Auparfum

Ecrire sur le parfum, ou pas

par Jeanne Doré, le 16 février 2013

S’il y a bien un sujet sur lequel l’écriture est peu courante, peu aisée, et suscite aussi bien l’ébahissement que l’exaspération des lecteurs et des internautes, c’est le parfum.

En parcourant ce que l’on nomme désormais la « blogosphère parfumée », on s’aperçoit qu’il existe autant de façons de parler du parfum que de façons de cuisiner les pâtes en Italie …

Les plus passionnantes n’émanent pas forcément de ceux qui ont le plus de connaissances "techniques", au contraire, on constate que pour bien transmettre un "ressenti olfactif", il faut avant tout être apte à ce ressenti, autrement dit, posséder une grande sensibilité, et pas seulement olfactive.
Les amoureux des parfums sont souvent de grands émotifs, parvenant plus ou moins à maîtriser ces émotions, mais il existe bel et bien toujours un lien inhérent entre "sentir" et "ressentir".

La connaissance d’un "jargon" de parfumeur est certes utile, et l’expérience peut évidemment aider, mais cela ne suffit pas à fournir un récit explicite et parlant, l’unique juxtaposition de simples descripteurs olfactifs et d’ingrédients donnant rarement une bonne idée sur un parfum (et la presse en étant déjà amplement remplie, si c’était suffisant, cela se saurait). Preuve en est, à part dans la famille Ellena, combien de professionnels de la parfumerie savent écrire sur le parfum ?

Ensuite, il faut parvenir à être soi-même, à s’ouvrir et se dévoiler sans pudeur, dire avec justesse ce que l’on ressent spontanément sans s’occuper de l’avis des autres, en faisant confiance à ses premières impressions, sans tomber dans le piège de la précipitation, ce qui n’est pas toujours chose aisée.

Tout le monde a aussi un "style", que ce soit le journal intimiste, l’humour noir, la poésie romantique, la description encyclopédique, la métaphore philosophique, l’envolée lyrique, voire la lapidation publique, chacun entoure ses impressions d’un halo littéraire et personnel qui le définit, ou qui au contraire, le noie dans la masse anonyme.

C’est comme si la personnalité du parfum traversait, en l’utilisant, la personnalité de son auteur pour pouvoir apparaître sous une forme intelligible et explicite à ceux qui le perçoivent.
Et le courant passe, ou pas...

Si j’ai été amenée à réfléchir à tout cela récemment, c’est bien sûr parce qu’après presque 6 ans, je commence à avoir du mal à trouver assez de temps pour écrire au même rythme sur auparfum, et comme dans une relation amoureuse, la passion s’essouffle et le train-train étouffe...

J’ai cherché des solutions palliatives, mais je n’en ai encore pas trouvé de miraculeuses. J’ai traversé des moments de doute, de crise, de frustration, et j’en suis finalement arrivée à cet état de stabilité fragile mais satisfaisante, qui consiste à accepter que les choses évoluent et qu’on s’y adapte.

Le site s’enrichit d’autres voix, et même si je me fais un peu plus rare, je retrouve toujours chez les autres rédacteurs une petite part de ce que j’aurais voulu dire.

J’aime l’idée qu’auparfum devienne plus autonome, plus communautaire et participatif, et même si je ne suis plus la seule “maîtresse de maison”, il y a aujourd’hui assez d’habitués de longue date pour tenir le lieu, en perpétuer l’esprit, et continuer à faire de ce site une des références incontournable des amoureux du parfum, que je suis fière d’avoir fait naître et exister, grâce à vous tous.

Merci
Jeanne

Image : La lettre, Albert Lynch.

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afflairasuivre

par afflairasuivre, le 5 mars 2013 à 19:58

Un article sincère qui nous rappelle en toute simplicité qu’amateurs ou professionnels, lecteurs avertis ou débutants, nous sommes réunis sur Auparfum par une seule et même passion, celle des parfums. Quelle belle aventure, de se lancer dans la rédaction et l’animation d’un tel forum...Félicitations ! Il n’est pas toujours évident de se diversifier dans la forme, mais Auparfum ne nous déçoit jamais !
Bravo Jeanne, et bravo à l’ensemble des rédacteurs/
Ce site est une mine de trésors pour tous les amoureux du parfum !

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par Josephi, le 5 mars 2013 à 16:33

Merci pour votre texte, Jeanne.

Je vous lis, depuis longtemps, votre magazine, vos avis, les impressions des membres de cette équipe, tout ici rend hommage, à la parfumerie, les avis se rejoignent, divergent, se comparent, dans le respect, l’ amour des fragrances.

