Habanita
Molinard
Cigarillos
par Jeanne Doré, le 1er mars 2007
Aujourd’hui presque centenaire, Habanita est un parfum qui semble avoir voyagé dans le temps en ayant miraculeusement survécu aux reformulations défigurantes et aux désirs de « modernisation ». S’il est bien-sûr différent de sa version d’origine, il demeure un témoin de l’esthétique olfactive de son époque.
Lorsqu’il est lancé en 1921, il se présente d’abord sous forme de petits sachets destinés à être glissés dans les paquets de cigarettes des femmes, pour les parfumer et en couvrir l’odeur de tabac. Fumer en public est encore au XIXe siècle une attitude très masculine, ou réservée aux femmes affranchies des normes sociales, et à la sexualité débridée, à l’image de Carmen, l’héroïne cigarière de Mérimée. Mais après la Première Guerre, la gent féminine commence à afficher son émancipation et sa liberté dans un nuage de fumée, et si possible parfumé.
Habanita peut sans doute surprendre au premier abord : un nuage floral épicé, fumé et cuiré, presque narcotique, à peine rafraîchi par un accord cologne et un bouquet de roses et de jasmin, occupe tout l’espace. Puis, après quelques instants, on devine cet accord oriental, poudré, ambré, boisé, où le vétiver côtoie élégamment le patchouli, la vanille et la fève tonka, de manière subtile et douce. Les notes de fond, d’une tenue exceptionnelle, ont l’aspect poudré et innocent des talcs pour bébé, tout en évoquant cette force de liberté des premières femmes émancipées, qui fumaient, et se parfumaient.
Habanita, comme tous les parfums classiques, à évolution complexe, se dévoile à la manière d’une femme qui s’effeuillerait lentement, pour faire durer le plaisir. « Le parfum le plus tenace au monde » a bien tous les ingrédients pour rester un mythe intemporel.
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Ce texte est une version revue et augmentée de celui originellement paru en 2007, et qui figure dans le livre Les cent onze parfums qu’il faut sentir avant de mourir.
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par Le Gnou, le 28 octobre 2008 à 21:23
Habanita, c’est comme si un assistant-parfumeur distrait avait mélangé dans un même flacon un bouquet floral poudré, une fougère masculine corsée et un oriental opulent, sensuel et un brin gourmand. Une espèce de trop-plein de matières, certes un peu lourd au premier abord, mais qui s’avère surprenant sur la durée.
Habanita est un véritable kaléïdoscope olfactif, ses facettes sont multiples, changeantes et complexes. On y trouvera (peut-être) un citron déguisé en réglisse ; une rose dont les pétales semblent découpés dans de la basane, une vanille pouvant sortir d’une cave à cigare ; un ambre digne d’une potion aphrodisiaque d’un apothicaire byzantin ; et bien d’autres senteurs encore...
Un parfum pour femmes brunes et fumeuses (soyons sectaire ! ), qui effectivement se remarque et qui marque, y compris dans le sens animalier du marquage olfactif. Attention donc à son pouvoir d’imprégnation, c’est le parfum idéal des soupçons d’adultère losqu’il est porté par l’amante (ou par la collègue de bureau ;-) ).
La petite histoire veut que cette fragrance ait été d’abord conçue non pas pour parfumer les femmes, mais leurs cigarettes ! je n’ose imaginer le résultat !
par sigisbée, le 18 septembre 2008 à 19:53
Et oui Habanita est un excellent classique qui tient très bien en toute circonstance ! Pas de panique, il évolue très bien tout au long de la journée, sur un gros pull il se réchauffe et adopte un côté rassurant très confortable dans un moment un peu délicat de la vie ! Personnellement je l’utilise en base (même l’été...) et j’ajoute un peu d’Allure Sensuelle ou de musc et puis voilà la magie opère ! Ca marche, j’entends souvent, "ça sent bon ici...".
Par contre je reste fidèle au n°5 pour une sortie ou un dîner, capiteux mais plus consensuel. J’adore ces parfums vraiment "parfum" dans tous les sens du terme.
Bons sens à tous !
par billieH, le 8 septembre 2008 à 13:02
Habanita m’a fait l’effet de la madeleine de Proust. Je l’ai senti hier soir pour la 1ère et il m’a rappelé Shalimar que ma grand-mère adorée portait quand j’étais petite. Ce matin, habanita était encore perceptible sur mes poignets, doux, chaud, féminin et mystérieux. Mon amoureux m’a chuchoté que ce parfum le troublait...Certes je n’ai que 25 ans et je pensais être un peu jeune pour porter ce genre de parfum. Mais je crois que j’ai trouvé MON parfum, habanita, loin des poncifs actuels de la parfumerie... D’ailleurs, je viens déjà de me l’offrir ! Une vraie rencontre, je pense, bien plus qu’un coup de coeur...
par nadeliss, le 9 avril 2008 à 14:37
Habanita, c’est un de mes parfums préférés : il fait partie de mes 5 ou 6 incontournables, d’ailleurs c’est celui que je porte aujourd’hui... d’où mon inspiration pour en parler.
