Auparfum
Flacon de Eau de Magnolia - Éditions de parfums Frédéric Malle
Note des visiteurs : (15 votes)
Connectez-vous pour noter ce parfum
Connectez-vous pour indiquer si vous portez ce parfum

Bo(to)x Eau Fixe

par Alexis Toublanc, le 10 novembre 2014

Après avoir enchaîné une de ses oeuvres majeures, avec Portrait of a Lady en 2010, et un de ses opus les faibles, avec Dries Van Noten en 2013, Frédéric Malle laisse de côté les parfums plus chaleureux pour une parfumerie plus fraîche et retrouve un sujet qu’il maîtrise parfaitement : le floral. C’est alors avec plaisir que l’on voit Malle s’ouvrir à Carlos Benaïm (quoique l’ouverture soit minime : Benaïm est parfumeur chez IFF - comme Ropion et Jovanovic - et est aussi le papa du parfum pour la maison Jurassic Flower).

Un floral diaphane donc... Même plus : un magnolia ! De plus en plus revendiqué au coeur des compositions modernes (avec pour référence absolue le somptueux Mito de Vero Profumo), le magnolia reste cependant assez rare sur le devant de la scène. En songeant au traitement d’En Passant ou encore d’Angéliques sous la pluie, il me tardait de découvrir cette nouvelle fleur de Malle : floral transparent, beauté éthérée et fraîcheur diffuse... Pour être frais, ce fut frais : la douche froide.
L’idée était pourtant d’une parfaite sobriété : le magnolia est la plus hespéridée des fleurs ? Faisons-en une eau florale à tonalité chyprée ! Pendant les vingt premières minutes, on assiste ainsi à une démonstration de beauté dans le traitement des agrumes qui fait figure de leçon de maître. La bergamote est tour à tour fruitée, juteuse mais toujours précise, dans une performance qui annonce effectivement la vision d’un Diorella twisté, métaphore assez subtile de cette lumière 70’s que connaît bien Frédéric Malle. Puis s’insinue le doute quand vient poindre la fleur. Assez juste, elle est verte comme la timidité et se veloute d’un grain de pêche qui appuie l’aspect tactile du magnolia, en vain. Car déjà, dans un effet de zoom assez vertigineux, surgit une ombre : sans une seule ambiguïté, ce qui n’aurait dû rester qu’un "artifice technique" arrive et écrase toute la grâce des premiers instants. Oui, les bois ambrés sont arrivés et avec eux sont partis tous les espoirs de conserver la délicatesse des premiers instants.

S’ensuit alors la plus grosse incohérence de toute l’oeuvre des Editions de Parfums : pétrifié, inerte, le magnolia de Benaïm se glace et entame un interminable bourdonnement glauque à souhait. "Il faut savoir garder le cap, résister aux idées séduisantes mais hors-sujet" peut-on lire noir sur blanc sur le site de la marque. Et ce qui ne devait être qu’une rayonnante eau chyprée devient un masculin boisé générique du premier Sephora venu.

Une question se pose alors, car Frédéric Malle est sans conteste un directeur artistique ainsi qu’un évaluateur irréprochable : comment un tel écart olfactif a t-il pu être validé ? À cette question, plusieurs réponses peuvent naître, de la plus cynique à la plus naïve. Je préfère n’en émettre aucune, j’aime croire que je me trompe. Car si cette vision d’un magnolia fresh and clean, pseudo-diaphane et rutilant d’AmberXtreme (le fameux bois ambré en question) me fait dire que Frédéric Malle vient de signer un blockbuster sans âme, je préfère me souvenir que, toutefois, sur les 21 parfums édités, onze sont sans conteste parmi les plus beaux de toute la parfumerie du XXIème siècle. Porter le sceau de "meilleure marque de la parfumerie moderne" n’est pas facile, j’en conviens. J’ai un amour inconditionnel pour Frédéric Malle et tout ce qu’il apporte à la parfumerie, ce qui me rend encore plus sévère lors de ses égarements. Mais, cela me permet d’en célébrer avec encore plus d’engouement ses réussites. Parce que quand Frédéric Malle me déçoit, il me fend le coeur, mais quand il m’éblouit, il est sans égal.

