui de porter un parfum féminin !
Il a beau aimer les parfums, comme la plupart des gens, il y a les parfums pour hommes, et ceux pour femmes. Tout est segmenté.
Nous n’avons ceci dit jamais débattu du sexe des parfums, etc... et autour de moi quasi personne sait que je voue une passion pour les parfums, que j’en possède des tonnes, beaucoup trop, que j’en change tout le temps !
(seules mes filles ainées me disent : t’es encore sur Auparfum !!)
Bref, ici en province les idées sont bien plus arrêtées que dans la capitale, croyez-moi !
Au travail, quasiment personne ne se parfume ! (quelle tristesse...) et cela continue de m’étonner... une quarantaine de personnes qui ne sentent ... rien.
Peut-être les parfums ne servent-ils à rien d’autre que constituer un cadeau "facile" pour Noël ? ou alors on ne se parfume que pour les grandes occasions, ou pour sortir ?
Les parfumeries fleurissent ça et là mais le parfum ne fait pas vraiment partie de la vie quotidienne pour la plupart des gens, le parfumage semble resté exceptionnel.
Alors tout ça pour dire que Shalimar ou Mitsouko sur un homme, cela reste pour moi un concept.
Un rêve même.
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par , le 9 novembre 2014 à 12:10
Oui, j’aimerais bien aussi un sujet de discussion sur le sexe des parfums.
Comme vous S9 je suis toujours surprise par le nombre de gens qui ne se parfument pas du tout : j’ai toujours vu ma mère tourner avec trois ou quatre flacons selon les saisons et dès mon plus jeune âge je rêvais de trouver "mon parfum" (on sait tous comment ça finit quand on atteri sur auparfum...). Mais il en va de même avec les gens qui ne portent aucun bijoux, ou que des fantaisies qui changent tous les jours... cela fait partie d’une certaine identité je trouve et ça m’étonne que certains n’en ressentent pas le besoin.
Dans sa jeunesse ma mère a aussi porté des parfums masculins, donc je n’y ai jamais vu de problème et ai assez souvent fait pareil. Cependant c’est vrai que l’inverse est beaucoup plus rare, presque tous les hommes que je connais trouveraient inenvisageable de porter un parfum "de femme". (Encore que mon frère porte Jasmin noir de Bulgari). Est ce la preuve que dans notre société les rôles genrés sont encore bien trop ancrés dans les mentalités ? Pour les garçons, le bleu, les fougères citronnées viriles et les voitures, pour les filles le rose les bonbons et les poupées ?
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par Jicky, le 9 novembre 2014 à 13:29
Détrompez-vous, la discussion existe !
la voilà : https://auparfum.bynez.com/Le-sexe-des-parfums,380
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par gérard, le 1er janvier 2015 à 20:29
Bonjour à tous, et bonne année ! Permettez-moi de citer Monsieur Serge Lutens dont les créations m’ont fait naître au royaume des parfums : "Ce n’est qu’à partir de la deuxième guerre mondiale que sont apparus officiellement les Adam et Eve de la consommation. Autrement dit, il fallait parceller, segmenter “le marché” pour en accroître le chiffre d’affaires. À titre personnel, je pense que le parfum n’a jamais offert un sexe à qui que ce soit ! Auparavant, les gens choisissaient davantage avec leur nez, à l’instinct. Le genre n’était pas indiqué sur le flacon et c’était tant mieux ! Après tout, chaque homme a une femme en lui et inversement. Vouloir segmenter un domaine, c’est déjà le castrer de sa propre réalité. Peut-on imaginer des disques pour hommes et des disques pour femmes ? "Ou des biscuits pour hommes et des biscuits pour femmes ?.
Une des rares choses dont je suis certain s’agissant de notre domaine de prédilection, c’est que seuls des préjugés culturels, des acquis éducatifs nous font reconnaître dans une senteur une "opportunité" liée à notre genre. Ce qui paraît "viril" dans une civilisation, une époque données ne le paraîtra pas dans d’autres. Pareil pour les codes "féminins" : la rose est une odeur souvent connotée "virile" en Orient, et après tout, la jupe fut longtemps le vêtement de prédilection des messieurs...
