Sauvage

Au lancement de ce parfum, je n’attendais pas grand chose : Dior devenu suffisant après des succès commerciaux a répétition (agrémentés de flanqueurs sans intérêts mais toujours signés des 4 lettres magiques qui, au lancement de J’Adore, rappelez-vous, le marketing maison a eu l’humilité de publier dans le communiqué de presse que Dior était un mélange de Dieu et de l’Or : il fallait oser !!), sans jamais oublier de faire payer le plein prix aux consommateur.

Bref, dans ce contexte, apprendre que Dior, en 2015, lance un parfum nommé "Sauvage" avec M. Depp à l’image un tantinet (mais pas de trop) sulfureux, mon imaginaire m’avait transporté dans un mix produit très audacieux...

Erreur ! Quel sot je fus !

Dior aux objectifs commerciaux toujours plus fort dans un marché de mass mondiale impose un produit calibré mondial et surtout sans aspérité. Nous y sommes, donc !

Résultat :
 un jus fade et qui n’apporte rien que la masse de la distribution n’ait pas déjà sous plusieures formes et marques,
 un flacon tellement sans intérêt...
 un prix délirant... objectif : aligner les tarifs des parfums homme avec ceux des femmes, nous y sommes presque !
 un bouchon qui reprend les codes de la collection privée avec cet aimant : la belle affaire !
 Une communication tellemnt cliché tant elle est campée dans les codes de la parfumerie... Et dire que nous allons avoir un plan média rouleau compresseur jusqu’à Noël au minimum...
 un nom fort qui incarne un mix produit tellement plat qu’il me semble important de dire au Marketing Dior de prendre un dictionnaire pour vérifier la signification du mot : vous êtes hors sujet ou alors ce nom est une véritable publicité mensongère concernant ce truc !

Pour conclure, je n’aurais qu’un conseil : courage... fuyez !

BON...

Après cette déferlante de critiques acerbes et élitiste, je voudrais si vous me le permettez ouvrir le champ de la reflexion.

Il y a tout d’abord, je pense, deux mondes qui s’affrontent :

Les fins connaisseurs et passionnés qui ont des goûts très affirmés pour tous les parfums originaux, "differents", et à présence olfactive très reconnaissable.

Tout le monde n’est pas dans ce cas et particulièrement les hommes, qui quand ils se parfument... ne veulent pas forcement être remarqués mais juste se sentir bien.

Je dirais que Sauvage, au même titre que Bleu, n’a certes pas la même opulence que Terre, Habit rouge, Dior Homme ou autres merveilleuses œuvres de niche ou bien encore ces petits nuages tels qu’Ether, Cologne, ou odeur 53 mais a autant le droit d’exister et d’être apprécié à sa juste valeur : c’est a dire comme un parfum d’homme qui n’a pas envie ou besoin d’en rajouter.

Et puis que savons nous de Mr Depp ?

Un homme qui a toujours pris soin de son look, qui porte bijoux et bracelets choisis avec soin (cf Mr Lagerfeld), toujours un style bohème indécrottable, très travaillé... jusqu’a la mèche toujours bien placée.

Quel parfum porte il au quotidien ? Le savez vous au moins ?

Lui pardonneriez vous s’il portait Sauvage ?

En tous cas mon humble avis, c’est que tous les paradoxes existent et doivent être respectés !!!

Voici en tous cas, ce qui fait que Sauvage est devenu mon nouveau parfum :

Une première impression de fraicheur, cinglante et étonnamment anisée...

Et ce poivre de Sichuan et la résine d’Elemi qui l’emporte un peu plus loin vers une aridité saisissante.

Et puis ce qui me déconcerte, je dois l’avoué, c’est odeur de propreté astringente qui se dégage à mi parcours ( la lavande sans doute) pour laisser place enfin à une chaleur opulente de vétiver, patchouli et ambre gris surpuissant qui adhère à ma peau comme un souvenir impertinent et familier, une sensualité indélébile.

Voila en quoi peut être il est Sauvage...
Parce qu’il laisse à chacun la liberté de se remémorer quel type de pirate nous voulons être...

ok, senti...bon, ça a quand même eu un léger effet madeleine de Proust sur moi. Mes 14 ans et les premiers deodorants dans les vestiaires après le cour de natation. C’est de l’Axe vendu très cher en somme.
J’ai peur que Dior s’effondre complétement sur ce lancement (mais ce ne serait que justice), pq les gens achèteraient leur parfum Play Boy à 7 fois son prix pour l’avoir dans une bouteille différente ?

Effectivement, un opus très dispensable... Une pâle copie de l’Homme Idéal, rasante dans son évocation et son sillage (à côté de ça, Invictus n’en resoort que d’autant plus vainqueur felling disapointed... Je n’aime pas vraiment Bleu mais on peut lui reconnaître la signature de la luminosité Chanel. Pour Sauvage ( rien que le nom me fait penser à ces tableaux qui sont des copies "de l’atelier de ...", "d’après ..."), entre le flacon classieux (bon, il faut le dire), un nom assez peu fouillé (en y réfléchissant, l’eau sauvage c’est amusant par exemple), et un jus bâillement on est en contrepoint parfait du Bleu (tiens, un autre adjectif... de couleur, mais qui est aussi dans l’héritage de Chanel, puisque je crois me rappeler qu’il existait réellement un bleu dans les années 30).
Bref, triste, triste, triste.