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

par Moonkyn, le 11 novembre 2014 à 19:17

Connaissant la palette de F. Malle, j’ai été surprise face à la (fausse) simplicité de Eau de Magnolia, comparativement à ce qui existe déjà.
Difficile de faire quelque chose de nouveau et marquant sur le thème mignonnet des agrumes et des fleurs blanches délicates.

Certes, Eau de Magnolia ne s’inscrit pas comme le prochain best seller à la Eau Sauvage (bien que F. Malle en revendique une certaine inspiration) mais il a su me toucher sur plusieurs points.

Premièrement, je découvre enfin un fleuri magnolia qui sent le magnolia fraichement fleuri sur l’arbre, au vert et au naturel (chaque magnolia que j’ai senti étaient des propositions olfactives lourde et sirupeuse).
Deuxièmement, le léger fond chypré qui se développe sur ma peau n’altère pas l’effet fleuri.
Troisièmement, ce fond permet à cette douceur fleurie de tenir plus longtemps que de coutume sur ma peau.
Peut-être n’ai-je pas assez senti de parfum sur ce thème, mais pour moi, c’est plutôt la technicité du produit qui fait sa force, plutôt que son aura olfactive, ou comment relever le défi de faire tenir sur peau des notes fraîches.

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par Jicky, le 11 novembre 2014 à 20:19

Bonsoir Moonkyn,

C’est amusant, c’est exactement l’argument qu’a utilisé Véronique Nyg... Nyberg lorsqu’elle a présenté Invictus. Une fraîcheur qui dure. Et ce qui est encore plus amusant, c’est que Benaïm et Nyberg ont eu recours au même "artifice technique" pour faire tenir cette fraîcheur : les bois ambrés (qui sont grosso modo tous les bois hurleurs qui émanent d’un flacon Axe). De là à dire que l’Eau de Magnolia est un Invictus il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas, grâce aux mêmes raisons que vous, à savoir le traitement de la fleur et des agrumes.

Néanmoins, concernant la maigre expérience que j’ai du magnolia en parfumerie, les soliflores sont relativement peu intéressants au final. Comme le dit très bien Opium "si ça n’a pas été tenté avant c’est aussi peut être parce que c’est tout simplement laid/peu harmonieux/inutile/infaisable". En fait, le magnolia peut être très joli dans une composition (je vous conseille d’aller sentir Mito de Vero Profumo en eau de parfum, chez Jovoy ou Marie-Antoinette, ou sinon des créations de Maurice Roucel qui fout du magnolia partout sans jamais le mettre en avant), mais en soliflore... c’est rarement très passionnant en fait.

Au final, pour moi cette technicité est ce qui est la grande erreur (et la grande incohérence !) du produit. Le magnolia ne tient pas 12h sur la peau, c’est normal. Foutre des bois ambrés pour que ça dure aussi longtemps que les feux de l’amour est tout à fait à l’encontre de ce que revendique Frédéric Malle, et me semble hors-sujet dans le thème de l’eau chyprée à cœur floral.

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par jovi, le 11 novembre 2014 à 23:28

Merci Jicky pour ces éclaircissement en effet Mito est pour moi un très beau "magnolia vert" qui n’a pas d’égale je l’ai porté tout l’été !

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

jovi

par jovi, le 11 novembre 2014 à 18:30

Oh my god mais que se passe t-il chez Malle déjà que Dries Van Noten m’avait énormément déçu n’égalant en rien Tam Dao et encore bien moins L’Arbre.Il n’a à mon goût vraiment rien d’extraordinaire.Or venant d’une marque tel que Les Editions de Parfums Frédéric Malle qui est avec Les Heures de Cartier et Lutens une des marques que j’affectionne tout particulièrement je m’attendais à être émerveiller.Dommage !Oui vraiment dommage je ne l’ajouterais pas à mon tableau de chasse des grands soliflores.

