Truth or Dare

Truth or Dare est un excellent parfum et est plus représentatif de ce qu’est une parfumerie d’auteur que 95% de la niche à la con.

Hop, petit parallèle cinéma avec l’excellent Jupiter Ascending des Wachowskis, qui est sorti le 4 février dernier sur nos écrans. Ca a été un flop catastrophique, les critiques l’ont dézingué à tout va (à la fois les critiques pro et le grand public), alors que c’est un réel film d’auteur en ce sens qu’il exprime des thématiques (à la fois abstraites, visuelles, de mise en scène, etc) qui sont chères à leurs deux auteurs que sont Andy et Lana Wachowski. Oui, Jupiter Ascending a la gueule d’un blockbuster avec des gunfights intergalactiques, des bottes anti-gravité et des dinosaures volants de l’espace. Mais ça ne veut pas autant dire que c’est une soupe infâme ayant simplement cherché à faire du cash rapidement comme n’importe quel film interchangeable sorti chez Universal cette année.

Truth or Dare est dans un cas très semblable. C’est un parfum qui sent la volonté de Madonna, on sent qu’elle a été derrière le projet à chaque essai, que c’est elle qui a dicté ce qui devait sortir et qui, une fois fini, permet de comprendre olfactivement ce qu’elle a voulu dire à travers ce parfum. Chaque choix olfactif, qui se sent réellement, est explicable et a sa raison d’être. Autant d’application dans un parfum de star est une chose rarissime. C’était le cas avec Tilda Swinton pour Like This, ça va être le cas pour les parfums de Lang Lang qui arriveront bientôt (je vous en parlerai bientôt), là où tous les autres jus sont des parfums préconçus ayant été simplement choisis à la va-vite.

Oui, Truth or Dare descend de Fracas. Et c’était la volonté de Madonna. C’est un parfum qu’elle porte, qu’elle revendique, que sa mère a porté et c’est un parfum qui signifie beaucoup pour elle. Une star internationale mettant autant en avant un parfum comme celui là, c’est du jamais vu.
Oui, Truth or Dare est vanillé sucré. Mais Madonna est une super star américaine. Ca fait parti de son identité. Cet assouplissement par le sucre, en plus d’être bien amené techniquement mais je vais y revenir, n’est pas qu’un simple gageure pour un succès commercial, puisqu’il n’a pas été utilisé pour cette raison : il a aussi été construit pour les facettes plus fumées des matières sucrées.
En effet, ToD est aussi construit sur un axe souffré, qui débute avec des notes camphrées, fleurs blanches, typiques de la tubéreuse, mais aussi les facettes fumées, cuirées sèches des notes sucrées diverses, rendues aussi plus nobles par une direction boisée. (sur ma peau là tout de suite j’ai aussi un aspect lacté qui évoque les rondeurs de la tubéreuse, mais qui semble plus amené par un santal et autre que par la tubéreuse elle même c’est amusant). Sans parler de toutes les facettes orangées qui ont un éventeil de facettes à proposer.

Truth or Dare est une oeuvre très personnelle, avec des ambitions olfactives qui témoignent d’une véritable culture (et aussi d’une certaine prétention but bitch, she is Madonna). Comment Fracas aurait été s’il avait été créé pour Madonna ? Comment un parfum aussi important au sein d’une relation mère-fille évolue t-il et est étendu à la société (américaine principalement) ?

Truth or Dare est un parfum qui pose des questions, qui assoit ses arguments sur des références solides. Et surtout parle d’un artiste par le simple biais de l’olfactif. Peu de créations peuvent se targuer d’être aussi démonstratives sur ce plan là.