Je souhaite, que cet essoufflement ne dure pas, que votre envie d’écrire revienne, d’autres jolies plumes, ont pris la relève, vous permettant un peu de répit.

Longue vie Au Parfum !

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Jean-David

par Jean-David, le 18 février 2013 à 22:02

Un texte émouvant et juste. J’ajouterai égoïstement que vos lecteurs, Jeanne, espèrent vous lire encore longtemps... et souvent. Puissent les doutes se dissiper : nous avons besoin de votre nez !

 

A propos d’écriture sur le parfum, je serais heureux que vous ou nos camarades m’indiquiez quelques références de nouvelles ou de romans ou il serait question de parfum. Bien sûr, il y a Le Parfum de Suskind, et Le Parfum de la dame en noir de l’ingénieux Gaston Leroux... mais quoi d’autre ?

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par Jicky, le 18 février 2013 à 22:08

Salut Jean David ! Ravi de te revoir parmi nous !!

il y a eu une discussion sur ce sujet passionnant, fascinant, magnifique, grandiose, splendide, resplendissant, éclatant, brillant, épatant, étonnant qu’est le croisement littérature parfum ^^

===> https://auparfum.bynez.com/?parfums-a-voir-a-lire

 

la dernière fois j’ai lu La Faute de l’Abbé Mouret de Zola. Et c’était vraiment vraiment.... Saisissant !!!!

 

Jeanne, je suis vraiment touché par ton texte. J’y reviendrai ;)

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par Jean-David, le 18 février 2013 à 22:15

Cher Jacky, merci beaucoup de ta réponse. Moi aussi je suis ravi de reprendre contact. Ce n’est pas que j’oublie ce merveilleux site, c’est juste que je travaille beaucoup ces derniers temps. Je vais lire la discussion que tu m’indiques, passionnément sans doute, car l’écriture est en train de gagner du terrain parmi mes (nombreuses) passions.
Ravi aussi de savoir que tu étudies la chimie, pour la bonne cause. Tous les commencements sont difficiles. Courage ! Le but en vaut bien l’effort !

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par Jean-David, le 18 février 2013 à 22:16

Jicky, veux-je dire (comme eût dit Pierre Dac). Stupeur quand je me suis relu !

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zab63

par zab63, le 17 février 2013 à 15:51

Je suis inscrite depuis 2009,et Auparfum reste mon "espace" préféré.
Merci, Jeanne !

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par cellist, le 17 février 2013 à 15:11

Jeanne, cette déclaration est très émouvante, et votre générosité vous honore. Merci !

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Yohan Cervi (Newyorker)

par Yohan Cervi (Newyorker), le 16 février 2013 à 19:55

Merci Jeanne pour ce texte si personnel, sincère et émouvant. Je suis auparfum depuis 2007 et c’est grâce à ce site que j’ai pu exprimer pleinement ma passion pour le parfum. Merci donc d’avoir créé un véritable espace participatif. Auparfum a vraiment fait du chemin et évolué depuis ses débuts, et d’une jolie manière je trouve. Votre style et votre ouverture d’esprit sont vraiment très appréciables et ont permis à tout le monde de s’y retrouver, les passionnés les plus avertis comme les novices, les amoureux du vintage, ceux qui ne jurent plus que par la niche, les fans des classiques etc...C’est grâce à ces qualités que ce site est devenu une référence. Donc un grand merci à vous, ainsi qu’à Opium, Jicky, Jle, S9 et autres rédacteurs et longue vie à Auparfum !

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Opium

par Opium, le 16 février 2013 à 17:42

Jeanne, merci.

 

Je me jette à l’eau.
Je l’ai écrit en privé, mais, voilà un des plus beaux textes de Jeanne Doré que j’ai pu lire sur auparfum ; voire le plus joli.
La description de nos mots, de "nous", dans notre multitude, nos différences et nos points communs, est particulièrement juste.
Ce texte m’a fait sourire, m’a épaté, et, aussi, m’a ému. Beaucoup. Enormément. A la folie...
J’espère, simplement, que la présence de quelques-uns d’entre-nous, dans cette maison dans laquelle nous sommes conviés, permettra de raviver les braises de la passion de son âtre.

 

Pour une fois, je fais court car je ne veux pas "abîmer" par la surabondance qui est la mienne, les mots parfaits qui précèdent.
Donc, juste : Merci... Pour tout.
Opium

 

Ps : Normalement, je ne vote pas pour un texte de discussion. Mais, là, si... ;-)

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