Auparfum

Tabac Blond

Farnesiano

par Farnesiano, le 18 octobre 2013

Modestement, ce soir, quelques impressions. Oui, la curiosité nous pousse à aller sans cesse au-delà de ce que nous connaissons, à découvrir des parfums inconnus, à revisiter plus tard d’anciens parfums amis ou non, avec notre nez plus ou moins expert qui lui aussi évolue, s’affine, s’enrichit... Nous caractérisent, nous les perfumistas, l’inlassable recherche de nouveaux éblouissements via des accords inédits, le besoin et l’espoir de croire que telle nouveauté d’une bonne maison, dont on a lu un une vague compte-rendu, constituera sinon une véritable révélation, au moins un plaisir neuf. Oui, nous caractérise aussi l’établissement permanent de correspondances entre le parfum et les autres arts tels que
- la musique (évolution du parfum entre la première vaporisation et les notes de fond quelques heures plus tard sur la peau ou un vêtement = une symphonie, ses trois ou quatre mouvements, ses thèmes et leurs développements, ses circonvolutions pour atteindre l’éblouissante coda finale / ou bien ce sera une longue page musicale en forme de sonate mono-bloc basée sur la reprise incessante de deux ou trois mesures hypnotiques sans réelle évolution (Musique d’ameublement d’Erik Satie).
- le dessin, ou la peinture et son infinie palette de formes et de couleurs, pas uniquement associées aux fleurs qui forment le coeur d’une composition * ( on dira de tel parfum qu’il nous paraît sec, vif, acéré, tranchant, piquant, contrasté noir et blanc ou au contraire arrondi, souple, moelleux et de couleurs chaudes ; tel autre sera plus simple, léger, esquissé comme une aquarelle ou visant à l’essentiel, un Ellena par exemple. Un autre encore sera lourd, sombre, tragique ou baroque, exubérant, chargé d’intentions et fascinant de complexité, etc.
- les arts de la scène : parfum théâtral, de diva, de star, de riche acteur russe et barbu enfoui sous une épaisse fourrure d’hiver ou de jeune débutante aux joues roses et fraîches comme une aube de printanière...
- la littérature en général et la poésie en particulier : je constate avec ravissement que la plupart des parfums chroniqués sur AP semblent raconter aux chroniqueurs une belle histoire ou plus simplement évoquer avec force métaphores et autres figures de style, des moments poétiques, des instants merveilleux qui ont marqué leur esprit et leurs sens.
Cet amour et ce besoin de correspondances entre les arts sont typiques des esthètes, qu’ils soient solitaires ou non. Baudelaire, Verlaine, Huysmans, Proust, pour ne citer qu’eux, ont écrit de si belles pages, de si beaux vers sur le parfum, les senteurs, le monde infini des odeurs. Et là, inévitablement, on demeure non pas entre intellectuels mais entre esthètes et poètes de l’insaisissable. Notre domaine n’explore que le fugitif mais notre mémoire, et certains flacons de qualité traversent le temps pour notre plus grand bonheur. A nous de partager cet amour du parfum comme on va ensemble au concert, au cinéma, au musée ou à l’opéra. A nous de critiquer autour de nous les mauvaises sorties commerciales, à nous de réagir aux slogans ridicules qui vantent à la télé et dans les magazines des ersatz de parfums, à nous de justifier à nos proches que Tabac Blond, Sables, Grand Amour, Arabie, ISM, Vol de Nuit, Héritage, Portrait of a Lady, Ambre russe, Fougère bengale et Bois d’Ascèse sont de merveilleuses créations sur lesquelles les parfumeurs ont trvaillé et travaillé jusqu’à obtenir la concrétisation parfaite d’une idée, d’un projet défini. A nous de crier haut et fort que tous ces parfums n’ont pas de sexe et que les garçons comme les filles peuvent les porter ! Combien de parfums n’ont pas traversé le temps grâce au " bouche à oreille "... Combien de merveilles passent à travers les âges sans publicité ou presque !
* Pour revenir aux correspondances entre les arts, je repense tout à coup à Olivier Messiaen qui sous-titrait bon nombre de ses oeuvres musicales par des noms de couleurs, celles-ci souvent associées : violet, rouge-orangé, bleu, jaune, brun, rouge vif, etc. Le vocabulaire dont nous disposons pour décrire un parfum, se révèle infini parce que le parfum lui-même est infini (de Caron ou non ;-)) Pour ne citer qu’un exemple, j’en reviens à ce que j’appelais ici il y a quelques mois la fameuse ligne dorée de chez Guerlain, ce fil d’or qui transforme un parfum en véritable objet de lumière et de contemplation. Vive le Parfum ! Farnesiano

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