Cher Alexis,
Je ne peux encore te rejoindre sur cet avis car je n’ai pas senti le parfum. Je m’attends à être, non pas déçu, mais désabusé quand déjà je vois le capot de la collection Privée, sur un flacon très Fahrenheit, etiquetté d’un nom qui ferait retourner Roudnitska dans sa tombe. Quand on est DIOR, on est leader du marché, on est créateur de tendance, on prend donc plus risques qu’un Diesel ou qu’un Nina Ricci. Chanel l’a très bien fait en 2001 avec CocoMad et Dior en 2005 avec Dior Homme. Des choses innovantes sous les enseignes historiques du Luxe, ces grands noms peuvent se le permettre, alors foncez les gars !! Et je suis d’accord, Guerlain l’a très bien fait avec L’Homme Idéal et même La Petite Robe Noire je trouve. En revanche, J’adore et Bleu jugés "insignifiant et peu distinguable"subissent une critique très rude ! Vraiment ? On ne peut pas parler de parfums signés ? Mais d’autres questions persistent, bien plus graves : F.Demachy est-il un créateur de parfums ? Oseront-ils sortir la version "Eau de Sauvage" ?...

La mouillette imprégnée de " Sauvage" ( ha ha) est là, sur la table du salon, depuis trois jours. Et depuis trois jours, à chaque fois que je passe à côté je me demande ce qu’est cette texture grossière qui vient m’assaillir les narines. J’ai posé un papier dessus, puis un magazine, rien n’y fait.
Tout a été dit, c’est banal, commercial, bourré de bois ambrés et de dihydromircenol. Mais plus je le sens et plus je le trouve mal fait, je veux dire même pas soigné : la tête est vraiment sourde, massive, elle fait flop, là où un Bleu par exemple propose un peu de structure, un petit quelque chose qui fuse un peu.
La suite n’est pas plus réjouissante, une sorte de ration du légionnaire, qui permet au consommateur d’avaler en un temps record tous les ingrédients qui font actuel, viril, tout ça, quoi....en fait, Sauvage ne fait pas le choix du banal, il ne choisit pas. Pour doubler la référence à Astérix, j’ai tout de suite pensé à la recette du pudding à l’arsenic ( " oh, je vais en mettre deux").
On reproche souvent aux parfums d’être formatés pour être choisis en cinq minutes. Avec Sauvage, on dirait que les équipes de chez Dior comptent carrément sur le fait qu’il sera choisi sans même être senti ! D’où la pub, les discours éhontés ( et je pèse mes mots) sur les superbes matières premières naturelles et le flacon repompé sur ceux de le collection privée...il fallait au moins cela comme arguments...gageons que ça marchera, et que la petite bouteille noire se retrouvera en coffret au pied du sapin de noel dans quelques mois...tant que ça se vend, on aurait tort de se priver, n’est-il pas ?

Bonjour et merci Jicky pour cet excellent billet !
Il respire la lucidité et le désenchantement que peut inspirer cette nouveauté que j’ai senti par curiosité il y a deux jours. Si la banalité était une eau de toilette masculine, elle porterait le nom de celle ci. Affligeant de la part de Dior qui nous sert du commercial et qui sacrifie sans vergogne ses oeuvres maîtresses !
Que devient cette marque ? Plus aucune audace ni créativité. Désespérant !
Je vais me consoler avec Miss Dior originale bien sûr et songer à l’époque bénie où cette maison jadis prestigieuse et honorable nous offrait des Poison, Diorissimo, , Diorella et autres petits bijoux de la parfumerie.

Un parfum de marin d’eau douce, sans aucune saveur. Où est l’aventure ? Il n’a rien de sauvage, je m’interroge toujours sur le nom. Rétrospectivement, j’aimerais presque L’homme idéal, lui, il a du coeur.

Allez hop ! un p’tit tour au Marionnaud en sortant du cinéma hier (c’est devenu un rituel) pour aller sentir ce Sauvage...
Eh bien... rien. Il ne m’inspire rien. Ca sent l’après-rasage classique/de base.
Aucune émotion ressentie, d’ailleurs je ne le reconnaîtrai pas quand on le sentira partout dans quelques semaines (ça doit me faire pareil avec J’Adore je crois).
Ces deux là incarnent pour moi le parfum dans son côté générique (ça sent plutôt bon, mais impossible d’identifier clairement cette odeur et surtout d’y coller des mots, des impressions) et signent par là-même la mort de l’odorat, ce sens du souvenir justement, ce sens des EMOTIONS.
J’aurais largement préféré un parfum osé, que j’aurais détesté, quitte à détourner les narines et faire une grimace.
Mais là... non, sans moi.
Eh oui, il marchera bien parce que ... dior. Et parce que ... Johnny Depp.
Grrrr.

Alors là, cher Jicky, je dois dire que vous m’avez cueilli.
La vache, qu’est-ce que ça fait du bien !

Auparfum est le seul endroit du web où l’on pourra lire un constat aussi lucide - et aussi bien senti - sur l’évolution récente de Dior Parfums et l’inanité de sa dernière création.

Lecteur assidu d’Auparfum, je n’avais jamais franchi le pas de l’inscription. Mais là, après vous avoir lu, je n’avais plus le choix. Il fallait que je vous dise à quel point j’admire votre liberté d’esprit, votre plume primesautière et vos jugements sans complaisance.

Chapeau bas à vous et, à travers vous, à tous les éditorialistes d’Auparfum.