Auparfum

Le parfum Leon & Harper, histoire de famille...

par Jeanne Doré, le 28 décembre 2015

Leon & Harper est une jeune marque de prêt-à-porter parisienne, fondée par Philippe Corbin en 2010. Ce nom vous dit peut-être quelque chose ? Si vous pensez à l’historien Alain Corbin, auteur du Miasme et la jonquille, ouvrage bien connu des accros à l’odorat, vous avez tout bon : Philippe n’est autre que son fils !

C’est d’ailleurs grâce à son patronyme qu’il a fini par convaincre Barnabé Fillion, parfumeur, de travailler sur le premier parfum de sa marque. Ce dernier n’était au début pas disponible pour accepter un nouveau brief... mais comment refuser de travailler pour le fils de l’auteur de son livre préféré, qu’il a eu ainsi le grand plaisir de rencontrer ?

Philippe Corbin souhaitait créer un manifeste pour la marque, comme une “église féminine”. Barnabé Fillion a alors imaginé un assemblage d’encens et de myrrhe, « confrontés à la tonicité métallique de la civette ou du fumé ». Entre sacré et profane, le parfum est destiné à accompagner les « femmes contemporaines, qui aspirent à préserver leur idéal d’authenticité malgré la vie urbaine, stressante, pas toujours bienveillante ».

Petit extrait de l’entretien entre le parfumeur et l’historien :

Alain Corbin : À la fin du XVIIIe siècle, on observe en effet un basculement des mœurs vers le désir d’expression de soi. Et cela passe entre autre par un vaste mouvement de désodorisation : une partie de la population va se couper du brouhaha olfactif. D’abord, parce les discours hygiénistes font prendre conscience des dangers liés à la saleté : on va donc commencer à chasser de l’espace domestique les mauvaises odeurs, la puanteur organique qui pourrait venir nous contaminer. Et cette désodorisation s’accompagne d’une véritable promotion olfactive : la bourgeoisie va chercher à se distinguer du peuple en utilisant des parfums extrêmement délicats, fleuris, subtils. De même que les bourgeois vont cesser de parler fort pour cultiver le “mezzo voce” qui permet d’avoir des conversations civilisées, de même les nouveaux parfums vont ouvrir à un jeu de séduction plus élaboré.

Barnabé Fillion : Le parfum devient une extension de soi.

Alain Corbin : Oui, il s’agit désormais de trouver le message sensoriel qui exprime le sentiment que chacun a de soi-même.

Barnabé Fillion : J’ai l’impression qu’il y avait alors dans les parfums un point d’équilibre entre le brut et le sensible, qu’on a un peu perdu. Ce qui m’intéresse, c’est l’idée d’un “silence” olfactif : ce point de neutralité où l’on bascule de la puanteur à la délicatesse, et qui ne se cerne pas facilement. C’est ce point entre le dense et le subtil qui est le plus riche de résonance et que je cherche dans mes propres créations. Aujourd’hui, les parfums lancés sur le marché mettent en avant ce qu’on appelle “la note de tête” et délaisse “la note de fond”. Or il faut une discrète puanteur, comme Serge Lutens me l’a appris : lui avait par exemple décidé de mettre le cuir en premier. Sinon, on loupe une dimension essentielle.

— 

Leon & Harper, Le Parfum
Parfum de peau 100ml - 125 euros
Bougie 190 g - 45 euros
Vaporisateur d’intérieur 100 ml - 45 euros

Points de vente : www.leonandharper.com/fr/stores/

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OPomone

par OPomone, le 28 décembre 2015 à 19:24

Hello, I Love You, Can You Tell Me Your Name ?...

Hermann À Mes Côtés Me Paraissait Une Ombre...

Il semble que les alexandrins commençant par la lettre H soient très tendance en cette fin d’année lorsqu’il s’agit de nommer un parfum.

Plaisanterie mise à part, les jus commis jusque là par Barnabé Fillion, un talent très prometteur, donnent furieusement envie d’aller renifler Hello etc.

Quant aux notes annoncées - encens, myrrhe !, civette !!, fumé !!! -, elles sont d’une radicalité enchanteresse et tranchent tellement sur le tout-venant de la production actuelle.

Pourvu que je ne sois pas déçu.

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par Jeanne Doré, le 29 décembre 2015 à 21:30

Bonsoir OPomone, amusant ce rapprochement d’alexandrins :)
Dans le cas présent, je ne pense pas qu’il s’agisse du nom du parfum, mais d’une sorte de "tag line" générique de la marque, présente également sur les vitrines des boutiques. Le parfum s’appelle simplement "Leon & Harper", et tant mieux si cette actu vous a donné envie d’aller le sentir !

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