De Bachmakov

Littlebox, un grand merci pour cet envoi et cette jolie surprise ! Et bravo pour votre méticulosité.
Evidemment je me suis jetée sur De Bachmakov de suite. Assez surprenant je dois dire. Je compléterai mes impressions car la rencontre fut brève car la tenue sur ma peau n’est pas très bonne, je dois m’en imprégner davantage.
Encore merci et bonne journée (mon offre pour POAL tient toujours, n’hésitez pas, ce sera peut-être votre rose qui sait ? faites moi un mail, le vôtre a malheureusement disparu de ma messagerie).
BillieH

Bonsoir, je cherche à le tester depuis ma quête, si une bonne acceptait un échange de fioles, ce serait super. Évidemment je prends en charge le port...bonne soirée

Que de compliments je reçois quand je porte ce parfum ! Que de ressentis différents j’éprouve quand je porte ce parfum… Il me rappelle l’odeur au petit matin du parc de Yosemite en Californie, ses grands arbres, ses herbes, ses cascades rafraichissant tout ce vert. Il me rappelle l’odeur à la fin de l’hiver de ces forets de pins et de fougères entourant les lacs dans la région du Brandebourg. Excusez-moi, je ne trouve pas forcément les bons mots pour l’expliquer, mais disons que pour moi c’est un de ces rares parfums que je perçois dans son entier et dans ses détails. L’entier ? C’est le vert de la nature qui renait, les grands espaces, les forêts humides, le tout début du printemps, l’herbe coupée à la tondeuse au petit matin… Il m’évoque plein de paysages… Les détails ? Il y a tout d’abord l’odeur parfaite de la feuille de shiso que l’on froisse entre ses doigts, incroyable ! Il y a plus tard l’odeur d’un bouquet de freesia et de l’eau du vase qui les contient. Il y a aussi cette odeur de lait aux épices, le tchai, le même que celui que l’on boit dans les trains en Inde, léger. Il y a l’odeur de la semoule crue. Il y a l’odeur de la muscade. Il y a l’odeur aigre des tiroirs de cuisine … Comment toutes ces odeurs peuvent elles évoquer toutes ensemble, alors qu’elles sont si éloignées les unes des autres, un paysage si vrai. Comment l’odeur du tchai, de la muscade, du shiso, et du tiroir de cuisine mises ensembles peuvent elles me rappeler la forêt de Yosemite ?

Ce parfum est unique, son tatouage vert sur ma peau est inimitable (le visuel de pub qui accompagnait sa sortie montrait le blason du designer des flacons de The Different Company inscrit en rouge sang sur les models...A mon nez il a toutes les nuances du vert !!!)
Sur l’ancien flacon crée par Thierry De Baschmakoff son écusson emblématique était imprimé et nous renvoyais à cette Russie Blanche et Aristocratique, une russie rêvée par un homme né à Grasse. (passez voir au passage le site http://www.aesthete.fr pour voir à l’oeuvre ce designer)
Le nouveau flacon garde son lourd habit de verre et son bouchon à vis et à étage, mais l’étiquette a été modifiée, ne gardant aucune trace de cette année "France / Russie".
Même si je peux regretter ce changement, il semble laisser plus d’espace à ce magnifique parfum de Céline Ellena : à ceux qui le sentent aujourd’hui sans ces références il est un paysage ouvert, gorgée de vie, vert plus que de raison, sauvage et tendre...si russe finalement :)
"Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse" a dit Alfred de Musset...
Je suis ivre de ces notes vertes où ne règne pas l’absinthe...où ce shiso menthe et cumin / poivre se déploie, où la coriandre fuse et où au final le vert de plus en plus clair se lie à cet accord de craie fait de musc blanc et de cèdre opalescent. J’aime ce parfum...et l’Hiver est sa saison. Sa folie gorgée de vert et de vie fait front à la Neige et à l’Ombre...J’aime ce "De Bachmakov"...
Chez moi, loin là-bas si proche de cette Russie aimée / détesté "On ne badine pas avec l’amour" : "On est souvent trompé en amour souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois : mais j’ai aimé" (Alfred de Musset)

Il y a quelque chose de vraiment étrange dans ce parfum.
Un peu après la vaporisation, une odeur me rappelait un sentiment vraiment....pas à sa place !

avez-vous déjà senti la semoule crue ? avant de faire le couscous...
ba voilà ce qu’il me rappelle, une senteur froide, mais sèche et "étouffée", quelque chose de léger mais compact en même temps. Le couscous avant qu’il n’en soit un.

bref. y’a un côté vert plus accessible aussi, comme une plante aromatique mais un peu aride, nue en hiver.
Au final, une bonne tenue, une interpellation.

Les forêts et les steppes sibériennes ?

C’est un parfum qui n’aurait pas déplu à Corto Maltese pour se remémorer ses vieilles aventures dans cette région avec son ami Raspoutine.

Je n’ai pas [encore] senti le parfum, mais pareil que encrenoire75, je tourne un peu autour de la marque.

Disons que.... il y’a quelque chose qui me retient. Quelque chose me dérange. Si les parfumeurs se font embaucher par plein de marques en même temps, aucune marque ne pourra faire naître son identité olfactive ! Si les dirigeants continuent de mettre en concurrence à chaque fois 1,2 voire 3 nez pour lancer une fragrance, on va tomber dans les mêmes excès que chez les gros acteurs du marché sélectif.