Ce n’est pas un parfum que l’on peut qualifier de facile, dans le sens où il ne se laisse pas apprivoiser tout de suite. Il suffit de coller son nez sur l’embout du flacon ouvert pour qu’on se dise : "c’est curieux, est-ce que j’aime vraiment cette odeur ? "
Les notes de tête largement empreintes de citron peuvent dérouter, ce n’est pas ce qu’on attend d’un oriental fleuri... mais c’est la suite qui révèle toute sa splendeur... Passé le moment déroutant du citron picotant les narines peut-être un peu aggressivement... vient l’instant assez rapide d’ailleurs ou le coeur et le fond se révèlent vraiment. Et là : tout est harmonie et volupté, rarement un parfum m’a laissé une telle impression à la fois d’équilibre, de calme et en même temps de feu ardent... Oui je sais c’est une sensation étrange : la flamme et la ouate réunis pour mon plus grand bonheur.
par S9, le 16 décembre 2007 à 19:18
Je n’ai jamais eu l’occasion de porter ce parfum, cependant en ayant Shalimar sur moi on m’a déjà dit : ah tu portes Habanita !
Je me suis alors dit que ça devait être un bon parfum !
Pour l’avoir senti au poignet je le confirme : c’est une fragrance fort agréable.
La vanille me parait ici plus douce que celle de Shalimar, c’est presque une "vanille fraîche". Elle s’évanouit en laissant un sillage plus discret mais tenace.
Le départ sent le propre, le savonneux, c’est pour celà qu’il faut attendre les notes de fond pour mieux apprécier Habanita.
Bref un parfum que j’achèterai un jour, c’est sûr.
par Auteur non enregistré, le 16 octobre 2007 à 14:26
Moi, j’allais à chaque fois l’essayer, après avoir lu des articles dans les magazines... Mais à chaque fois je l’humais et je me disais, non, ce n’est pas possible, est-ce bien un parfum, ça ??
Puis, un jour, doutant de ma perception, je l’ai essayé sur mes poignets. Le lendemain matin je me suis précipitée pour l’acheter et le jour d’après j’y suis retournée avec trois copines... Depuis, j’en ai toujours dans ma réserve secrète, je le sors quand je veux attirer l’attention des gens ou d’un homme en particulier.. Oh oui, ça marche, et comment !.. C’est le seul parfum qui suscite une réaction intriguée et fascinée (à part Youth Dew..) de la part des hommes aussi bien que des femmes... Il a, comme tous les grands parfums de son époque, tellement de facettes, il bouge, se transforme et nous surprend au fil des heures...
par PoisonFlower, le 23 septembre 2007 à 18:47
Personnellement, le départ me laisse un peu une impression cireuse d’encaustique. Ensuite, on sent distinctement le vétiver, âpre et terreux, presque cuiré. La douceur ne vient effectivement qu’avec les notes de fond et un des plus beaux accords vanillés que je connaisse et qui m’évoquent une succulente crème glacée à la vanille, bien onctueuse et crémeuse, comme après l’avoir mélangée à la cuiller pour la refroidir et l’adoucir. Un vrai régal !
Il y a de cela quelques années, je l’ai senti sur une belle femme métisse lors d’une soirée d’été à un concert. Inutile de dire qu’il se mariait parfaitement à la moiteur ambiante. De mon point de vue, c’est vraiment le genre de parfum à porter pour faire forte impression autant que séduire et laisser aux autres un souvenir olfactif impérissable.
Comme le décrit très bien Véro, Habanita a l’art d’installer un climat exotique et hyper sensuel. De par ma "rencontre" un soir d’été avec ses effluves capiteux, je ne l’imagine moi aussi désormais plus que porté dans une atmosphère chaude et nocturne. Ames chastes s’abstenir, car voilà une senteur qui ne se laisse sans doute apprivoiser que par celles qui assument complètement leur sensualité naturelle et ce sillage qui a selon moi tout d’une invite à la luxure dans certains contextes !
par Auteur non enregistré, le 19 juillet 2007 à 21:45
et pourtant, j’ai eu envie de le porter au premier abord. Il ne m’a pas fait l’effet d’un parfum vieillot mais plutôt d’une magnifique sensualité a fleur de peau, torride, provocant...un parfum séduction à la limite de l’érotisme...jeune femme bronzée dansant dans un bar mexicain enfumé dans la chaleur étouffante de l’été...gouttes de sueur perlant sur ses seins, ses bras, sa peau...voila Habanita
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par clochette, le 15 septembre 2009 à 18:55
Depuis des mois que j’avais envie de découvrir ce parfum introuvable là où je vis, la découverte a été à la hauteur de l’attente, et c’est votre description, vero, qui m’est spontanément venue à l’esprit ! C’est exactement ça ! Avec, effectivement pendant la première heure, une aigreur qui disparaît au fil des heures.
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