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

Solance

par Solance, le 10 novembre 2014 à 20:37

Je ne connais pas ce parfum-ci mais l’image du botox ne fait guère envie et n’augure pas grand chose de bon dans le rendu de cette fleur délicate, loin d’un traitement naturel à la Giacobetti.... Dommage parce que cette note ne semble pas courante en parfumerie, et il aurait pu y avoir là une belle occasion de se démarquer, de faire différent...
C’est effectivement dommage après des merveilles comme Carnal Flower, POAL ou Dans tes bras... oui, vraiment dommage...

Par contre, Jicky, ce n’est pas sympa de ne pas partager avec nous le fond de ta pensée et de tes craintes...quelle hypothèse cynique ? quelle hypothèse naïve ?

Il faut espérer en tous cas que ce n’est qu’un faux pas, pas le début d’un égarement de longue durée ou d’une dislocation de l’esprit de la marque et de sa qualité !

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par Jicky, le 11 novembre 2014 à 03:41

L’hypothèse d’un "faux pas" par Malle me laisse pantois quand on sait que le mec teste les centaines d’essais sur peau attentivement et n’hésite pas à chipoter pour des ppm de je sais pas quoi (cf l’article de Jeanne sur Dries).

Du coup pour les hypothèses, l’article laisse entrevoir mon opinion mais, comme je le dis, j’espère me tromper et j’évite ainsi de formuler trop fort ce que je pense. Comme pour Voldemort, il ne faut peut être pas avoir du nom, n’empêche que quand on je dit rien, c’est pas plus mal...

Sur la longue durée, je ne pense pas en revanche. Il s’est fourré sur deux parfums, The Night s’annonce très extrême mais n’a pas l’air de se foutre de la gueule du client en tout cas mais on s’en fout un peu car de toute manière ça ne nous concerne pas.

Pour la suite, la fin du texte laisse entrevoir mon attente... ;)

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par Solance, le 11 novembre 2014 à 09:56

Bonjour Jicky,

Je trouverais intéressant que tu nous cites les 11 Malle que tu estimes comme faisant partie des meilleurs parfums du 21e siecle...
Et si je n’abuse pas trop, quelques commentaires pour chaque référence.... vous avez deux heures ! ;) .... ^ ^

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

Frédéric

par Frédéric, le 10 novembre 2014 à 19:39

oui c’est dommage, et pourtant à chaque fois je l’essaye en me disant que c’est tellement poétique les 20 premières minutes après le pshit. C’est malheureusement ensuite aussi mauvais que 1Million.

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

Ringo

Ringo

a porté Eau de Magnolia le 9 septembre 2022

Sa note :

korda_san

a porté Eau de Magnolia le 12 mai 2020

Nez inexpert

Nez inexpert

a porté Eau de Magnolia le 6 janvier 2019

Adjoint au politicien Jean-Paul Martoni dans les années 90. Quelques années à l’ombre suite à un malentendu. Président du Comité pour rebaptiser toutes les rues. Membre fondateur de la Société de (...)
Sa note :
Nez inexpert

Nez inexpert

a porté Eau de Magnolia le 6 janvier 2019

Adjoint au politicien Jean-Paul Martoni dans les années 90. Quelques années à l’ombre suite à un malentendu. Président du Comité pour rebaptiser toutes les rues. Membre fondateur de la Société de (...)
Sa note :
Un des sens

Un des sens

a porté Eau de Magnolia le 3 février 2016

Sa note :
Alafolie

Alafolie

a porté Eau de Magnolia le 23 novembre 2015

Ma famille, mes parfums, ma vie....
Sa note :

à la une

Tutti Twilly

Tutti Twilly - Hermès

Voilà une création dont les idées sont comme ses notes fruitées : vives, fusantes, presque vrillantes !

en ce moment

il y a 7 heures

Bonjour Christine, De belles propositions, dont le trop peu vanté One Love de Scherrer, vous(…)

il y a 9 heures

Merci Adina pour vos précieux conseils...et vos "pistes "intéressantes ! J’apprécie beaucoup(…)

il y a 9 heures

Merci beaucoup Blanche pour votre réponse si pertinente et réaliste !!!Vous avez tout à fait(…)

Dernières critiques

Iris Médicis intense - Nicolaï

Sous le soleil de Toscane

Encre indigo - Lalique

Roche en fusion

Belle de Niassa - Caron

Fleur au zénith

Avec le soutien de nos grands partenaires