D’ailleurs, si je ne me trompe pas, c’est un peu ce qu’a fait Frédéric Malle dur Dries Van Noten, puisque apparemment, Maurice Roucel, Dominique Ropion et Bruno Jovanovic ont bossé dessus tous les 3.

Du coup comme le dit Jicky, Bertrand Duchaufour est au four et au moulin avec l’Artisan Parfumeur et les autres....

Cette réflexion m’amène à poser une problématique qui est -je crois- intéressante dans la parfumerie de niche :

Doit-on avoir un parfumeur maison (ça fait un employé de plus) qui puisse élaborer les fragrances et surtout inscrire son style. De cette manière, même si les parfums sont différents bien entendu, il y’aura une cohérence -----> même système qu’une marque de mode qui a son créateur maison.

Ou bien travailler avec un parfumeur différent à chaque fois, pour répondre au mieux au thème marketing que l’on a sélectionné ??

D’un côté, cela veut dire qu’il faut un laboratoire inhérent à la société (Creed je crois par exemple), de l’autre il faut verser un gros pourboire au nez pour sa création. Et toutes ces considérations financières seront malheureusement importantes pour une marque de niche, qui ne dispose évidemment pas des moyens d’un gros monstre.

C’est vraiment pas évident je trouve, comme problème. Olfactive Studio a un fort concept de base (parallèle photo/parfum) et choisit un parfumeur différent pour chaque projet. Frédéric Malle c’est différent car son concept de base de faire bosser des gens différents et de leur donner carte blanche.

Je crois qu’une marque comme Parfum d’Empire, qui a à sa tête un nez, est peut-être plus susceptible d’avoir sa propre identité.

Car même dans la niche (et c’est ce qui m’a surpris lorsque j’ai découvert toutes ces merveilleuses maisons), c’est que le fondateur ou créateur de la marque est rarement un véritable nez.

Serge Lutens a eu le plus souvent Chris Sheldrake à ses côtés, Ben Gorham (Byredo) n’est pas non plus un parfumeur, idem pour Frédéric Malle, qui malgré sûrement de très grandes connaissances, n’est pas à ce que je sache référencé comme un nez.

Pour revenir à The Different Company, je vais essayer avec joie ce parfum qui m’évoquera mon cher Hugo Pratt et ce bon vieux Corto. Toutefois, ces questions me turlupinent.

Comment le dire ? J’ai l’impression que ce parfum en jouant sur la "température", s’amuse avec les états de la matière ! Froid, chaud, glacial, liquide, lacté, onctueux...

Bon, osmoz a confirmé. Mais Celine Ellena part. Schnout, je l’aimais vraiment beaucoup là !

Puis, c’est Bertrand Duchaufour qui la remplace.

Sincérement, j’ai rien contre ce gars là, au contraire, j’aime bien ce qu’il fait, avec ses compos originales et son respect de la parfumerie, mais là, c’est pas genre il s’occupe maintenant de L’Artisan, Penhaligon’s, Piguet, Frapin, Comme des Garçons et maintenant The different Company ?

Eh mais il doit pas avoir le temps de dormir ce monsieur ! Puis bon, avec tout le respect que j’ai pour lui, il pourrait quand même laisser des places à d’autres...

Eh bien je suis sous le charme. Mais complétement sous le charme. Au tout début je vois un mélange de deux parfums ! Guerlain Homme et Le Feu (oui !!!! j’ai finalement pu le sentir, merci Romain !!!!!)

Eh Jeanne ! Avouez le début c’est trop Guerlain Homme ! Surtout que ce moment fait partie de mon moment préféré de l’opus de Guerlain. Avec en plus une impression déjà très blanche et très lactée du Feu, avec en plus une impression salée, un peu en volute, à mi chemin entre L de LL et Calandre.

Vient ensuite une impression piquante et boisée. Bizarrement je ne vois pas du cèdre. Oui, allez savoir pourquoi. Mais plus un bois crémeux, du santal, avec une touche fraiche, type laurier (je sais c’est pas du bois ^^). Une impression piquante et poivrée, qui est sans aucun doute ce même bois avec un couteau sous le gorge. Couteau lui même tenu par la menthe poivrée. Là je suis encore plus sous le charme.

Puis il y a un côté super froid, hautain, mais "doudouneux" . Un peu comme un Iris Silver Mist peut le faire, mais à la place de l’habit classe et net, la personne est dans un manteau de fourrure soyeux et "plussoyant" dira-t-on.

Le fond, où plutôt l’odeur qu’a ma mouillette plusieurs jours après l’avoir pschitté, a maintenant une odeur très charnelle, toujours ce fond blanc et lacté, mais avec en plus une dimension super sensuelle. On a envie d’embrasser la mouillette, non ? Avec en plus des relancées de notes poivrées et épicées, mais pas clou de girofle, plus... paprika ?

En tout cas, il y a une somptueuse déchirure dans le ciel avec ce De Bachmakov je trouve. Oui, c’est l’impression que me donne le parfum. Avec le concept autour, on peut imaginer les steppes désertiques de Russie, mais je sais pas si sans rien savoir de ce qu’on m’aurait fait sentir, j’aurai vu la filiation.

vive l’odorat !