Auparfum

It was a time that was a time

23 mars 2016, 16:04, par Senga

A la manière de « Olfactive Studio » et de ses jus qui fusent d’une photo, la marque « ICONOfly » base ses parfums sur des scenarii, des pellicules pour salles obscures et prend le nom « Attache-moi » pour cette ligne étonnante.
Ils sont déjà au nombre de trois : « Attache-moi », « Attache-moi 55 » et « It was a time that was a time ».
« Attache-moi » pour des senteurs étranges mais ô combien attachantes !

J’ai reçu mon échantillon du troisième de la gamme, je le porte et j’enquête… Il le mérite bien car ce parfum est réellement particulier. Composition, sillage et longévité impressionnants. C’est pour cela que je ne ferai aucune comparaison dans ce texte avec d’autres fragrances existantes, d’autres traitements de notes ici présentes.

« It was a time that was a time ». Le film. Un court métrage un peu arty de Shezad Dawood, un happening en forme d’after-Apocalypse, loin de Coppola, loin de Cannes… Cette Apocalypse du côté de New-York a laissé ses survivants. Seraient-ils désormais des Immmorte(le)s ?

« Il fut un temps qui fut un temps ». Le parfum. Un opus intrigant de Nicolas Bonneville.

Premier essai en solitaire.
Un très beau choc olfactif.
Bien distinct de l’aspect monolithique et statique de la plupart des parfums d’aujourd’hui.
Matières essentielles. Et sans ciel ?
Non, comme dans le film, le ciel est là, c’est un ciel de bord de mer, un ciel troublé, un ciel mouillé, sous un vent qui bat les ajoncs.
La première bouffée est salée, marine, iodée. Elle fouette comme une rafale me laissant abasourdie mais comme revivifiée (vive l’Apocalypse ?). Elle ne dure pas très longtemps.
La tempête se calme.
C’est un autre tsunami de sens qui fait son apparition et bouleverse le paysage.
Déjà montent d’éphémères notes boisées et s’en vient l’immortelle, luxurieuse, dosée à point, qui joue avec ma peau en procédant par vagues. Une immortelle addictive.
J’ai le nez qui ne se décolle plus de ma main.
« Attache-moi » ? Je suis attachée !
Cette immortelle n’est là que pour préparer l’entrée de l’ambre gris, matière d’or, la sublimer et s’accoupler à elle pour lui céder à nouveau la place en solo.
L’ambre gris, c’est de l’or. Une eau d’or. Ode à l’Or. Et la superpuissance de toute une nature entre l’éphémère et l’éternel.
D’autres ondes passent : je crois saisir un peu d’encens et de patchouli. Mais ce sont toujours dans des pas de quadrille avec l’ambre gris et l’immortelle qu’ils s’élancent.
Une belle fève tonka fait aussi des dégagés de ballerine qui semblent des levers de rideaux entre les différents actes de la scénographie.
Que j’aime ce parfum qui bouge comme une image tremblante de cinéma d’amateur et qui soudainement se cuire aussi !
Un cuir doux, baumé, sensuel et gourmand. Un cuir qui se pare d’un musc lascif et, tout à coup, « It was a time that was a time » devient animal. Cela me trouble car ce parfum est de ceux qui avancent masqués pour vous surprendre à chaque étape.
Changeant, lascif.
Plus de vingt heures après, le lendemain, mon poignet sent toujours ce « quelque chose en plus » qui oscille entre l’ambre gris note unique et le sucré-salé qui va et qui vient… Cela n’en finit plus.
« It was a time that was a time » serait-il indélébile ?

Second essai à deux.
Est-ce un parfum de « genre » ?
J’avais retenu cette phrase dans la présentation initiale sur « Auparfum » : « Mon amour, mon amour, comprenez-vous que vous n’êtes ni homme ni femme, mais tout cela à la fois ? ».
Et comme ce parfum est pour moi d’une sensualité à couper le souffle, je procède ainsi : je vaporise largement ma poitrine puis la colle à la tienne et t’embrasse en nous tenant serrés.
Sur ma peau, le parfum reprend sa danse déjà décrite, sa valse à mille temps….
Sur toi aussi, il passe par différentes phases (le vent, l’iode) mais curieusement, il ignore presque la partie sel mais est plutôt « sablé » comme l’un de ces gâteaux éponymes que l’on achète dans les boulangeries des petits villages bretons.
Si, si, sur ton épiderme, ce parfum aurait presque des exhalaisons de caramel au beurre salé !
Je te respire à plein nez et te mangerais volontiers. Tu me troubles…C’est sur toi pour finir qu’ « It was a time that was a time » est le plus féminin, au fond !!!
Parce qu’à tes côtés et dans notre différence, je découvre à ma plus grande stupéfaction sur moi une facette que je n’avais pas perçue avant-hier dans mon test en « single » : dès que le cuir paraît, affleure aussi un peu de tabac qui sert de cavalier à l’immortelle dans ce ballet tremblant de sensations avant que ne fuse à nouveau l’ambre gris qui ne se laisse jamais, mais jamais, voler la vedette.

Au matin, après avoir dormi, nous embaumons tous deux, d’une senteur distincte et pourtant en parfait accord. Nos peaux, j’arrive enfin à le définir, sont imprégnées d’effluves vagabonds mais charnels.
Voilà le secret de ce parfum stupéfiant et si puissant. Il nous rend à notre nature d’êtres de chair et d’esprit. Des vivants. Loin de l’Apocalypse.
Nous l’avons porté toute une nuit.
Je ne sais pas pour toi mais moi, je le porterais bien toute la vie…

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