Portons donc ce que nous aimons et, plus prosaïquement, ce qui nous va bien.
par Mesqualine, le 31 octobre 2014 à 20:56
J’en attendais beaucoup de ce parfum, pour son bagage littéraire déjà (fan inconditionnelle de Sagan) et pourtant... pas pour moi ! Je pense être trop jeune, j’ai eu la même impression avec Vol de nuit (on dit qu’Audrey Hepburn le portait...) : quelque chose me plaît, j’aurais envie de le porter mais j’ai l’impression de me transformer en ma grand-mère. C’est triste. Moi qui suis résolument Guerlain ces deux-là m’échappent totalement. Peut-être que c’est le galbanum...
par Doblis, le 23 octobre 2014 à 19:19
Pour moi, Chamade est un parfum absolument magnifique avec une construction que l’on ne retrouve plus dans les créations actuelles.
C’est un parfum à évolution lente, très lente, de belle tenue avec une vraie pyramide olfactive.
Beaucoup des parfums actuelles n’ont plus d’évolution. Je pense que c’est une "mode" qui est venue des parfums américains.
Actuellement, pratiquement ce que l’on sent dès le départ constitue également les notes de fonds. C’est linéaire, sans évolution, sans surprise.
Au contraire, Chamade m’impressionne toujours autant avec son départ très vert qui se réchauffe au fur et à mesure de son évolution.
L’évolution me semble tellement lente qu’elle semble durer sr 2 jours.
Un très grand Guerlain !
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par S9, le 23 octobre 2014 à 19:37
Bonsoir Doblis
Avez-vous senti Givenchy III ? Pour moi ces deux parfums ont beaucoup de points communs : le port altier , le premier abord froid, mais une vraie signature avec en effet les 3 étapes bien définies de l’évolution d’un parfum dans le temps.
Je n’ai plus de flacon de Givenchy III actuellement et ça fait même un petit moment que je ne l’ai porté, mais si ma mémoire ne me fait pas trop défaut, il me semble que Chamade est plus sensuel, se réchauffe davantage que Givenchy III qui lui garde ses distances !
Chamade, c’est le feu sous la glace !
En tout cas Givenchy III mérite qu’on le (re)découvre, il a un charme fou, et on ne risque pas de le sentir à chaque coin de rue ;-)
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par Doblis, le 23 octobre 2014 à 21:28
Bonsoir S9.
Givenchy III, je l’ai déjà senti bien entendu. Mais il y a sûrement trop longtemps. Je ne me souviens plus de sa ressemblance avec Chamade.
Ce dont je me rappelle de Givenchy III, c’est d’un parfum très "70" dans sa composition, ce qui n’a rien de péjoratif, bien au contraire. Un parfum riche comme je les aime, qui a du "coffre" et une vraie aura, une vraie présence, un sillage qu’il me ferait bien évidemment plaisir de recroiser au coin d’une rue.
Chez Givenchy, je reste aussi très attaché à L’Interdit.
Chamade vous lui faite faire le grand écart entre N°19 et Cabochard. Je n’irais quand même pas jusqu’à Cabochard qui est plutôt, pour moi, un magnifique cuir.
Mais vous évoquez aussi Private Collection : quelle merveille ce parfum tellement classieux qui va aussi d’une note verte qui me fait penser aux cosses de petits poids jusqu’à un fonds boisé précieux. Fabuleux !
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par Doblis, le 25 octobre 2014 à 23:24
Bonsoir Opium,
J’ai re-testé Givenchy III dans sa version actuelle.
J’aime bien son départ, ses notes chyprées vertes, un côté classieux mais, pour moi, la comparaison s’arrête là avec Chamade.
La magie des notes s’est vite évaporée hélas pour finir sur un fonds confus que l’on retrouve très souvent dans les créations actuelles.
J’en ai profité pour tester à nouveau L’Interdit. Nettement mieux mais lui aussi a perdu de sa superbe.
Cela reste, néanmoins deux excellents parfums.
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par Opium, le 27 octobre 2014 à 19:41
Bonsoir Doblis à nouveau.
Je pense que votre doigt à ripé en mode automatique et crois que votre message est adressé à S9 en réalité... ;-)
Encore bonne soirée.
Opium
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