Auparfum

Aristia : le repos du guerrier par Lubin

14 juillet 2019, 01:29, par Petrichor

Sinbad de Lubin, c’est l’idée que je me fais du bois de citronnier (Merci Jovoy pour l’échantillon)

On raconte que le bois de citronnier est apprécié pour l’odeur qu’il diffuse quand on le brûle. Il est dit être chaud, sucré, doux, suave, pénétrant et pétillant. Je me figure la tarte au citron, avec sa meringue braisé au chalumeau sur le dessus.

Pour moi Sinbad sent puissamment le bois de citronnier. Les intenses notes hespéridées et épicées sont épaulées par un fond boisé très confortant. C’est innovant et c’est très agréable.
Les évolutions, l’intensité et la richesse m’évoque un esprit aventureux.
L’accord bois de citronnier, stable, évoque le parfum d’un foyer, et une personnalité posée et accueillante.
La saturation rappelle le chamarré des brocards de soie, turban, veston... exactement l’image qu’on se fait du personnage des 1001 nuits.
Ca tombe bien, c’est exactement le brief ! Rares sont les parfums qui réussissent la cohérence "parfum - émotion&concept - nom". Chapeau à Thomas Fontaine et Delphine Thierry !

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La tête : beaucoup de poivre, comme "Bois d’encens"

L’accord de tête ressemble beaucoup à "Bois d’encens" d’Armani, collection privée. Et c’est tout aussi plaisant. Le poivre écrase la composition pendant 5mn. C’en est presque hors sujet par rapport à l’accord principal du parfum.

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Le coeur : rappelle Opium edp vintage, mais façon bois de rose et bois de citronnier

Le coeur rappelle par son intensité "Opium" vintage en eau de parfum (le "secret de parfum" des années 90). Chez Sinbad, la richesse des épices est dominée par la cannelle. Les notes fleuries sont dominées par la rose. Cannelle et rose trouvent contrepoint dans l’acidité de l’accord bois de citronnier. C’est l’accord principal du parfum et il dure longtemps.

Opium secret de parfum avait plus de rose et de mandarine que l’edt. Celà créait un immense accord oeillet qui se superposait à la complexité d’Opium, l’original. Ici pas d’oeillet, mais un effet "bois de rose" et "bois de citronnier" qui durent très longtemps. Ils survolent et donnent une lisibilité à la complexité du parfum. Ce sont des notes que beaucoup de gens aiment, mais qu’on trouve très rarement en parfumerie, et rarement avec intensité. On les relègue souvent à des thèmes cologne.

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Le fond : très benjoin, et sans faute

Autre différence, l’accord principal "bois de citronnier" de Sinbad s’étire jusqu’à un fond dominé par le benjoin, et j’adore le benjoin de qualité. Pas d’accord de fond lourd, pas de notes de synthèse pénibles pour fixer le parfum -c’est une marque d’éthique de la part de Lubin à notre époque-, c’est un sans faute.
Après quelques heures, on réalise aussi combien le parfum contenait de vanille et emprunte à Shalimar. Il exhale en parfum de peau un léger souffle poudré. (C’est Shalimar, quand la vanille se libère du corset des notes sèche de fumées). Sinbad a atterri en souplesse et sans bruit comme un chat. Et du chat, il a la douceur olfactive de ses coussinets, pour reprendre un métaphore de Juliette Faliu. Subtiles effluves animales sur fondu de vanille, gousse, mimosa.

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Usage : une arme de séduction massive empruntée aux femmes

A l’usage, Sinbad me rappelle donc comment des hommes adoptèrent Opium edt, ou Shalimar edp. Et ils ont raison. Entre la peau et la chemise, ces parfums produisent leur effet euphorisant et rendent tout aussi sexy. Par ailleurs, quand on touche au sublime, on ne différencie plus les genres.
Sinbad est moins casse-gueule que Opium vintage et son nuage de clou de girofle en tête. Il est plus masculin que Shalimar par son approche boisée et citron. Bref son sillage est plus facile à assumer et il est son propre animal.
Une femme peut tout aussi bien le porter, l’assumer.

Les autres parfums de la gamme Aristia partage cette façon d’avoir des noms de conquérants, tout en empruntant leurs armes de séduction aux femmes.

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Une composition qui évite les écueils

J’ai déjà traité du fond, que je trouve impeccable.

Je salue la composition. Beaucoup de ces notes contiennent le risque de faire "pot pourri", c’est super casse-gueule. Or ici on ne tombe jamais dans cet écueil.

Le parfum arrive aussi à faire oublier les restrictions allergènes sur les notes épicées, qui sont pourtant drastiques.

Sinbad me rappelle ce que Thierry Wasser avait réussit avec l’extrait de Habit rouge : plus de tension, plus de féminin, plus de masculin, plus de luxe, même structure. Plus exactement, il y avait plus d’essence de fleur d’oranger, plus de réglisse, plus de luxe dans le patchouli (fraction à facettes de vin rouge) et dans le vétiver (celui qui rappelle un encens) que l’original.

Pour ceux qui hésiteront à l’acheter, une fois testé, je confirme que l’intensité est plus forte que l’EDP d’un oriental comme -disons- Shalimar. Pour 250€, en parfumerie de niche en édition limité, vous avez une quantité généreuse de 100ml.

La prochaine fois : Condottiere, que je dois essayer sur peau à domicile (re-merci Jovoy pour l’échantillon)

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